lundi 13 mars 2017

Personnel civil dans un CBA


Nous donnons la parole à M. Yvan Masselot* qui a débuté sa vie professionnelle, dans les années 50, sous les ordres du commissaire Jacques Ammann**, chef du CBA 777 de Saint Dizier. En souvenir de ce commissaire, qu’il a particulièrement apprécié comme chef et comme homme, il souhaite témoigner de l'expérience qu’il a vécue grâce à lui et qui a marqué toute son existence.

En CBA

« J'avais moins de vingt ans lorsque, sur concours, j'ai été engagé, début avril 1954, comme civil contractuel au CBA 777. Cet organisme était installé sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier, créée trois ans plus tôt, et se situait à proximité d'un aéroclub qui existe toujours.
F-84 de la 1ère escadre de chasse



Mon travail consistait à vérifier, sur pièces et sur place, les comptes du maître-tailleur et ceux des trois mess de la base. Trois personnes étaient en charge de ce travail, un personnel féminin militaire, un appelé et moi-même qui était employé de bureau. Un autre bureau, occupé par deux personnes, préparait les visites de surveillance administrative effectuées par le commissaire commandant Ammann, auquel nous adressions le résultat de nos travaux. Ces vérifications étaient assimilées à des contrôles d'audit bien que le terme ne soit pas encore utilisé en France.

Service militaire

Après deux ans passés au CBA,  j'ai effectué 27 mois de service militaire à la BA 112 de Reims dans les services du trésorier (Groupe des moyens généraux 30 003). Je m'occupais du décompte des indemnités de déplacement, sans machine à calculer, et transmettais ensuite le résultat au « caissier » pour règlement. J'étais exclusivement employé aux écritures sans jamais manier de fonds.

J'ai effectué ce travail à Chypre du 9  septembre 1956 au 10 janvier 1957, comme l’AMICAA l'a rappelé récemment sur son site.

Chypre


Sur une base OTAN en France
Libéré de mes obligations militaires le 29 juillet 1958, je me suis retrouvé rapidement sur une base  de l'OTAN en France, les services de l'intendance recrutant (et payant) des centaines de personnels civils français employés par les américains sous un statut particulier. Les Etats-Unis remboursaient ensuite la France. Je suis arrivé dans un dépôt de munitions très important situé en pleine forêt sur le site de Trois Fontaines, au nord de Saint-Dizier. C'est là que la formation acquise auprès du commissaire Ammann a été décisive.
Trois-Fontaines

Affecté comme cadre dans un service d'audit (Controller), Mr Lewis Kandel, un civil, m'en a confié la direction après quelques mois de formation. Les techniques d'audit étaient déjà bien utilisées par des sociétés comme Price Waterhouse, Arthur Andersen ou Peat Marwick. Ma section effectuait des contrôles financiers de toute nature sur l'ensemble des bases américaines du nord-est de la France. L'objectif était de détecter les fraudes et d'enquêter sur les gérants soupçonnés de malversations.

Commissary
Le périmètre de mes activités concernait, comme à Saint-Dizier, le « club » (mess) des Officiers, des sous-officiers et des appelés mais aussi les services de loisirs (théâtre, bibliothèques, golf, pêche, fonds de solidarité, Commissary) pour les bases de Chalons et Bar-le-Duc (club pour militaires US). Je couvrais également le dépôt de munitions de Vatry et le dépôt de pharmacie de Vitry-le-François dont on voit encore très bien l'emplacement aujourd'hui en passant devant par la nationale 4.


Trailer park
J'ai eu la chance assez rare de pouvoir suivre des cours par correspondance à l'Ecole d'Officiers Finance suivis d'un stage aux Etats Unis, grâce à l'appui de monsieur Kandell, et qui était  entièrement pris en charge par les américains. Au retour, j'étais assistant du commandant de base américain de Trois Fontaines pour les questions d'audit et je l'accompagnais souvent dans les états-majors des forces américaines situés à Verdun et à Toul.

Ayant anticipé le départ des troupes américaines, j'ai bénéficié d'une prime de départ et trouvé un emploi  chez  Bull General Electric à Paris, toujours dans le secteur de l'audit. Ce métier m'a donné l'occasion de faire plusieurs fois le tour du monde et de développer une activité pionnière qui depuis s'est largement répandue dans les armées.

J'aurais aimé remercier le commissaire Ammann pour m'avoir fait découvrir le monde enrichissant de l'audit et pour m'avoir prodigué ses conseils avisés. Je garde de lui le souvenir d'un homme d'une solide compétence  et d'une grande bienveillance. Je suis heureux de  pérenniser ma reconnaissance à son égard au travers de ce témoignage. » Yvan Masselot

*Chypre 1956-article du 16 décembre 2016
**Carnet gris-article du 10 mai 2013
cre gal Ammann