lundi 7 juillet 2025

L’École de l’air et de l’espace a 90 ans

Numéro spécial de la revue Le Piège

L’AEA vient de diffuser à ses membres un numéro spécial de sa revue Le Pïège pour les 90 ans de l’École de l’air et de l’espace (n°271, 80 pages). Voilà une belle occasion pour adhérer, si vous n’êtes pas (encore) membre de l’association (qui fêtera d’ailleurs ses 80 ans en 2026). 

L’AEA, c’est bien sûr les traditions, mais c’est aussi le maintien des liens de camaraderie, l’entraide et la solidarité (conseils et aides) voire les conseils en cas de réorientation professionnelle, même pour un(e) commissaire des armées d’ancrage Air qui souhaiterait poursuivre sa carrière dans l’aéronautique civile ou le spatial (où l’on a aussi besoin de juristes, de financiers ou de logisticiens).

Point important, au titre de l’entraide, l’AEA conseille les familles sur les démarches et formalités à entreprendre après le décès du (de la) conjoint(e).

Deux membres de l’AMICAA sont membres du conseil d’administration de l’AEA (Isabelle Delarbre ECA79, Patrick Pozo ECA 92), témoins du lien qui unit les 2 associations, fondé sur des valeurs communes.

Dans ce numéro anniversaire, deux commissaires de l’air ont pris leur plume pour évoquer l’École de l’air et de l’espace mais aussi l’École du commissariat de l’air, née en 1953 :  les commissaires généraux (2S) François Aubry – article ci-dessous - et Patricia Costa, article déjà diffusé sur notre site*.

1953, l'arrivée de l'école du Commissariat de l'air à Salon

Tout ancien Piégard se souvient d’avoir connu à Salon-de-Provence les élèves de l’ECA,  « Ecole du Commissariat de l’air » créée en 1953 et devenue en 2013 «  Ecole des commissaires des Armées ». 

Les origines

La création de cette école avait pour but de rompre avec un recrutement de  type Armée de Terre (concours ouvert aux capitaines des différentes Armes) au profit de celui en vigueur dans la Marine depuis 1863 (concours ouverts aux étudiants licenciés en droit). En installant l’ECA à Salon, l’objectif était d’obtenir une bonne intégration du Commissariat dans l’Armée de l’air grâce à un partage de la formation non technique ( formation militaire, bahutages, baptême de promotion, parachutisme, pratique du vol, sport, voyages d’études etc…) avec les autres élèves de l’Ecole de l’air.  Un bon tiers de la scolarité était consacré à cette formation de l’officier.

Une fois passée la période de rodage où le général de Maricourt, Commandant l’Ecole de l’air, a obtenu que l’ECA ne soit pas placée « auprès » mais « au sein » de l’Ecole de l’Air, l’Ecole du commissariat  a rapidement trouvé ses marques grâce à des dispositions tenant compte des spécificités de cette nouvelle population, plus proche par l’âge des EMA que des EA et, surtout, de culture très différente puisque exclusivement littéraire. 

Jusqu’en 1968, l’ECA a constitué une section particulière de la Division Instruction de l’Ecole de l’air, devenant autonome seulement après la disparition de la DIA, ‘division d’instruction administrative’ qui formait les officiers d’administration. Le régime, comme celui de tous les ‘Poussins’, était celui de l’internat la première année avec, pendant les bahutages, un regroupement dans une brigade dédiée (la 10ème) venue s’ajouter à celles déjà constituées pour les élèves-pilotes ,les mécaniciens et les officiers des bases. Après 1961 les commissaires ont été répartis dans les autres brigades pour mieux les intégrer.

Le régime disciplinaire applicable aux élèves de l’Ecole de l’air était intégralement applicable aux commissaires ce qui, pour des individus ayant généralement mené préalablement plusieurs années de vie universitaire, n’allait pas forcément toujours de soi. Cependant, par rapport au régime général de l’Ecole de l’air, les commissaires bénéficiaient de dispositions plus favorables : nommés aspirant dès la première année, ils étaient autorisés à contracter mariage pendant leur scolarité (certains étant déjà mariés en entrant à l’école). Surtout, la deuxième année se déroulait, comme sous-lieutenant et externe, à Aix-en-Provence où l’Ecole de l’air avait organisé à cette fin un détachement permanent installé caserne Forbin. L’ensemble des programmes d’instruction, sur les deux années, relevait de la responsabilité conjointe de l’Inspecteur du commissariat de l’air et du Conseil de perfectionnement de l’Ecole de l’Air. 

Une intégration Air affichée

Dès 1956, l’état-major de l’Armée de l’air a organisé une « période pratique d’application » de deux ans dans une unité volante, conçue comme un prolongement de l’enseignement théorique reçu à l’ECA avec comme finalité de permettre à la fois une parfaite compréhension des besoins du commandement ainsi qu’un rapprochement maximum de l’administration militaire avec ses administrés. Un prolongement également de la pratique du pilotage par les élèves au GALEA puis à la SIVEA, malheureusement assombrie par le drame aérien du 17 novembre 1983, où trois élèves commissaires et leur moniteur ont trouvé la mort.

Cette focalisation de l’ECA sur les besoins de l’Armée de l’air a toujours été accompagnée d’une ouverture sur le monde extérieur. Par l’élargissement de son recrutement (licenciés en sciences économiques ou diplômés de sciences politiques ou d’HEC en 1963). Par ses liens  permanents avec l’université d’Aix-Marseille, maintenus malgré le repli en 1973 de la deuxième année sur Salon. Par l’arrivée d’une élève-commissaire en 1977, septième femme  à intégrer Salon et qui sera suivie de beaucoup d’autres après la suppression des quotas.

Des élèves d’ancrage Air motivés dans une école interarmées

Le principal facteur d’évolution de l’école, celui de l’interarmisation, n’aura été perçu que tardivement et suivi sans précipitation. Un concours commun avec la Marine (en 1972) et avec la Terre (en 1984), puis des périodes d’enseignement concerté après la guerre du Golfe ont préparé la formule actuelle, datant de 2013. Tout en restant implantée sur le site de Salon, l’ECA - désormais école des commissaires des armées - est devenue indépendante vu son statut désormais interarmées mais a démontré sa volonté de placer les élèves d’ancrage Air en symbiose avec ceux de l’Ecole de l’air  tout au long des deux ans de scolarité.

Au total, en soixante ans, plus de 550 Commissaires de l’air ont été formés par l’ECA - sans compter les élèves étrangers à partir de 1961 - ni les futurs réservistes, issus du contingent, passés par le CISCAR.

                                                                                                                         14 mai 2025

                                                                                                                          François Aubry

 *« Une aventure humaine et une cohésion inégalables » (P. Costa octobre 2017)