vendredi 3 décembre 2021

Décès de notre doyen, le commissaire général Rame

Nous apprenons avec retard le décès du commissaire général (2S) René Rame (ECA 53) le 18 novembre 2021 à Toulon, à l’âge de 97 ans.

L’Amicale présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.

Le commissaire général Rame a suivi avec intérêt le développement de notre amicale, dont il était membre, et nous a transmis de nombreux articles sur sa carrière, d’un grand intérêt pour la connaissance de l’histoire du commissariat de l’air, tirés de son livre  « L’armée de l’air des années noires » (1). 

Biographie

Né le 8 février 1924 à Monteux (Vaucluse)

09/02/1942 : Engagé volontaire pour 4 ans. Soldat de 2ème classe - Base aérienne d’Orange ; instruction à Roybon puis à Marignane ; servant de batterie au Luc ; 

1942
1942 – 1945 : Secrétaire-comptable sur les bases d’Orange et de Salon (1943), au 2ème Bataillon de défense passive à Limoges (1944), à Toulouse (1944), et au groupe de chasse 2/18 Saintonge en 1945, à Friedrichshafen (FFA). 

Janvier-avril 1946 : Elève aspirant de réserve de l'air - Base aérienne 131 de Montluçon puis au centre d'instruction des élèves aspirants de l'intendance à Draveil (mai-juin 1946) puis à l’école militaire d'administration du service de l'intendance à Montpellier (juillet-décembre 1946)

Décembre 1946- octobre 1948 : DRCA 5ème RA Alger, adjoint au chef du bureau Matériels 

1948-février 1950 : Ecole Militaire de l'Air, Salon-de-Provence, promu aspirant (officier administratif(, le 4 octobre 1948

1950-1954 : base aérienne 724 Fès, régisseur d'avances du Parc 2/724 pour les crédits techniques et comptable- centralisateur des matériels techniques (Parc : unité chargée du ravitaillement, de l'entretien, de la gestion du matériel technique d'une base aérienne) puis officier du matériel puis officier trésorier (1953-1954); sous-lieutenant le 1er octobre 1949 puis lieutenant le 1er octobre 1951,

1954-1955 : ECA Salon-de-Provence (concours lieutenant, rattaché à la promotion 1953)

 1955 - 1956 : CBA 773 Lahr (Bonndorf im Schwarzwald), commissaire lieutenant, adjoint au chef de service

1956-1958 : DCA 1er CATAC  Lahr, chef du bureau organisation - affaires générales, commissaire capitaine le 1er janvier 1957

1958-1961 : CBA 773 Lahr : adjoint au chef de service, commissaire commandant le 1er août 1960

1961-1964 : CBA 766 de Luxeuil, chef de service, commissaire lieutenant-colonel le 1er mars 1964

1964-1967 : DCCA sous-direction matériels- chef du bureau technique 

1967-1969 : CBA 759 Aix-en-Provence, chef de service et directeur du CATA, commissaire colonel le 1er mai 1969

1969-1971 : DRCA 4ème RA  Aix-en-Provence, adjoint au directeur

1971–1973 : Etablissement central du commissariat de l'air n° 797 Chamalières et base aérienne 291, commissaire colonel directeur et commandant de base

1973-1976 : commissaire colonel, conseiller près du commandement des écoles de l’Armée de l’air,   Villacoublay 73-74 puis Tours 74-76

1976-1978 : Direction Centrale du Matériel de l'Armée de l'Air, chargé de mission de surveillance administrative ; promu général le 1er juillet 1978

1er janvier 1979 : Admis en 2è section.

Ordre national de la légion d'honneur Chevalier 30/06/1962 ; Ordre national du mérite Officier 05/10/1973 ; Croix de guerre 1939-1945 28/12/1967 ; Croix du combattant volontaire de la guerre 1939-1945 13/11/1969 ; Titre de reconnaissance de la nation 19/06/1969 ; Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre Maroc 12/10/1956 ; Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 


Un texte écrit en 2003, empreint d’humanité, de sagesse et d’humilité.

« J'ai été recruté par le concours 1954, ouvert aux lieutenants, et rattaché à la promotion 1953. En commençant mon métier de commissaire, j'avais déjà derrière moi 13 ans 1/2 de service. Ma carrière militaire totale a donc été de 37 ans.

Plus de 23 ans (en 2003) après avoir quitté le service actif, il reste une impression de travail intense exécuté au mieux de mes possibilités, d'obstacles, de défis (je crois qu'aujourd'hui, il est de bon ton de dire : challenges) surmontés patiemment, mais réapparus immédiatement sous une autre forme.

Le sentiment d'avoir surmonté des obstacles et surtout celui d'avoir été utile, procurent une certaine sérénité.

En 1941-1942, diverses affiches incitaient les jeunes à s'engager. L'une d'entre elles portait la mention suivante «Le Service Général de l'armée de l'air, si tu aimes le risque et l'aventure». C'était un peu «fort de café» bien sûr, en évoquant le service général, en métropole..[…}

Le métier de commissaire, comme tous les métiers comporte, des risques professionnels : oubli, erreur, sous-estimation de la gravité d'une situation, manque d'anticipation, mauvaise organisation, défaillance d'un subordonné etc. Mais un commissaire, plus que beaucoup d'autres, travaille au sein d'un milieu humain (chefs, subordonnés, services environnants), pour satisfaire des besoins spécifiquement humains, individuels ou collectifs, or la «matière humaine» est une des plus difficiles à manipuler : étonnamment malléable ou cassante au premier contact, parfois imprévisible, immédiatement séduite ou rebelle, ingrate à l'occasion, soumise à des mouvements de groupes, parfois susceptible, gardant obscurément une sourde hostilité, routinière…. Tout cela n'apparaît pas forcément au premier abord et ménage bien des surprises. Les risques sont alors la déception, l'incompréhension, la réticence… avec lesquelles il faut savoir composer. Recueillir l'adhésion, ne satisfaire que partiellement un besoin, demande souvent tact et diplomatie. Le contact, l'approche doivent, selon le cas, être personnalisés. 

Je n'ai pas la prétention de tout connaître, évidemment, car il est bien des domaines où un commissaire, au cours de sa carrière d'administrateur, risque d'être «insuffisant». Il faut notamment des connaissances étendues dans plusieurs domaines. Il faut aussi acquérir, assez tôt, (la nécessité arrive plus vite que l'on ne l'imagine), une hauteur de vue, une maturité, pour saisir «l'esprit» des textes et s'en inspirer, pour savoir discerner où se trouve à long terme, dans des domaines particuliers, l'intérêt des personnes, de la collectivité à laquelle on appartient, du commissariat. Au besoin, il faut savoir faire prévaloir dans son entourage la vue à moyenne échéance, sur la vue à court terme. Les risques d'erreur, de défaillance, d'insuffisance ne manquent pas. On est souvent sur le fil du rasoir. 

Mais à côté de ces difficultés, de ces risques pour reprendre le mot une fois de plus, combien de satisfactions profondes…. »

Commissaire général René Rame


(1) Un commissaire de l’air à Chypre en 1956 (12 mars 2016) ; une carrière de commissaire de l'air en 5 épisodes : « Une carrière de commissaire de l'air » (20 novembre 2019 et 9 janvier 2020), « Commissaire de l'air en CBA » «(16 février et 15 mars 2020), « Commissaire de l'air en direction régionale » (16 avril 2020, « Commissaire de l'air spécialiste des matériels »  (27 avril 2020)