Par le commissaire général (2S) Michel Barbaux

Affecté à la direction du commissariat de la FATAC-1ère RA de Metz en 1975 après les deux années d’école et un stage à Dakar, je suis accueilli chaleureusement par le directeur, le commissaire (encore) colonel Louet, le 10 septembre 1975. Celui-ci me tutoie d’emblée et m’annonce que j’exercerai mes fonctions à la division matériels. J’y fais la connaissance des commissaires Eudes et Aubry, respectivement chef de division et adjoint.
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Metz 1977 |
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La coupe au cre Caussin |
Formidable meneur d’hommes, très exigeant envers lui-même et envers ses collaborateurs, le général Louet dirigeait le service avec à la fois une grande fermeté et beaucoup d’humanité. Il accordait volontiers sa confiance aux jeunes commissaires, à la seule condition … de ne pas le décevoir ! Les séances de sport en salle et de footing dès 8 heures le jeudi matin, quel que soit le temps, parfois rude l’hiver en Lorraine, étaient autant d’occasions, par notre présence et notre bonne humeur, de manifester notre attachement à sa personne et notre adhésion à son style de commandement. J’étais à bonne école !
De ce fait, je manifestais à l’égard du général Louet, pas seulement par nécessité, mais tout naturellement, un profond respect et un entier dévouement. Malgré la différence de grade et d’âge, une sorte de complicité s’était établie entre nous. Il m’écrira en 2002, de sa belle écriture ronde, en parlant de notre période messine : « Nous n’avons ensemble que de bons souvenirs qu’il nous faut perpétuer ».
Voici une petite anecdote sur ce directeur passionné de sport, alors que je dirigeais la division matériels depuis l’été 1977. Avec les sous-officiers du bureau habillement, nous devions recevoir le footballeur Roger Piantoni, ancien attaquant international sélectionné pour la Coupe du monde 1958, devenu le représentant d’une marque d’articles de sport. Mon service put, comme il était prévu, choisir les matériels dont nous avions besoin et passer la commande, mais seulement après que le général Louet se fut « approprié » le grand champion, seul dans son bureau pendant plus d’une heure.
Mon émotion était grande quand, fin novembre 1981, il est venu faire des adieux très simples à l’école du commissariat de l’air avant de quitter le service. Je lui ai rendu les honneurs sur la place Pelletier d’Oisy à la tête des élèves de 1ère année (ECA 1981) dont j’assurais l’encadrement. Plus tard, il me disait parfois se souvenir très bien que « l’homme de base » était alors le commissaire aspirant Stéphane Piat.
Je me rappelle qu’un soir de l’année 1987, sur la base de Toul dont j’étais le commissaire, alors que je m’apprêtais à quitter le bureau, le téléphone se mit à sonner. Le député de l’Indre Henri Louet venait prendre des nouvelles, très chaleureusement : « Comment vas-tu ? et ta famille ? ça se passe bien pour toi ? … ».
Les 20 kilomètres de Paris étaient souvent une occasion de nous rencontrer après la course et de discuter. Une fois, il m’avait présenté aux arbitres puis énuméré de mémoire la liste de tous les coureurs qui avaient, depuis que la compétition existait, réalisé le meilleur temps (je ne faisais pas partie de cette élite !). Cette année-là, le hasard m’avait offert de recevoir de ses mains, dans un bureau de l’ASCAIR - recommandation m’avait été donnée de ne pas en faire de publicité - le dossard 128 qui me permettait de démarrer la course en compagnie des champions, dans les premiers rangs. Il a beaucoup ri quand je lui ai raconté que je n’avais pas pu suivre ceux-ci sur plus de 100 mètres !
Les berrichons en 2013 : cres Barbaux, Vincent, Louet, M. Laplace, cres Bajard,Peyronnet |
Le général Louet a été un soutien de la première heure de l’AMICAA. Il avait tenu, alors âgé de 89 ans, à être présent à l’assemblée générale du 15 octobre 2013. Depuis, il a toujours donné son pouvoir. Il a été élu membre d’honneur à l’unanimité au cours de l’assemblée générale de 2017 et, très modestement, s’est toujours demandé ce qui lui avait valu cette distinction.
Notre dernière rencontre date du 21 novembre 2013. C’est ce jour-là qu’il m’apprit que nous ne serions informés de son décès que quelques jours plus tard car il voulait partir discrètement, sans drapeaux ni discours. Depuis, nous échangions régulièrement par téléphone. Il me souhaitait toujours mon anniversaire et réciproquement. Je lui annonçais les décès dont il n’avait pas eu connaissance. C’est ainsi que je lui ai appris en ce début d’année 2019 celui du commissaire général Jourdren qu’il avait en grande estime. Le même jour, je crois que je lui ai fait un peu de peine en lui apprenant qu’il ne détenait pas, comme il le croyait, le record d’âge des commissaires puisque le général Rame est né trois semaines avant lui ! Quand même, il m’a dit que ça le rajeunissait …
Je m’honore et je mesure ma chance d’avoir servi sous les ordres de cette grande figure du commissariat, d’un chef respecté et aimé, attentionné, au cœur généreux et d’une grande élégance morale. Et d’avoir bénéficié de sa bienveillance, de sa confiance et de sa complicité et, peut-être, je l’espère, de son affection.
Michel BARBAUX , le 9 octobre 2019