Aérostier et commissaire de l’air
Le commissaire général Pierre Bourrel figure parmi les six commissaires de l’air issus de l’aérostation et devenus Intendants de l’air lors de la Deuxième Guerre mondiale (1). Né à Decazeville (Aveyron) le 2 février 1913, il obtient son premier bac en latin-grec et le second en mathématiques. D’emblée, il envisage une carrière militaire et intègre la promotion Bournazel de Saint-Cyr en 1932, et fait partie - deux ans plus tard - des premiers ‘Cyrards’ qui rejoignent l’Armée de l’air nouvellement créée (2).
L’aérostierEn 1934, sa première affectation le conduit à la 52ème demi-brigade d’aérostation à Metz, où il est breveté observateur. Il va rester dans l’Est presque cinq ans et se marie le 16 avril 1936. Au moment de la déclaration de guerre, le lieutenant Bourrel fait mouvement à Saint-Jean-Rohrbach (Moselle) où il commande la 266ème compagnie d’aérostation d’observation. La CAO, équivalent pour l’aérostation d’une escadrille dans l’aviation, est constituée de 170 hommes, dont 8 officiers, et dispose de ballons captifs et de ‘dirigeables de poche’, les moto-ballons. A une altitude de 5/600 mètres et à quelques kilomètres de la ligne de front, l’aérostier doit rendre compte par téléphone- au profit de l’Armée de Terre - des résultats de son guet à vue ou participer au réglage des tirs d’artillerie. Il doit pouvoir être treuillé à terre en moins d’une demi-heure et peut au besoin sauter en parachute. Les premiers engagements montrent la vulnérabilité et la vétusté du matériel qui a peu évolué depuis les ‘saucisses’ de la première guerre mondiale.
La 266ème CAO bénéficie rapidement d’une priorité dans le programme de modernisation de l’aérostation lancé début 1940, ce qui lui permet de figurer parmi les neuf compagnies (sur 49) qui disposent d’un matériel rénové au moment de l’attaque allemande du 10 mai 1940. La mobilité des CAO leur permet, malgré la lourdeur du dispositif (il faut onze tonnes de bouteilles d’hydrogène pour gonfler un ballon) de parcourir jusqu’à 80 kilomètres par jour. Le commandant de la compagnie dirige les opérations à partir d’un autobus lui servant de PC, où la salle de renseignements s’abrite sous un auvent de toile (3). Partie de Moselle, la 266e CAO est faite prisonnière le 22 juin en Alsace, mais, parvenant à s’évader, Pierre Bourrel rejoint la zone libre après 25 jours de marche.
Capitaine |
Estimant qu’il n’avait plus sa place parmi le personnel navigant du fait de la disparition de l’aérostation, il demande à changer de spécialité début 1945. Le 6 avril, en raison de ses états de service, il est appelé à suivre les cours de l’Ecole supérieure de l’Intendance à Paris (ESI).
Commissaire commandant |
Commissaire colonel |
Il quitte l’Armée de l’air sur sa demande le 2 février 1971. Officier de la Légion d’honneur et Commandeur de l’ONM, le général Bourrel cumulait 604 heures de vol. Il décède le 15 avril 1997.
Commissaire général François Aubry, 12 /12 /2022
Notes :
1/ Maurice Bitouzet (1942), André Blot (1954), Pierre Bourrel (1945), Jean Joannopoulos (1945), Robert Sampont (1947) et Joseph Talidec (1942). Les dates entre parenthèses sont celles d’entrée dans l’Intendance de l’air.
2/ Pierre Bourrel (St Cyr 32 // 1934), Jacques De Finance (30 // 1935), Charles Escoula (30 //1936), Louis Gaetan (28 //1930), Albert Gardeur (24 // 1931), Serge Habert (19 // 1927), André Lambert (26 // 1928), Gilbert Mondin (24 // 1935), Guy Montpays (31 // 1938). Entre parenthèses : année de promotion à Saint-Cyr suivie, en année pleine, de la date d’intégration dans l’aéronautique militaire ou dans l’Armée de l’air qui est créée en 1933.
3/ Sur l’aérostation dans l’Armée de l’air, voir l’ouvrage de Bernard Palmieri aux Editions de la Presse. Pierre Bourrel est mentionné à trois reprises.
4/ Maurice Arnoult, Aimé Bessieux, Louis Bilbault, Pierre Bourrel, Charles Channeboux, Jean Cornillet, Pierre de Broca, Jacques de Finance, Charles de Malignon, Jean-Louis Guillaume, Jean Joannopoulos, Guy Le Forestier, Louis Paut, Jean Trutat, Maurice Vaillant, Jules Willefert, Ernest Wilzer.
Nota : Le jeune frère de Pierre Bourrel, Jean, né en 1927, sous-lieutenant dans l'armée de l'air (EMA 50) ; décédé en service aérien commandé à l’école de pilotage de Marrakech le 31 mai 1952.