mercredi 10 juillet 2019

Un châtelain, ancien commissaire de l’air

© L'Eveil
Philippe Hugot (ECA 90*) et son épouse Catherine ont acquis en 2005 le château de Mons, construit au XIème siècle, puis rénové fin XVII° siècle, au-dessus de la commune d’Arlanc en Livradois-Forez. « Le château de Mons résume tout ce que nous cherchions, la beauté, le bon état et le calme ».

Les nouveaux propriétaires se sont donné pour mission de réhabiliter les lieux et surtout de recoller le plus exactement possible à ce que fut le château au temps de sa splendeur. À grands renforts de documentation, le couple s'est alors lancé dans une restauration aussi précise que passionnée. Et ce qui leur tenait particulièrement à cœur, c'était de voir refleurir un jardin à l'italienne comme il existait jadis.


Car le château a connu des périodes difficiles, en particulier au XXème siècle. Successivement propriété de Veuves de guerre, puis centre d'accueil pour les réfugiés espagnols, de rétention sous le régime de Pétain, il deviendra ensuite lieu accueil pour colonies de vacances puis un restaurant. Une période durant laquelle une réserve d'eau en béton sera construite dans le jardin. De nombreux murs seront aussi bétonnés et l'édifice perdra alors de sa superbe.

« À l'origine, c'était un château médiéval. D'ailleurs, il y a toujours la muraille qui en témoigne. Mais son utilité s'est, fort logiquement, perdue », explique Philippe Hugot. D'un lieu fermé, destiné à se protéger de l'extérieur, comme l'étaient les châteaux du Moyen-Âge, le château de Mons est devenu une villa florentine au tournant des 17ème et 18ème siècles, avec ses grandes fenêtres, son grand hall, « qui est l'un des plus grands qui puissent exister en Auvergne, avec une hauteur d'environ 10 mètres », mais aussi tous les trompe-l’œil qui se trouvent dans les pièces. Le château a été refait sur le modèle de la villa des Médicis « La Peggio », aux environs de Florence.

Dans leurs travaux, les propriétaires restent dans l'esprit du XVIIIe et conservent les couleurs de l’époque et les boiseries. Ils ont ouvert à la visite en 2007 et accueillent environ 2000 visiteurs, principalement en été.

Les efforts consentis par les propriétaires ont été récompensés. « En février 2012, tout le château a été inscrit au titre des monuments historiques. Cette inscription concerne la totalité de la bâtisse et le parc d'un hectare. Et il fait aussi partie de la Route Historique des Châteaux d'Auvergne** ».

Les deux pigeonniers
Les propriétaires profitent des périodes de fermeture pour continuer leurs travaux. « Tous les deux siècles environ, le château a fait l'objet d'une profonde restauration », explique Philippe Hugot. « En 2013, les deux tours ont été ouvertes au public. Ce sont deux pigeonniers. Les caves sont aussi accessibles, et des geôles sont visibles ». La volonté des propriétaires est d'ouvrir le plus possible la bâtisse car, pour Philippe Hugot, un château est un lieu d’accueil et d’échanges.

Dès l’ouverture du château aux visites, Philippe Hugot a souhaité partager avec le public sa passion des estampes. La quantité d’œuvres présentées en fait à ce jour le plus important musée privé d’estampes de France. Philippe Hugot est aussi conférencier dans le domaine de l’histoire de l’estampe et l'auteur d'un ouvrage portant sur des estampes particulières, dénommées « vues d'optique » (ouvrage actuellement épuisé) ; ce sont des estampes du XVIII° siècle observables avec un zograscope et qui permettaient d’observer, de visiter le monde, en trois dimensions, ce qui en accentuait le réalisme.
Le Zograscope
Le jardin italien, quant à lui, a repris sa place dans la propriété depuis 2018. Il est à la fois un jardin régulier dans sa partie inférieure, et un verger dans sa partie haute, refait à l’identique d’un tableau de la fin du XVII° retrouvé dans un grenier et avec les indications d’un manuscrit de 1738 rédigé par le propriétaire de l’époque.

Mons en 1690, peint à la manière des Lunettes de Utens, peintre des villas médicéennes
Catherine Hugot  (© La Montagne)
En 2018, le Domaine a signé une convention avec la Ligue de protection des oiseaux d’Auvergne, engageant les propriétaires à prendre soin de la biodiversité.

Catherine et Philippe sont par ailleurs très investis dans la vie de La Chaise-Dieu, toute proche, et ils œuvrent tous deux dans la mise en valeur de l’abbaye récemment restaurée et ouverte à la visite. On peut, notamment, y admirer les tapisseries du XVI° siècle entièrement restaurées par les services de la DRAC. Catherine vient, d’ailleurs, de publier un livre intitulé « La Dignité de la femme dans les tapisseries de la Chaise-Dieu », ouvrage réalisé pour les 500 ans de leur présence au sein de l’abbaye.

(Remerciements à Philippe et Catherine Hugot, au journal La Montagne, éd 2012, 2018-Emilie Chantegrel et à la Gazette de Thiers - Sarah Douvizy 15 Nov 2018)
Illustrations : P et C Hugot, sauf autre mention

Le clin d'oeil : "Bougeons pas, c'est la femme du commissaire" (Estampe de F Valloton)
Valloton - L'Assiette au beurre

*1990-1992 Ecole du commissariat de l’air
1992 Commissaire de la base aérienne 642 de Lyon Mont-Verdun
1995-1998 Cadre à l’ECA Salon de Provence
1998-2002 DCCA-Administration Générale
2002-2005 Commissaire de la base aérienne d’Istres
2005-2008 DCCA-Finances
**Présidée par Philippe Hugot