Par le commissaire général (2S) Patricia Costa
Je découvre peu à peu la vie quotidienne de cette base aérienne. Mais à partir du mois de janvier 1983, une nouvelle agite les escadrons, les bureaux et les mess. Nous allons réactiver notre base de desserrement, puisque toutes les bases aériennes de la FATAC-1er RA en ont une, permettant la poursuite des missions quelles que soient les circonstances.
Située à Damblain, cette ancienne base OTAN dispose d’une piste refaite en 1976, en parfait état pour accueillir des avions de combat. Elle doit accueillir les Mirage III de la 2ème escadre de chasse de la base aérienne de Dijon- Longvic durant les quinze jours de l’exercice EXLOG 83. Cet exercice traditionnel doit permettre d’évaluer la cohérence entre les moyens supports (techniques, commissariat, protection) et les moyens opérationnels, permettant ainsi la poursuite des missions aériennes. Des incidents et des destructions fictives de moyens allaient être injectés afin de vérifier la qualité de la redondance des installations et de l’organisation à Damblain.Patrouille en approche, autorisation break... |
Je reçois pour mission d’organiser l’activation de cette base afin d’accueillir 15 Mirage III, leurs pilotes et leurs mécaniciens. En tout, 400 militaires seront présents durant 15 jours. Je suis alors placée sous les ordres directs du commandant en second de la base, le lieutenant-colonel Seurin (ci-dessous, au centre).
Plusieurs visites sur place permettent de mesurer l’ampleur des besoins au regard des installations existantes, particulièrement vétustes car peu utilisées : de vieilles « Fillods » glaciales, zéro capacités de restauration et des installations d’hygiène hors d’âge. Puis, la montée en puissance se réalise grâce à de nombreux matériels acheminés par camions depuis la BA 133. Des spécialistes frigoristes installent le matériel commissariat - cuisines et douches de campagne-, que les autres armées nous envient ; les nouvelles tentes 50 m2 sont montées avec leurs poêles et les matériels de couchage sont stockés dans un magasin créé à cet effet. Les chaînes de distribution sont ainsi prêtes pour l’arrivée des militaires. Sans oublier les effets spécialisés en cas d’alerte NBC : masques et nouvelles tenues T3P livrées par le service réalisateur du commissariat de l’air (SETAMCA), adaptées aux personnels navigant et non navigant.
En tout, le montage et le démontage durent trois semaines, sous ma responsabilité. Mais un commissaire de l’air est aussi un militaire, en l’espèce chef d’un îlot de défense au sein des vastes installations desserrées. Une véritable première opportunité de diriger une équipe de militaires très motivés et qui ont, malgré la jeunesse de leur chef, apprécié le fait d’être à la fois écoutés et suivis dans leurs suggestions d’organisation. Dans ces circonstances, on apprend à commander !
Je découvre aussi que l’Armée de l’air, sur le terrain, sait déléguer. Le commissaire stagiaire est considéré par le commandant de base comme un officier à part entière, bien formé à Salon, dans tout l’éventail de ses futures fonctions.
Cette mise en responsabilité soudaine, à l’issue de ma scolarité, me fait percevoir très concrètement l’étendue de mon métier de commissaire de l’air, avec ses domaines traditionnels – les finances, le juridique et la logistique, y compris en campagne – mais également les nouvelles dominantes des années 80, la restauration collective depuis 1976, l’informatique de gestion ou la démarche qualité.
EXLOG 83 à Damblain est une mission réussie se terminant pour moi par deux vols en Mirage IIIB, en guise de remerciement du 2/2 pour « services rendus », une expérience inoubliable qui m’apparait indispensable pour bien connaître le milieu aéronautique qui va être le mien par la suite. »
*avec la traditionnelle descente de l’avion en chariot élévateur, mouillée et arrosée de poudre d’extincteur... en plein hiver !
T3P et accueil arrosé |