Des commissaires de l’air y étaient
A la fin des années 70, les commissaires de l’air ont commencé à participer aux premières opérations extérieures de l’Armée de l’air en Afrique puis ensuite sur divers théâtres d’opérations. A partir des années 90, ils ont également apporté leur soutien lors des exercices aériens à l’étranger et des missions de représentation de l’Armée de l’air (1). Aujourd’hui, les commissaires des armées sont toujours présents dans ces diverses missions avec les unités de l’Armée de l’air et de l’espace.AVEC LE DÉTACHEMENT
Istres, dimanche 18 février 1990, 6 h 30 Zoulou, plus de 140 pilotes et mécaniciens s'affairent aux derniers préparatifs avant le départ pour la base US Air Force de Nellis, à quelques nautiques de Las Vegas.
Pour rejoindre cette destination, 6 Jaguar, 2 Mirage F1, 1 Transall et 1 Hercules devront passer par l'hémisphère Sud. Cinq étapes sont au programme: Dakar, Recife, Cayenne, Pointe-à-Pitre et Mac Dill AFB en Floride.Embarqué à 7 h 00 à bord d'un des 3 Boeing C.l35 des FAS qui accompagneront le dispositif pendant le convoyage, me voilà quelques minutes plus tard dans les airs. La mission RED FLAG 90.3 vient de commencer.
Seul responsable pour toutes les questions administratives et financières qui se poseront au cours de 50 jours de mission, je prends pleinement conscience que Red Flag sera pour moi une expérience inoubliable tant sur le plan professionnel qu'humain.
Ravitaillements en vol, perçées de couches nuageuses en patrouille serrée…, toutes ces prouesses aéronautiques qui se déroulent sous mes yeux pendant le convoyage ne seront qu'un avant-goût du caractère opérationnel de la mission. En effet, le point d'orgue de l'efficacité opérationnelle sera atteint à Nellis.
Là, au dessus du "Range" qui est la zone de manoeuvre, située en plein désert du Nevada sur une superficie égale à 2 départements français, avions de chasse et transporteurs vont pouvoir voler à très basse altitude et à très haute vitesse afin d'échapper aux systèmes de défense sol air et aux assauts des redoutables chasseurs d’un "Agressors Squadron" (sur F-5), spécialement initié aux tactiques et matériels soviétiques.S'il ne m'a pas été possible de faire un vol en place arrière sur Jaguar pour vivre en direct une offensive sur de véritables objectifs (pistes, blindés…), j'ai pu, à bord de l'Hercules et du Transall, survoler parfois "au ras des pâquerettes" ce champ de bataille aéroterrestre reproduit en grandeur nature.
Contrairement aux chasseurs, la mission des avions de transport n'était pas la destruction d'objectifs mais des largages de caisses "ops" en zone ennemie. Intégrés à l'ensemble d'un dispositif composé d'avions de différentes nationalités française, américaine, anglaise…, les transporteurs devaient faire face également aux menaces air/air des" Agresseurs".
C'est donc dans cette ambiance ultra-opérationnelle que j'ai vécu pendant 7 semaines. Mon rôle de trésorier du détachement a été véritablement celui d'un officier des services au plein sens du terme, c'est-à-dire, au service des "opérationnels" pilotes et mécaniciens.L'exercice Red Flag était marqué cette année par la participation, pour la première fois, d'un commissaire de l’air. J'ai ainsi eu l'honneur et la chance d'inaugurer ce poste. Outre le règlement de nombreux problèmes administratifs ou logistiques inhérents à un détachement de 140 personnes, ma principale mission consistait à être l'interlocuteur unique du détachement auprès du contrôleur
financier (via le Bureau central des déplacements et stages à l'étranger/BCDSE) et du Payeur de France à Washington pour la perception des avances.
L'autre tâche, non moins aisée, était de pourvoir à l'hébergement de l'ensemble du dispositif aux Etats-Unis et pendant les étapes des convoyages aller/retour. Plus de quinze hôtels (civils ou militaires) ont ainsi été réservés et occupés. Si, au Sénégal et aux Antilles Guyane, le soutien apporté par les représentants du Commissariat de l’air ont facilité notre accueil, le règlement de l'hébergement dans d'autres pays a dû faire parfois l'objet de véritables bras de fer pour que les tarifs convenus quelques semaines auparavant soient appliqués.Le dimanche 8 avril, le détachement se posait à Istres, l'exercice Red Flag 90.3 prenait fin. Depuis, mon esprit est encore habité de mille souvenirs d'avions, de décors grandioses tels que le Grand Canyon, la Vallée de la Mort, … sans oublier les lumières de Las Vegas et les démons du jeu.
C'était vraiment l'Amérique. »
Commissaire lieutenant Roger
(1) Avec la Patrouille de France principalement. Voir nos articles de mars et juin 2017
A DAKAR
« Les 18 et 19 février 1990, l'ensemble du Détachement Air 160 accueillait le Dispositif Red Flag, dans sa longue route vers les Etats-Unis.Ce passage était l'occasion pour les éléments "Air" des Forces Françaises du Cap-Vert de mettre en lumière leur savoir-faire et leur efficacité dans ce qui demeure leur mission principale: l'accueil et le support d'unités en provenance de métropole.
Toutes les unités du Détachement Air furent mises à contribution pour assurer le ravitaillement, la protection et l'accueil, charges pesant surtout sur la Section Protection, les Moyens Opérationnels et les Moyens d' Administration.
Ces derniers s'étaient mobilisés pour réaliser le change de francs français en francs CFA, pour permettre le remplacement éventuel d'effets PN et, surtout, pour assurer la nourriture et l'hébergement de 139 passagers, malgré d'importants travaux limitant sensiblement la disponibilité des infrastructures existantes.
L'utilisation de la micro-informatique pour la réalisation d'un plan rationnel d'hébergement n'a sans doute pas été étrangère au succès de ces journées. En effet, les nombreux visiteurs se sont déclarés très satisfaits de l'efficacité de l'accueil reçu. »
Commissaire sous-lieutenant Bellard