Bien qu’ayant un caractère historique, ce bâtiment a été détruit lors de la construction du Balardgone et des immeubles de bureaux contigus dans la partie appelée aujourd’hui « Corne ouest ».
En 1971, le SACA a quitté ce bâtiment pour se rapprocher de la DCCA et s’est installé au 2è étage du Bâtiment F.Mais faisons d’abord un rapide retour historique sur cette zone située entre l’héliport d’Issy-les-Moulineaux et le 15è arrondissement, encadrée par le périphérique, des voies de chemin de fer (Paris -Versailles et Paris-La Défense) et le boulevard des Maréchaux.
Un article de 2008 du lcl (R) Géhan de l'ANORAA nous rappelle ce qu'était cette zone militaire avant l'implantation du ministère de l'air et de la direction des constructions navales (2).
C'est un élément de fortification, construit en avant du mur d'enceinte pour permettre des tirs latéraux le long de celui-ci.
La fortification moderne de Paris (19 siècle) était un mur bastionné englobant les anciens faubourgs et une partie des terres maraîchères ainsi que des sites industriels ou portuaires, comme par exemple Javel. Il y avait 90 bastions dont le n° 1 existe encore partiellement sur la rive droite entre le périphérique est et le Pont National près de Bercy. Le n° 90 était en face sur la rive gauche. Les portes étaient placées entre deux bastions, dans la courtine. A l'intérieur de cette enceinte, on a construit un boulevard de desserte dont les sections successives ont pris le nom de maréchaux illustres, et un chemin de fer (petite ceinture).
Mais à Balard c'est un bâtiment "ordinaire", pourquoi l'appeler "Bastion" ?
Dans certains bastions, étaient construits des bâtiments, casernes de garde (il en reste une Porte de Plaisance) ou d'octroi, comme justement ici à Balard. On y voit encore l'emplacement du pesage pour les voitures.
En quittant Paris par l'aval, au Point-du-Jour à Billancourt, la Seine était encadrée des bastions 67 sur la rive droite et 68 sur la rive gauche. Le bâtiment qui accueille l’ANORAA [en 2008] est dans l'ancien bastion 68, et porte la même désignation. Grâce à une bonne idée, il porte aussi le n° 68 dans le plan de masse.
Le bassin d'essais des carènes (3) a été installé dans le bastion 69, qu'il a "digéré". Devant ce bastion était le stand de tir de la base, aujourd'hui détruit mais durablement rappelé par le monument commémorant les exécutions effectuées, ici, par la Gestapo (4). La porte de Sèvres était entre les bastions 69 et 70, la porte d'Issy entre les 70 et 71. Les intervalles entre les voies et les bastions, dans les courtines, ont été occupés, porte de Sèvres par le siège de la DCN et en face un groupe de logements de la ville de Paris, et porte d'Issy par l'école sup-aéro et le premier musée de l'air (maintenant ENSTA et bâtiment 28)(2). D'autres bâtiments étaient construits le long de l'avenue de la Porte d'Issy et à l'est de l'aérodrome, sur lequel était par ailleurs installée la BA 117 de Paris Issy.
Sur l'emplacement du bastion 70 (5) ont été construits les bâtiments 21, 22, 23, 24, 26, et la place d'armes. Le bâtiment 27, construit antérieurement devant le fossé, a un arrière oblique. Enfin, un garage et des services de soutien étaient installés dans le bastion 71, entre porte d'Issy et porte de Versailles (maintenant parc des expositions).
La "Cité de l'air", édifiée à partir de 1934, a permis de regrouper le ministère de l'air, en utilisant des bâtiments situés à l'est et au sud du bastion 70, et en en construisant de nouveaux sur son emplacement. Le "département de l'air" (aviations civile et militaire) et les constructions navales occupaient donc ici les bastions 68, 69, 70, 71, et leurs abords.
Et il y en avait d'autres ?
Avant d'être regroupés Boulevard Victor, les services de l'air occupaient une quinzaine d'immeubles dans Paris. Le ministère était 35 rue Saint Didier (BA 280 Paris Ville). Et aussi les bastions 43 (aux Batignolles), et 64 (vers le Parc des Princes).
C'est le dernier existant ?
Le "Bastion 68", dit "Vieux Bastion" est le plus ancien bâtiment dans l'ensemble "Balard". Il est bel et bien le dernier "bastion" de l'aéronautique à Paris, au sens littéral du terme. »
Lcl (r) Géhan
(Bulletin n°32 - octobre 2008 - ANORAA Secteur de Paris)
(1) Arrêté du 6 octobre 1966 relatif à l’organisation du service du commissariat de l’air et IP n°42/A/DCCA/3/9 du 12 janvier 1967; les premiers directeurs : commissaires colonels Ferlicot (1966-1969) et Thurel (1969-1972)
(2) voir aussi notre article "L’éphémère ministère de l’air et le site de Balard"(décembre 2017)
(3) Egalement détruit lors des travaux dans la "parcelle Valin"
(4) Une plaque commémorative a été apposée en 1961 puis remise en place après la construction du nouveau ministère
(5) Aujourd'hui "parcelle Victor"
