vendredi 2 septembre 2022

Le commissariat de l’air : Quelle histoire ! (suite et fin)

 Jacques Primault (ECA 75)

Partie 2 : 2003-2022

2003 

Le commissaire sous-lieutenant Frédéric Rémy, alors élève à l’école du commissariat de l’air (ECA 2001), termine son mémoire de DEA d'histoire militaire, sécurité et défense à l’IEP d’Aix-en-Provence, intitulé « Des commissaires des guerres au commissariat de l'air: histoire, mémoire et tradition », sous la direction du professeur Jauffret.

L’auteur, qui vient seulement d’intégrer l’école et qui n’a aucune expérience du fonctionnement du commissariat de l’air "de l’intérieur", s’interroge à bon droit sur l’approche à adopter pour réaliser un tel historique :

« Mais de quelle façon aborder l'histoire du corps? Celle-ci peut s'offrir à l'analyse sous des biais variés : l'approche purement chronologique, faisant le lien avec l'histoire de l'intendance, l'analyse sociologique du corps, son positionnement au sein de l'Armée de l'air, une approche purement comparative du commissariat de l'air et des autres commissariats, etc. Il n'est pas aisé de faire le tour de cette histoire en quelques pages. 

Aussi, nous nous contenterons d'effectuer, une synthèse de l'histoire du commissariat de l'air: synthèse chronologique d'une part de tous les événements marquants du corps, mais aussi approche plus sociologique à travers les traditions et la mémoire de l'institution. L'étude de la légitimité du corps et de son positionnement dans l'Armée de l'air sera le fil directeur de notre recherche. 

L'histoire du commissariat de l’air ne peut se faire qu'à la lumière de l'histoire plus générale et ancienne des commissaires et de l'administration militaire à travers les siècles. Cette histoire met en lumière des fonctions qui ont perduré jusqu'à nos jours et permet de souligner la spécificité des hommes chargés de l'administration des armées (première partie). 

Le commissariat de l'air a connu des débuts difficiles. Jugé inutile pour certains dans les années 30 lors de la création de l'armée de l'air, il voit le jour dans la période troublée de la Seconde Guerre mondiale et ne s'impose finalement qu'au début des années 50 avec la création de l'école du commissariat. Peu à peu, son rôle s'affirme, son organisation se met en place, et le commissariat de l'air est confronté aux conflits coloniaux des années 50 et 60 (deuxième partie). 

Les années 70 marquent l'ère des grandes réformes : le commissariat de l'air, dont la légitimité est maintenant acquise, entre dans son âge adulte. Son rôle de conseiller du commandement et de service d'administration générale s'affirme de plus en plus lorsqu'en 1972 les commissaires font leur apparition au sein même des bases aériennes, s'adaptant aux nouvelles structures de l'Armée de l'air, aux techniques d'administration modernes (informatique, audit), et aux rôles nouveaux dévolus aux armées (troisième partie). »

Malgré la faible expérience de l’auteur au sein du commissariat de l’air, le mémoire présente toutes les qualités, à la fois d’écriture et, surtout, au-delà de la connaissance même des évènements, de compréhension du sens et des conséquences de ces derniers, tant il est malheureusement fréquent que certains travaux d’étudiants souffrent d’erreurs factuelles ou de contresens fâcheux. Ce n’est pas le cas en l’espèce et cela mérite d’être souligné.

C’est pour ses qualités intrinsèques que ce mémoire va d’ailleurs réapparaître en 2018 dans le cours de notre histoire des historiques.

2003


L’anniversaire des 50 ans de l’école du commissariat - fêté à Salon-de-Provence en présence du chef d’état-major de l’Armée de l’air - donne l’occasion au service de présenter une nouvelle fois « l’esquisse d’un historique » du commissariat de l’air, à un moment rendu difficile par une succession d’évolutions administratives et financières mais aussi politiques imposées au niveau ministériel. 

Cette fois, l’historique est rédigé de concert par le commissaire général Dupuy†, inspecteur du commissariat et de l'administration pour l'Armée de l'air, et par le professeur Jauffret, déjà cité, à charge pour ce dernier « de resituer le récit dans l'Histoire avec un grand H » (sic). Le texte est repris dans le Liaison de mars 2004.

Il est important de noter que le commissaire général Dupuy fait le lien avec l’historique du commissaire général Meyer rédigé en 1992 mais aussi avec  le mémoire de DEA du commissaire Rémy.

2015

Née en 2012, l’amicale des commissaires de l’air et des commissaires des armées-Air créé en 2015 son propre comité d’histoire, tant il parait urgent pour les membres du bureau, après la disparition du service du commissariat de l’air fin 2009, de procéder à d’importantes recherches aussi bien sur les évènements que sur les hommes et les femmes qui ont servi au sein de ce service.

Présidé par le commissaire général (2S) Olivier Leclercq, ce comité mène de front deux types d’actions : 

sur le volet « histoire » : recherche, analyse et commentaire de textes, étude de la façon dont ils ont été produits, le rôle du politique,  les rapports des parlementaires, les relations avec le commandement de l’Armée de l’air et d’autres services (notamment les deux autres commissariats) ; 

sur le volet « mémoire écrite-orale des acteurs » : interviews, travaux sur les dossiers militaires détenus au Service historique de la défense (SHD) ou aux archives de l’Armée de l’air, recueil et analyse de documentations personnelles, tout ceci dans une optique de constitution d’archives pour le futur, avec reversements au SHD.

Dès l’origine, il est envisagé la réalisation de deux projets importants : l’organisation d’un colloque et l’édition d’un livre.

2018 

Un colloque intitulé « L’administration militaire : l’exemple du commissariat dans l’armée de l’air 1942-2009 » est organisé les 15 et 16 novembre 2018 à la faculté des sciences juridiques de Lille, conjointement par l’AMICAA, l’université de Lille (Master 2 « Droit et politiques de défense et de sécurité nationale, dirigé par le professeur Cattoir-Jonville) et l’institut de préparation à l’administration générale (IPAG).

Ce colloque constitue une première étape importante pour la (re)constitution d’une mémoire écrite sur l’organisation et les actions du commissariat de l’air. A l’issue, un remarquable rapport de synthèse présenté par M. Pierre-André Lecocq†, professeur émérite à l’université de Lille, brosse à grands traits les deux axes de travail  abordés : d’une part l’expertise juridique du commissariat de l’air et, d’autre part, les innovations et le « sur-mesure » développés par ce service au profit de l’Armée de l’air.

A cette analyse interne s’est ajoutée une vision « externe » du commissariat de l’air apportée par diverses autorités, le général Patrick Charaix, ancien commandant des forces aériennes stratégiques, le commissaire général HC Stéphane Piat, directeur central du service du commissariat des armées (SCA) et le général Gilles Modéré, inspecteur de l’Armée de l’air, représentant le chef d’état-major de l’Armée de l’air.

Les Actes diffusés à l’issue de ce colloque ont constitué, pour l’AMICAA, la première pierre à la réalisation d’un fonds historique qui soit digne d’un service ayant apporté sa pleine contribution au fonctionnement de l’Armée de l’air.  

2020

L’AMICAA rédige et diffuse un historique de l’association nationale des commissaires de l’air (ANCA), qui a joué un rôle important auprès du service durant ses 62 ans d’existence.

Véritable histoire du commissariat de l’air en condensé, cet historique est aussi le témoignage de la politique volontariste menée par le commissariat de l’air, avec l’aide de l’ANCA, pour promouvoir le rôle et les actions des commissaires de réserve.

2022 

Le second objectif que s’était fixé l’AMICAA, à savoir la réalisation d’un livre sur le commissariat de l’air et les commissaires de l’air, est atteint en 2022, année hautement symbolique permettant de marquer à la fois les 80 ans des prémices du commissariat de l’air et les 10 ans de l’AMICAA. Ces deux anniversaires sont  fêtés le 17 mai 2022 lors du lancement du livre au CESA.

Après de longues discussions au sein du comité d’histoire et du bureau de l’amicale sur le contenu du livre et sur la façon de présenter ce dernier, le parti pris de « raconter d’abord une histoire » est finalement adopté, considéré comme le mieux adapté pour s’adresser à un lectorat varié : bien sûr les anciens commissaires de l’air et leurs familles, ainsi que les anciens commissaires de l’Armée de terre et de la Marine, mais aussi les commissaires des armées d’aujourd’hui, les officiers et sous-officiers de l’Armée de l’air et de l’espace, sans oublier les passionnés d’aviation militaire ou les juristes et logisticiens des administrations et du privé. 

Le livre intègre une partie du contenu du mémoire de DEA du commissaire Rémy, actualisé et complété par des membres du comité d’histoire.

Pour l’anecdote, on notera que la couverture reprend celle des Actes du colloque, photographie très symbolique de l’intégration du commissariat de l’air dans l’Armée de l’air, montrant deux commissaires de l’air échangeant avec un pilote et deux mécaniciens, devant un Mirage F1 de la 12ème escadre à Cambrai.

2022 et au-delà

L’AMICAA a d’autres projets en préparation, toujours centrés sur une meilleure connaissance d’un service qui mérite d’être mieux connu, dans son organisation, ses actions ainsi que ses personnels constitutifs. 

Nul doute que tous ces éléments rassemblés par l’amicale serviront dans le futur à des chercheurs universitaires ou à des commissaires de milieu Air (d’active ou de réserve), de telle façon que  de nouveaux livres puissent compléter utilement celui édité en 2022,  en abordant de nombreux sujets non encore totalement traités.