dimanche 6 octobre 2019

Décès du commissaire général Henri Louet

Nous apprenons le décès le 26 septembre 2019 du commissaire général de division aérienne Henri Louet (EMA 47, ESI 57), ancien directeur central du commissariat de l'air (1978 - 1981), ancien député de l'Indre, ancien vice-président du conseil général, ancien combattant volontaire de la résistance,

Commandeur de la Légion d'honneur, croix de la Valeur militaire, médaille de l'Aéronautique, officier du Mérite agricole.

La cérémonie religieuse, suivie de la crémation, a été célébrée dans la plus stricte intimité


Biographie
(Discours du général Guy Fleury, CEMAA, lors de la cérémonie du 25 novembre 1981- Ordre général n°16)

« Né le 29 février 1924 à Heugnes (Indre), Henri Louet entre dans la Résistance à dix neuf ans, participe aux combats de la Libération et est blessé le 27 juillet 1944 au cours d'un combat dans la forêt de Brouard (Loir et Cher). Il entre dans l'Armée de l'air le 15 janvier 1945 et est admis à l'Ecole militaire de l'air en 1947 avec la promotion « Capitaine Béraud ».

Il est tout d'abord affecté à Nantes comme instructeur à l'école des élèves officiers de réserve. En 1950, il part aux Etats-Unis, puis au Canada (1), pour participer à l'encadrement et à l'administration des stagiaires français (2). Admis à l'école supérieure de l'Intendance en 1957, il reçoit à l'issue du stage sa première affectation de Commissaire de l'air en Algérie, au commissariat des bases de l'air à Oran. Volontaire pour des missions opérationnelles, il totalise à la fin de son séjour 437 heures de vol au cours de 231 missions de guerre n° 2 et se voit décerner la Croix de la valeur militaire avec étoile de bronze.

De retour en métropole, il sert à la direction de la sécurité militaire, puis est admis en 1963 à l'Ecole supérieure de guerre aérienne et au Cours supérieur interarmées. Ses brillantes qualités intellectuelles le désignent ensuite pour occuper des postes importants: adjoint au sous-directeur des matériels de la direction centrale du commissariat de l'air, commandant en second de la base aérienne 290 de Ris-Orangis et sous-directeur du Service des fabrications du commissariat de l'air (SFCA). En 1970, il est appelé au cabinet militaire du ministre d'Etat chargé de la défense nationale, M. Michel Debré (3).

Ses hautes qualités d'administrateur le font tout naturellement nommer le 1er juin 1975 directeur régional du commissariat de l'air de la Force aérienne tactique et de la 1ère région aérienne, puis commissaire général le 1er décembre de la même année.

Avec des élèves de l'ECA
Il est nommé Inspecteur du Commissariat et de l'administration de l'Armée de l'air, le 1er janvier 1978. Dans la même année, il est promu commissaire général de division aérienne le 1er mai et prend la tête de la direction centrale du commissariat de l'air le 1er décembre 1978. Travailleur infatigable, d'un dynamisme exceptionnel, très attentif aux besoins réels des Forces, il dirige le commissariat de l'air dans un constant souci d'efficacité et réussit à promouvoir des solutions pratiques en vue de l'adaptation permanente de l'administration aux nécessités opérationnelles.

A la DCCA

Commandeur de la Légion d'honneur, titulaire de la Croix de la valeur militaire, de la Croix du
combattant volontaire de la Résistance, de la Médaille de l'aéronautique et de la Médaille d'or de la Jeunesse et des sports, le commissaire général Louet laisse le souvenir d'un officier de très grande classe qui a servi l'Armée de l'air avec un indéfectible dévouement.». ~

(1) Où il reprend des études (docteur en sciences politiques de l'Université d'Ottawa)
(2) Voir notre article de janvier 2019 « 1950 Mission de liaison auprès des French Cadets en formation aux USA »
(3) Voir  l’article du commissaire Henri Louet (alors colonel) diffusé en septembre 1974 dans la revue RCB (Rationalisation des choix budgétaires et repris en mai 2015 sur notre site



Discours de l’ancien directeur central et du CEMAA

Mon premier acte de Directeur central du commissariat de l'air, le 1er décembre 1978, fut d'adresser un message à tout le personnel placé sous mes ordres pour lui indiquer mes objectifs et lui rappeler que la finalité même du Commissariat de l’air consistait à servir l'Armée de l'air, ses bases aériennes et les individus qui la composent.

Il ne m'appartient pas de dire si tous les buts que je m'étais fixés ont été réalisés dans les meilleures conditions, mais je peux attester aujourd'hui que le désir de servir l'Armée de l'air, ses bases aériennes et son personnel a été mon souci quotidien, ma volonté permanente. C'est donc tout naturellement à ces trois partenaires privilégiés que je vais m'adresser.

L'Armée de l'air, mon général, ne pouvait m'honorer davantage que par votre présence ici. Sachez combien je suis touché que vous ayez tenu à organiser et à présider personnellement cette prise d'armes. Ma fierté est partagée par tout le commissariat de l'air qui apprécie à sa juste valeur ce témoignage de confiance et d'amitié.

Cette confiance, le Commissariat la mérite, permettez-mot de le dire le jour de mon départ. Le Commissariat a prouvé son attachement à l'Armée de l'air, comme les Commissaires, ces administrateurs de haut niveau, ont prouvé qu'ils n'avaient pas peur de faire de l'administration directe sur les bases aériennes, à la tête des services administratifs et des services de restauration et d'hôtellerie. Le Commissariat a relevé un certain nombre de défis et pris en charge un certain nombre de tâches supplémentaires avec un effectif théorique constant de 1800 personnes. Il ne le regrette pas car il a ainsi trouvé sa place naturelle au sein de l'Armée de l'air, sans nuire à sa vocation première de conseiller du commandement aux niveaux régional et central.

Désormais, le Commissariat a le sentiment de participer, dans le domaine qui est le sien, à l'exercice du commandement dans l'Armée de l'air, et il en est fier.

Quel plus beau symbole des bases aériennes aurais-je pu souhaiter en ce jour que la base Marin La Meslée de Reims ?

En premier lieu, les noms prestigieux de Normandie-Niemen et de Lorraine évoquent pour moi les pages de gloire de la France libre, de la Résistance et de la Libération. Ensuite, nous sommes au sein d'un grand commandement opérationnel et territorial cher à mon cœur et je remercie le général commandant la F.A.TAC 1ère R.A., ainsi que le colonel commandant la B.A. 112, de m'offrir leur hospitalité. Enfin, cette base soutient l'E.R.C.A. 781, établissement ravitailleur du commissariat de l'air, particulièrement moderne et fonctionnel, dont l'efficacité donne aujourd'hui l'image de ce que nous voulons faire du Commissariat: un outil au service des bases aériennes, les libérant au maximum de leurs tâches administratives au bénéfice de leur mission opérationnelle.

Mais l'objectif ultime du Commissariat de l'air est de servir les individus. Vous tous, Mesdames et Messieurs qui me faites l'amitié de votre présence, vous tous, du chef d'Etat-major à l'aviateur de 2ème classe, du sous-officier au commis administratif, du pilote au serveur du mess, du mécanicien au comptable, du fusilier-commando au secrétaire, vous tous constituez la raison d'être du Commissariat de l'air. Si nous avons l'ambition de bâtir une véritable «société de service», c'est pour que chacun et chacune, au sein de l'Armée de l'air, ait la possibilité d'avoir recours, quel que soit son problème, à une structure administrative efficace et humaine, c'est-à-dire débarrassée de toute tendance technocratique ou bureaucratique.

Mes derniers mots iront au personnel qui a travaillé sous mes ordres pendant trois ans. Si j'ai eu parfois le sentiment d'avoir été efficace dans le poste de directeur central, je n'oublie pas que je le dois à la coopération et au dévouement de tous. La compétence des commissaires de l'air, qu'ils servent dans le Commissariat ou sur les bases aériennes, la compétence des officiers, des sous-officiers et du personnel civil des différents éléments du service ne sont plus à démontrer. Cependant, mon expérience de sportif m'autorise à vous donner encore un conseil: puisque vous êtes de remarquables techniciens, puisque vous avez la volonté de bien évoluer sur le terrain, cultivez maintenant la vertu qui fait les grands champions, la confiance en soi.

Ayez confiance en vous et ayez confiance en votre nouveau chef le Commissaire général Bajard, comme j'ai confiance en lui. Il saura vous garder sur le bon chemin que nous avons parcouru ensemble depuis trois ans, qui est le chemin de la fidélité et de l'enthousiasme.


Le Général d'armée aérienne FLEURY, Chef d'Etat-major de l'armée de l'air, a salué pour sa part, en des termes d'une chaleureuse cordialité, la carrière exemplaire du commissaire général LOUET. 

Mon cher Louet,
Comme vous l'avez dit tout à l'heure, vous avez choisi, pour votre cérémonie de départ, la base aérienne de REIMS.

Je l'ai approuvé parce que la présence, sur cette base, de l'établissement ravitailleur du Commissariat de l'air illustre, de manière parfaite, la conception que vous avez toujours eue de l'administration au profit des forces.

La cohabitation de la 30ème escadre de chasse et d'un E.R.C.A. donne, en effet ici, comme vous l'avez souligné, l'exemple de la symbiose intelligente de l'opérationnel et de l'administratif. .
Vous voici donc, mon cher Louet, Commissaire général de division aérienne, arrivé au terme d'une carrière de 37 ans dans l'armée de l'air.

Comme je l'ai rappelé tout à l'heure sur le front des troupes, vous avez commencé votre carrière de militaire en. combattant.

Entré dans la Résistance à 19 ans, blessé en 1944 dans les combats de la Libération, vous avez ensuite tenu brillamment les postes d'administration de tous les niveaux successifs jusqu'à celui le plus élevé de Directeur Central du Commissariat de l'air.

Votre tempérament de gagneur fut, pour vous-même, un atout constant et restera pour tous un exemple. Vous n'avez jamais refusé l'obstacle; votre dynamisme, votre goût du concret, votre ténacité, votre sens de l'humain vous ont permis de venir à bout de toutes les difficultés qui ont jalonné le parcours sans jamais perdre de vue la finalité du Commissariat de l'air.

Tous vos efforts ont tendu à faire en sorte que le commissariat de l’air que vous dirigiez apporte une aide constante et efficace à toutes les unités de l'Armée de l'air, comme vous l'avez dit vous-méme tout à l'heure.

Et, je puis aujourd'hui, attester que le Commissariat de l'air est effectivement un outil d'administration et de gestion répondant à tout moment, devant le commandement et aux besoins des personnels, quels que soient les domaines d'application des commissaires, en place sur les bases, dans les régions aériennes, dans les grands commandements ou à l'administration centrale.

Vous vous êtes parfaitement intégré, je m'en félicite, et avec vous leur Chef, je remercie tous les commissaires de l'air pour leur travail.

A tous, mon cher Louet, vous avez personnellement donné l'exemple du rythme auquel doit vivre un Commissariat parfaitement intégré dans une Armée de l'air dont les caractéristiques principales, encore rappelées par le nouveau ministre.de la Défense, Monsieur Hernu, sont la rapidité et la souplesse d'emploi.

Vous avez aussi, dans le domaine des sports, apporté votre dynamisme, et joué un rôle essentiel dans les clubs sportifs de la Défense.

C'est pour toute votre action, menée avec une foi et une énergie exemplaires, sur tous les domaines, que je vous remercie, ici aujourd'hui, en mon nom propre et en celui de tous les personnels que vous avez administrés dans l'Armée de l'air.

Un homme au service de ses concitoyens


Conseiller général du canton d'Ecueillé de mars 1985 à mars 1992; vice-président du Conseil Général de l'Indre chargé de la Culture.
Sportif convaincu, il obtient le passage d'une étape du Tour de France à Ecueillé.

Aux élections législatives du 16 mars 1986 au scrutin de liste départemental,il est en 3ème position derrière MM. Aurillac et Bernardet sur la liste investie par le RPR qui obtient 51 811 voix mais seulement 2 des 3 sièges à pouvoir. Il accède cependant à l'Assemblée Nationale en
remplacement de Michel Aurillac nommé ministre de la Coopération du
Gouvernement Chirac.
Député (R.P.R.) de l'Indre du 1.04.1986 au 14.05.1988.

Un engagement associatif fort

Le commissaire général Louet a toujours conçu le sport comme une pratique profitable à l’individu comme au collectif, dans une approche moderne pour l’époque d’une politique publique aujourd’hui dénommée « sport pour tous » incitant à pratiquer une activité sportive à tout âge, dans tout milieu social et quel que soit l’état de santé.

Dans le bulletin de liaison du commissariat de l'air (BLCA) les pages consacrées au sport apparaissent avec le nouveau "cross du directeur central", où le général montre l'exemple, et les rencontres de football entre l'ECA et le reste du monde du commissariat de l'air !


Le directeur central prend la tête des vétérans

L'impressionnante équipe de foot DCCA et services centraux 1980
Le commissaire général Louet a été président dans les années 80 de l’association sportive et culturelle de l’air (ASCAIR) et l’initiateur en 1979 de la fameuse course des 20 km de Paris (4).
Au sein du commissariat de l’air, il a fait en sorte - dans tous ses postes - d’associer la pratique sportive à l’activité professionnelle.
1979 -2019: Les commissaires des armées toujours présents aux 20 km

Le commissaire général Louet était membre de l'AMICAA dès sa création en 2012.

(4) Cf. nos articles de mars et septembre 2013



Un grand patron du commissariat de l’air s’en va ...


C’est avec beaucoup de peine que j’ai appris le décès du commissaire général Henri Louet, qui fait partie pour moi des grandes figures du commissariat de l’air.

C’était l’école ancienne, un chef, une mission, des moyens, qu’il incarna avec réussite dans ses responsabilités de directeur central du commissariat de l’air où la confiance du commandement lui était acquise.

C’est ainsi qu’à mon sens, il su faire prendre au service les bons virages de la restauration  collective, de l’informatique et des nouvelles méthodes de management. En effet, il avait une ouverture d’esprit qu’il tenait pour partie de son appartenance aux FFI et de ses séjours aux États-Unis.

Mais ce qui le distingue aujourd’hui de tous ses pairs, c’est sa passion totale pour le sport, qu’il voulait partager avec le plus grand nombre et plaçait pour ainsi dire au premier rang des savoir-faire de tout commissaire de l’air. Certains s’en souviennent encore ...

C’était sa marque, et je crois qu’elle imprègne encore aujourd’hui le corps et le service du commissariat des armées où la pratique comme la culture sportive sont largement développées.
Il peut aussi revendiquer ce virus dans le fait que le patron du sport militaire (le CRC1 Hervé Piccirillo) et le patron des clubs sportifs de  la Défense (votre serviteur) sont aujourd’hui deux commissaires d’ancrage air.

En ce mois d’octobre, il nous quitte à la veille des 20 kilomètres de Paris qui seront courus pour la 41ème édition le dimanche 13 octobre.

Souvenons-nous qu’il fut en 1979 le patron de la 1ère édition en sa qualité de président de l’ASCAIR et qu’il sut transmettre ensuite le témoin au commissaire général Pierre Ducassé qui, en 2000, me le remettra.

Alors dimanche à 10h00, sur le pont d’Iéna, lorsque Stéphane Piat, notre actuel directeur du commissariat des armées, sera à la tête d’une équipe de 400 coureurs du commissariat des armées,  pour prendre le départ de la course, ce sera le plus bel hommage sportif qui puisse lui être donné.

« C’est pas des rigolos ... » comme il disait souvent de ceux et celles qui portaient leur engagement, professionnel ou sportif, au plus haut !

Toutes mes pensées attristées vont vers sa famille, à laquelle j’adresse mes profonds sentiments de soutien et mes très sincères condoléances

Commissaire général (2S) Yves Glaz (ECA 80)
Président de la Fédération des clubs de la défense