dimanche 27 février 2022

Le service des fabrications du commissariat de l'air à Ris Orangis

 par le Commissaire général Auvieux(BLCA 7 juin 1979) 

« Ris-Orangis, quel nom évocateur dans le commissariat, même dans toute l'armée de l'air. Déjà, à l'Ecole de l'air, de tous les hauts lieux du Commissariat de l’air évoqués devant nous, c'était ce nom qui nous avait le plus attiré au point que notre humoriste de promo (1956) l'avait mis en chanson. 

Tous ceux qui ont été affectés à Ris-Orangis en gardent un souvenir ému. Il y régnait un état d'esprit que le SETAMCA a transporté par la suite dans ses bagages à Brétigny, où il a constitué grâce à lui une unité pleine d'allant et d'initiative, que le commandant de la nouvelle base d’accueil n'a pas hésité à citer en exemple. 

Il est vrai que l'esprit de Ris-Orangis était une réalité. Après bien des pérégrinations, des transformations, des regroupements depuis 1945*, date de la première implantation du Commissariat de l'air à Ris-Orangis, une base aérienne a été créée en 1961, chargée d'assurer le soutien du Service des fabrications du commissariat de l'air (SFCA). Si certains bâtiments étaient fort anciens et même vétustes, les visiteurs étaient conquis par le charme des bords de Seine que l’on découvrait des fenêtres du mess. Mais, surtout, cette base "commissariat", la seule avec celle de Toulouse- l'Hers, petite, tournée vers le monde extérieur avec lequel elle avait des contacts permanents, entraînait dans son dynamisme les nouveaux arrivants. 

UN ÉTABLISSEMENT MAIS AUSSI UNE BASE AÉRIENNE

1969 : général Delachenal, Cdt la 2ème RA

Tourné vers l'extérieur certes, le SFCA l'était. C'était des rapports fréquents avec les localités voisines, à commencer bien sûr, par celle de Ris-Orangis, pour des cérémonies officielles, commémorations du 8 mai et du 11 novembre, ou des manifestations qui l'étaient moins, comme la fête de la Maison de retraite des vieux comédiens à laque Ile le SFCA prêtait son concours ou la soirée des Sapeurs-pompiers bénévoles. Mais c'était aussi, dans l'enceinte du SFCA, la réception des autorités locales pour leur faire connaître le Commissariat et l'armée de l'air. Cette manifestation annuelle était fort appréciée et les membres de l'enseignement public n'y étaient pas les moins assidus. 

Les contacts avec les réservistes tenaient une place non négligeable. D'abord, les réunions ANORAA et ANSORAA pour lesquelles la base de Ris-Orangis ouvrait fréquemment ses portes et qui se terminaient par un dîner sympathique auquel s'associait spontanément nombre de personnel d'active du SFCA. Egalement les journées-contact active-réserve qui se déroulaient périodiquement un samedi et qui amenaient toujours un grand nombre de participants. 

Déjà, dans toutes ces activités, le SFCA faisait montre de son dynamisme. Mais il le faisait aussi dans toutes les manifestations traditionnelles d'une base aérienne où chacun avait à coeur de participer dignement: prises d'armes pour l'ensemble du commissariat de la région parisienne (l 'auteur de ces lignes fût commandant des troupes à trois reprises en un an pour des prises d'armes présidées par le directeur central du commissariat de l’air ou le général commandant la 2ème région aérienne), cérémonies en l'honneur d'une très haute autorité, soirées de l'association nationale des commissaires de l'air, sans oublier des manifestations récréatives plus locales : bals de la base, dîners dansants , méchouis, arbres de Noël. 

1969 visite du général Philippe Maurin CEMAA

J'entends déjà les remarques ironiques classiques… et faciles: " Mais, c'était le club Méditerranée ! ". Voire. Pour les participants ou spectateurs extérieurs peut-être.  Certes, on savait se distraire à Ris mais toutes ces activités "hors service " représentaient de nombreuses heures de travail… en dehors des heures de travail justement. Le SFCA constituait une collectivité qui devait vivre tout au long des jours de l'année. Et c'est avec le même allant que chacun se consacrait aux tâches de cette vie en collectivité pour que la base aérienne tienne sa place dans l'armée de l'air et dans la Nation aussi bien sinon mieux que n'importe quelle base et pour que le service puisse mener à bien sa mission. 

UN SERVICE RAVITAILLEUR ET STOCKEUR. 

Avec un fichier de 600 fournisseurs, le SFCA lançait chaque année 90 appels d'offres, passait plus de 200 marchés et presqu'autant de bons de commande pour obtenir les 6.200.000 exemplaires d'effets d 'habillement et d' équipement et les 2.000 kilomètres de tissus du programme de la DCCA sans parler des matériels de couchage, ameublement, cuisine, informatique, audiovisuel…, dépensai t 80 MF sur le titre V, procédait à plus de 3.000 examens et analyses de laboratoire, et ses experts à l'occasion de leurs missions en usine parcouraient annuellement un kilométrage correspondant à 25 fois le tour du monde. Le SFCA possédait en outre des surfaces de stockage de 1.250 m2 et assurait des mouvements de 600 tonnes de matériels par an, tant en expédition qu'en réception. La plupart de ces transports étaient effectués par voie ferrée, facilités par un embranchement particulier à partir de la gare de Ris-Orangis. Le reste était effectué par voie routière. Seule la voie fluviale n'était pas utilisée. (par la suite, la base de Brétigny ne put offrir ni magasin ni embranchement particulier, le SETAMCA perdant ainsi cette fonction de stockage qui fut transférée aux ERCA de Toulouse et d'Evreux). 

Le premier « dépôt des modèles »  avec ses mannequins historiques fut conçu et réalisé au SFCA et reçut nombre de visiteurs très admiratifs, avant d’être réinstallé et développé au SETAMCA.

TENIR LA FORME. 

Evidemment, toute cette activité ne pouvait être réalisée qu'à une condition s'ajoutant à l'enthousiasme et au dévouement : tenir la forme. Et le personnel du SFCA la tenait, c'est sûr. Il suffisait de le voir le jeudi matin pour s'en convaincre, du colonel ou du général au 2ème classe, en passant par le personnel civil, tous allongeant la foulée le long de la Seine. Mais aussi les résultats étaient là: une excellente équipe de football qui arriva même, emmenée par le fougueux directeur adjoint de l'époque**, en demi-finale du championnat de France militaire, une représentation remarquée dans des compétitions de cross-country tant militaires que civiles. La participation, l'enthousiasme, la volonté de tous de concourir à la mission remplie avec brio, même au prix de sacrifices, ont donné au SFCA la faculté d'adaptation nécessaire pour assurer sans faillir le transfert sur Brétigny avec des structures transformées. 

L’esprit de Ris-Orangis s’est perpétué à Brétigny! C'est le seul conservatisme que je pouvais souhaiter! »


Le SFCA fut dissout en 1977, après création du SETAMCA à Brétigny.

* MCH 798 en 1945 puis ECCA 798 en 1954 et SFCA en 1960, avec de nombreuses extensions provisoires: rue St Didier et rue Faidherbe à Paris, antennes à Lille, à Mignères-Gondreville et à Romilly

**Commissaire Henri Louet, alors colonel, futur directeur central