Par le commissaire colonel (er) Hervé Languenan (ECA 78)
C’est avec tristesse que j’ai appris la disparition du commissaire général Burdin.J’ai eu, en effet, le privilège de servir sous ses ordres durant plus de six années entre 1981 et 1988 au sein de la DRCA 2e RA puis de la DCCA. Avec le recul, je mesure ce que m’a apporté durant ces années d’apprentissage du métier, ce grand professionnel doublé d’un chef respecté et apprécié.
En fouillant dans ma mémoire, je livre ici quelques éléments pour illustrer le propos.
Fin 1981, le commissaire général Bajard, ayant rejoint la DCCA avec armes, bagages et… secrétaire (la stoïque Mme Vénuat, qui apaisait si bien les éruptions de son volcanique directeur…), le premier acte de commandement de son successeur, le commissaire général Burdin, à son arrivée à la DRCA, fut donc de pallier cette fâcheuse carence à son secrétariat. Ce qu’il fit le plus simplement du monde en soustrayant malicieusement à son légitime employeur (le commissaire de la BA 107), Mme Ricard, secrétaire d’une gentillesse extrême, qui devait par la suite occuper le poste durant plus de 15 années.
Le tout fut fait avec beaucoup de courtoisie sans que le commissaire de la base n’eût toutefois son mot à dire (sauf à nous bien entendu), ce qui levait un premier voile sur la personnalité de notre nouveau chef : une main de fer dans un gant de velours.
Autre facette que nous ne tardâmes pas à découvrir : une puissante mémoire.
Le départ du commissaire général Bajard avait parallèlement signifié la fin des redoutables « Bajardiers », petits carnets dont le commissaire général Guillemard, dans un savoureux opuscule*, donne une définition ô combien réaliste (ceux qui ont connu la chose apprécieront) : « Ensemble de feuillets permettant l’inscription chronologique et méthodique d’informations, faits et évènements divers ; communiqués sous forme de flux imprévisibles, ces éléments sont à traiter soit très vite soit très rapidement ». En contrepoint à la disparition des carnets, un certaine forme de relâchement, certes relative mais toutefois perceptible, eut tendance à s’installer au sein des divisions tandis que notre nouveau général prenait ses marques. La trêve fût de courte durée puisqu’environ deux mois après son arrivée, à l’occasion d’un rapport et muni d’un simple bristol en guise d’aide-mémoire, le chef - de sa voix calme et posée - déversa sur nos têtes incrédules un tombereau de constatations, interrogations et directives en tous genres. Indubitablement, la fin de la récréation avait sonné et chacun se le tint pour dit !Professionnellement parlant, j’occupais alors le poste d’adjoint au chef de la division Finances. Le plus simplement du monde, pendant les mois qui suivirent, le passé d’informaticien et d’ancien sous-directeur Finances de notre directeur me valurent régulièrement de fructueux tête-à-tête à l’occasion desquels il me fit découvrir - avec le souci constant d’une pédagogie constructive - tout autant les subtilités de l’Instruction 6000 relative aux rémunérations que les méandres informatiques du mandatement des dépenses, opéré alors sur la toute récente Logabax.
L’année suivante, alors que j’œuvrais cette fois à la division Restauration (nous effectuions à l’époque une année dans chacune des divisions Finances, Matériels et Restauration), je garde le souvenir de son investissement conséquent et de son aide précieuse dans le processus de valorisation des fiches « Modes opératoires » dont notre division avait la charge et qui nous causait moult tracas. Le général prêtait également grande attention au développement des marchés de restauration et, par voie de conséquence, aux relations avec les fournisseurs. Son implication dans ce domaine nous permit ainsi de côtoyer de prestigieux chefs d’entreprise et d’effectuer de passionnantes visites telles Heineken à Strasbourg ou Perrier à Vergèze.
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87 Mesdames les secrétaires de direction |
En 1985, lorsqu’il accéda au poste de directeur central, succédant une nouvelle fois au commissaire général Bajard, j’étais alors chef du bureau Rémunérations-déplacements-affaires sociales au sein de la sous-direction Finances de la DCCA. Par la force des choses, eu égard aux charges inhérentes à ses nouvelles fonctions mais aussi au rempart que constituait son redoutable adjoint, le commissaire général Kerneis, nos relations se sont tout naturellement distendues. Toutefois, il appréciait de temps à autre de s’échapper de son bureau pour venir échanger sur les évolutions réglementaires ou prodiguer de précieux conseils sur certains recours en matière de rémunérations. Il fût également le témoin oculaire de l’existence bien réelle de ma collection un peu particulière dont il avait entendu parler. Mais, ceci est une autre histoire…J’ai tenu à écrire ces quelques lignes pour lui rendre hommage car le commissaire général Burdin m’a beaucoup apporté professionnellement et humainement durant mes années de jeune commissaire. Il a rejoint à présent mon petit panthéon personnel des chefs que j’ai aimés et respectés.
*Cf. le catalogue des ventes de l’AMICAA : procédure de commande sur le site AMICAA onglet « Catalogue Doc »