vendredi 29 janvier 2021

1991 : La DCA FATAC support des éléments «air» de l'opération Daguet

 (commissaire Bardot – BLCA 33 - juin 1991)

En complément à l’article récemment diffusé portant sur la préparation de l’opération Daguet sur la base aérienne de Saint Dizier, voici le volet régional de cette importante préparation des moyens Commissariat.

« Plus de 1 500 personnes de l'Armée de l'air, toutes spécialités confondues, ont pris part à l'opération Daguet, que ce soit sur les bases aériennes d'AI Ahsa et de Riyad, à l'Etat-major Inter Armées (EMIA) ou auprès de la division Daguet et des états-majors alliés.

Pour satisfaire leurs besoins dans le domaine «vie» (finances, matériels, restauration, etc.), les services administratifs et de restauration présents sur place se sont mobilisé en permanence.

Mais certains besoins, souvent évolutifs, n’ont pu être satisfaits qu'à partir de la métropole : ces moyens «vie» ont été mis en oeuvre avant tout par la Direction du commissariat de la Force aérienne tactique - 1ère Région aérienne (DCA FATAC 1°RA) implantée à Metz, avec le soutien des bases aériennes et l'appui de la Direction centrale du commissariat de l'air ...

Dès le déclenchement de l'opération (septembre 1990), il fallut faire des choix pour une mise en place rapide des moyens. Il fut très vite décidé de constituer sur place une base aérienne à l'image de celles qui existent en métropole. Reproduire une structure bien connue de l'Armée de l'air ne pouvait qu'offrir des garanties de rationalité et d'efficacité : on disposerait, notamment dans les domaines relevant du commissariat, peu ou prou de la même organisation et des mêmes spécialistes qu'en France. Atout supplémentaire, la désignation prioritaire - quand ce fut possible - de personnels ayant déjà une expérience des opérations extérieures ou de l'outre-mer - et il est vrai, dans les débuts, «originaires» de la 1 ° Région aérienne.


Quelle serait la taille de la base aérienne retenue ? Là, les hypothèses - et les graphiques - n'ont pas manqué de se multiplier, en fonction des effectifs à mettre en place et des lieux de stationnement retenus ! Les besoins initiaux calculés pour 300 personnes ont fini par atteindre 500 puis 700 personnes.

Mais, dès la décision définitive prise de s'installer à AI Ahsa, et au vu des renseignements fournis par le commissaire de l'air faisant partie de l'échelon précurseur dépêché sur place, il s'agit de mettre réellement sur pied ex nihilo une structure commissariat.

Cela passait, outre la mise en place de moyens financiers, par un envoi de matériels de campagne, de produits alimentaires (eau, rations de combat) et d'hygiène de première nécessité, et devait faire l'objet, les 20 et 21 septembre 1990, à l'escale aérienne militaire de la base aérienne de Metz, d'un ballet de plus de quarante camions livrant les 138 tonnes et 975 mètres cubes de matériels qui devaient s'envoler ou être embarqués par la voie maritime dans les tous premiers jours.


Les bases aériennes de AI Ahsa et Riyad créées, leurs structures commissariat (trésorerie, service matériels, ordinaire spécial d'opérations) bien rôdées, des besoins multiples n'en subsistaient pas moins qui ne pouvaient être satisfaits que depuis la métropole.

Pour collationner ces besoins et y répondre, il a fallu créer la Section de Soutien Logistique (SSL) Commissariat Daguet, véritable «cordon ombilical» entre Metz et Al Ahsa ou Riyad, rattachée pour emploi à la DCA FATAC 1ère RA et animée par cette dernière. Les demandes exprimées aboutissaient donc à la «SSL» de Metz qui, procédait à des achats dans le commerce, puis entrait en liaison avec les unités chargées du transport pour l'expédition du fret rassemblé.

Il est vrai que les demandes exprimées étaient évolutives, que ce soit quantitativement ou qualitativement. Il y eut un réajustement des besoins financiers de la base d'AI Ahsa ou l'acquisition de l'autonomie financière par la base de Riyad afin de disposer elle aussi d'un budget de fonctionnement (BF), mais aussi le rattachement de l'hôpital de transit de Riyad à la base, qui en a assuré ensuite le support vie, sans oublier le renouvellement des tenues NBC portées souvent et dans des conditions difficiles, dans un contexte de menace chimique réelle.

Le personnel des services administratifs à Al Ahsa

S’agissant du support logistique commissariat air de l'opération Daguet, la FATAC 1ère RA a, une nouvelle fois, prouvé sa capacité de réagir et de s'adapter. De plus, le suivi effectif du fonctionnement de la «SSL Commissariat » par la direction a été riche d'enseignement pour ce type d'opérations.

C'était seulement à un niveau de synthèse comme celui d'une direction régionale qu'il était possible d'élaborer, vite, plusieurs hypothèses logistiques commissariat, de décider, vite, du prélèvement des matériels sur les bases aériennes dont on savait qu'elles en disposaient, et de répercuter, vite, à l'échelon central, les propositions d'adaptation, voire de modification, de la réglementation, formulées par les éléments «air» engagés en Arabie Saoudite.

Mais il faut aussi souligner le travail quotidien des services matériels des bases aériennes et des établissements ravitailleurs du commissariat pour répondre au mieux aux demandes répercutées par la «SSL». Dans un rôle obscur mais capital pour le bon déroulement des opérations, le personnel des établissements et des bases a fait preuve d'une extrême disponibilité et d'une grande efficacité pour préparer, allotir ou convoyer les mètres cubes de matériels. L'Armée de l'air a su par ailleurs tirer profit des enseignements acquis, année après année, des exercices durant lesquels ses bases ont été souvent amenées à «desserrer» et installer une partie de leurs éléments en campagne, sur le terrain.    

Le personnel SRH à Al Ahsa (le cre cdt Bourdeau, chef des SA, au centre)

Conclusion : l'organisation mise en place à Daguet s'est traduite par une continuité entre le temps de paix et le temps de guerre, dans le domaine de l'organisation.  Puisse ce principe, qui une nouvelle fois a fait la preuve de son efficacité, être maintenu dans les nouvelles structures du plan «Armées 2000». »