mercredi 22 janvier 2025

Valérie André et deux commissaires de l’air

La médecin-générale Valérie André a bien connu deux commissaires de l’air. Voici les circonstances de ces rencontres.

Une visite sur la base aérienne de Doullens en 1980 et quelques rencontres ensuite.

Par le commissaire général (2S) Michel Barbaux (ECA 72)

Le colonel Signoret, commandant de la base aérienne 922 Doullens, m’annonce la visite, le 12 septembre 1980, du médecin général Valérie André, directeur du service de santé de la 2ème région aérienne à Villacoublay. Il m’informe que le (il me dit bien le) général a exprimé le souhait de se rendre dans les mess, tout particulièrement au mess mixte de Lucheux, site sur lequel se trouve l’ouvrage enterré de défense aérienne. 

Commissaire sur cette base depuis un an (1979-1981), j’avais bien entendu parler de la générale (terminologie en usage aujourd’hui) qui avait fait deux séjours en Indochine en 1948 et en 1950, pilote d’hélicoptère dotée d’une indomptable énergie et d’une ténacité irréductible, mais je n’avais encore jamais eu l’honneur de la rencontrer. J’étais donc ravi de cette visite.

Arrivée aux commandes de son hélicoptère Alouette II, la générale s‘est posée sur le terrain de sport et s’est rendue tout de suite à Lucheux où elle s’est intéressée de près aux modalités de ravitaillement et de stockage des denrées, à l’hygiène, à la diversité des menus servis, ainsi qu’aux conditions de vie du personnel du mess. Je me souviens qu’elle a interpellé à l’improviste deux adjudants-chefs qui s’apprêtaient, à l’heure du repas, à s’engager dans le self en ligne : 

- « Messieurs, dites-moi franchement, est-ce qu’on mange bien ici ? ». 

- « Ah oui, très bien, on se régale tous les jours, mon…ma…générale »

- « Je comprends que vous hésitiez et vous n’êtes pas les premiers : appelez-moi Mon général, c’est mieux ! ».


Plus tard, à partir de 2009 et jusqu’en 2018, j’ai eu souvent l’occasion de la rencontrer au sein de l’association aéronautique le Tomato et me suis permis de lui rappeler cette petite histoire, ce qui l’a fait beaucoup rire.

J’ai eu plusieurs fois l’immense privilège, en ma qualité d’ancien trésorier, de déjeuner à sa table, qui était celle du président et des membres du bureau. Elle me disait qu’elle avait bien connu le commissaire général Ciboulet (1). Sa curiosité et sa vivacité d’esprit, et surtout sa gentillesse et son humilité - celle des Grands - m’impressionnaient toujours.


Son livre « Ici, Ventilateur ! », que le commissaire général Aubry a déniché en 2011 sur les quais de Seine (édition originale 1954 - Calmann-Lévy - 480 francs), est un témoignage bouleversant, exprimé en toute simplicité, de l’extraordinaire courage dont elle a fait preuve.
 

Le général Valérie André a bien voulu me le dédicacer, en s’étonnant qu’on puisse encore le trouver ! 

(1) ECA 54, ancien directeur régional du commissariat de l’air en 4ème région aérienne

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Rédaction en 2015 d’une préface pour le livre « Aux armes citoyennes – 1914-1918 » du commissaire général (2S) Raymond Caire  (ECA 53)  

 « Infatigable défenseur du droit des femmes et, en particulier, à leur accession à des postes de responsabilité dans tous les domaines, le commissaire général Raymond Caire de l’armée de l’air est le plus « féministe » de tous les humains qu’il m’a été donné de rencontrer. 

Son bel ouvrage publié en 1981 par les éditions Lavauzelle sur « La femme militaire », après avoir soutenu brillamment en novembre 1979 une thèse de doctorat d’État en droit avec la mention très bien, témoigne de son ardente motivation pour la cause des femmes. 

Il intervient en ce domaine sans discontinuer et a participé à la rédaction de décrets après avoir été secrétaire général d’une Commission ministérielle sur le statut de la femme militaire que j’ai eu l’honneur de présider. 

Son grand besoin de justice et de progrès le hante et sa fascination pour les nobles causes le conduit à fréquenter le Service Historique du Ministère de la Défense pour qu’il y découvre et approfondisse ses connaissances sur l’action des femmes et leur comportement durant la Grande Guerre, objet de ce nouveau livre. 

Un grand bravo à son auteur pour sa clairvoyance, sa ténacité et sa mentalité exemplaire. »

Médecin-général inspecteur Valérie André