mercredi 20 octobre 2021

Les ECA 56 en Afrique

Par le commissaire général (2S) Jean-Louis Barbaroux

L'article d'Yves Ferrié (ECA 76) sur sa croisière avec l'école de l'air en 1976 a déclenché chez un lecteur assidu de notre site le souvenir d'un autre périple vécu par les ECA 56 vingt ans plus tôt. 

Juste avant de nous faire goûter les délices Aixoises de la deuxième année à la rentrée 57, l’école du commissariat de l’air nous avait concocté un « voyage d’études », périple touristico-militaire organisé pour les seuls commissaires, débonnairement cornaqués par le commissaire commandant Durousseau, adjoint au directeur.

Nous voilà partis pour trois semaines en Afrique, à bord de notre avion privé, un confortable Dakota* confortable, car équipé de couchettes sanitaires propices à de longues siestes, d’autant plus indispensables que cet avion ne dépassait guère les 300 km/h, et encore par vent arrière. Voyage en sauts de puce à travers toute l’Afrique de l’ouest : l’AOF et un bout d’AEF, pas encore indépendantes : Maroc, Sénégal, Soudan, Niger, Côte d’Ivoire, Cameroun, avec retour par le Sahara et l’Algérie.

Nous allions être reçus chaleureusement dans toutes les unités françaises de ces colonies, et dispensés des dépôts de gerbes aux monuments aux morts ou autres joyeusetés militaires habituellement dévolues aux voyages de l’école de l’Air !

Sans entrer dans les détails, nous eûmes l’occasion de découvrir l’Afrique, celle coloriée en rose sur les atlas …et de près : Beaucoup de vols en radada, posés en hélico dans la brousse au milieu de foules accueillantes, longs périples en jeep et en GMC sur les pistes en latérite, mémorable réception à la mosquée de Foumban au Cameroun par le sultan, sous la photo de son père…en casque à pointe ! 

Plein d’essence de notre Dak, à la pompe à main, au milieu de nulle part, à Aoulef, visite des ruines d’Hippone, puis des toutes nouvelles installations pétrolières d’Hassi Messaoud, et enfin d'Alger, siège de la Vème RA, où certains d’entre nous allaient se retrouver après Aix.

Un voyage d’études certes, d’une Afrique encore très française, mais aussi d’une Armée de l’Air que la 10ème brigade** ne connaissait pas vraiment.

* Nom militaire du DC3 (dont le prototype datait des années 30 !)

** Brigade rassemblant alors les élèves commissaires de l'air, avant que ceux-ci ne soient répartis dans les brigades des Poussins de l’école de l’air