Chacune de ces armées se distingue par une identité bien marquée et, dès lors, des besoins spécifiques.
L’enjeu pour le soutien est donc de répondre le plus justement possible aux attentes des soutenus, qui diffèrent en fonction de leurs missions et des contraintes opérationnelles, en tous temps, tous lieux et toutes circonstances.
CONNAISSANCE DU MILIEU
L’armée de l’Air assure sans discontinuité ses missions permanentes et opérationnelles sur ou à partir du territoire national :
• Missions de sûreté aérienne afin d’assurer la protection de l’espace aérien national.
• Mise en oeuvre de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire.
• Missions de projection de puissance et de forces, missions d’assistance, de protection des populations ou de renforcement des services publics.
Les capacités de réactivité et de montée en puissance constituent en outre les principales caractéristiques de l’arme aérienne. Elles nécessitent donc des organismes de soutien en phase avec les spécificités du milieu aérien et avec les impératifs inhérents aux missions confiées à l’armée de l’Air.
Le soutien spécifique « Air » répond à des exigences de réactivité, de permanence et de résilience
Dans chacune de ses missions de conseil au commandement, de maîtrise des activités, d’administration et de soutien aux forces, le Commissariat des armées doit répondre aux besoins de réactivité, de permanence et de souplesse d’emploi qu’impose une armée de l’Air en constant engagement, y compris dans des opérations directement depuis la métropole.
Une base aérienne (BA) est un système de combat qui se doit d’être très réactif. Et l’activité opérationnelle suppose, par définition, la disponibilité des moyens techniques et humains associés.
À l’exemple d’autres bases aériennes, la BA 105 d’Évreux « Commandant Viot » abrite des unités opérationnelles susceptibles de décoller sur de très courts préavis. En outre, la durée de leurs missions est parfois longue et souvent rajustée en fonction des exigences opérationnelles. Cette donnée implique des processus de soutien solides et linéaires, 365 jours par an, 24h/24. Concrètement, en matière de trésorerie par exemple, cela peut impliquer d’importantes avances en devises.
BA 123 Orléans |
En effet, son groupement de soutien (GSBdD) est en appui de la direction centrale du service national, de la direction des approvisionnements en produits de santé des armées, du 12ème régiment de cuirassiers (à Olivet), du centre national de soutien opérationnel de la DIRISI, ainsi bien sûr que de la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy, sans oublier l’élément Air rattaché de Châteaudun. Elle intègre également parmi ses unités la flotte des tous nouveaux A 400 M, ainsi que deux des trois unités de forces spéciales que compte l’armée de l’Air !
Le soutien doit donc être capable d’assurer ses missions en continu, dans la durée, tout en coordonnant des logiques différentes.
La complémentarité entre la base aérienne et le GS dans la résolution des dossiers contribue à garantir ce soutien de qualité. Sur la BA 123, le personnel du « bureau interface des soutiens / maîtrise de l’activité » (BISMA) se présente comme le prescripteur au même titre que le GSBdD en est l’opérateur avec l’appui de tous les acteurs de la chaîne organique du SCA.
Le BISMA centralise les besoins, les trie, les valide avant de les adresser au GSBdD.
L’innovation permet de faire face aux enjeux logistiques posés par les bases aériennes
DES BASES AÉRIENNES ÉTENDUES, NÉCESSITANT DES MODES DE DÉPLACEMENT ADAPTÉS
Les bases aériennes sont l’outil de combat de l’armée de l’Air. Les missions qui leur sont dévolues sont donc principalement réalisées sur ces sites qui, pour l’essentiel, sont des « plates-formes » caractérisées par la présence d’une piste autour de laquelle sont historiquement souvent disséminées les unités opérationnelles et de soutien afin d’en limiter la vulnérabilité.
Une telle structure implique une séparation marquée entre la zone « opérationnelle » et la zone « vie », induisant des contraintes permanentes de mobilité de l’une à l’autre.
Les extensions de distances entre lieux de travail et lieu de restauration des aviateurs ont conduit à la mise en place de moyens de locomotion internes aux BA.
Le GS d’Évreux par exemple, qui se trouve sur une emprise de 800 hectares, a officiellement lancé le service «E-chauffeur » dans cette optique. Il s’agit d’une application permettant de mettre à disposition des soutenus une voiture et un chauffeur, pour les déplacer d’un point A à un point B de la base. Deuxième « start-up d’État » du ministère des Armées et première co-pilotée par le SCA, «E-chauffeur» est accessible à tout le personnel de la base dans le cadre de ses missions professionnelles.
NASC BA 107 Villacoublay |
DES SITES OPÉRATIONNELS, IMPLIQUANT UNE ADAPTATION DES MODES DE RESTAURATION
L’activité opérationnelle dépasse le cadre des heures ouvrables, nécessitant une posture adaptée au milieu, définie demain dans un « Protocole de milieu » propre au soutien de l’armée de l’Air. Les activités opérationnelles, de par leur nature et l’éloignement entre les unités opérationnelles et le lieu de restauration de la base aérienne, peuvent imposer de prévoir des offres de service de restauration particulières afin de « faire face » aux imprévus.
Trois exemples de cas particuliers à l’armée de l’Air :
1. La mise en place de repas et de compléments alimentaires adaptés au personnel assimilable «hyperactif » selon les critères SCA, dûment identifié par une directive de l’armée de l’Air (personnel navigant en premier lieu).
2. Un soutien hydrique effectif pour le personnel de maintenance et de sécurité aéronautique qui évolue aux abords des pistes, dans les hangarettes, hangars d’escadrons et autres bâtiments dépourvus d’eau potable. Dans le cadre de la distribution des compléments alimentaires, le soutien doit organiser leur ravitaillement en eau de boisson (bouteilles d’eau, fontaines à eau, etc.).
Juin 2018 BA107 Distributeur de pizzas |
Un système RH adapté à la spécificité des missions et de l’organisation de l’armée de l’Air
Les spécificités des missions et de l’organisation de l’armée de l’Air impliquent très logiquement qu’une partie du corps des commissaires des armées ait un « ancrage air ». Cet ancrage est le fruit d’une formation spécifique, d’une acculturation et au total d’un parcours de carrière comprenant plusieurs affectations au sein de l’armée de l’Air, dont en soutien des bases aériennes.
UNE FORMATION INITIALE ADAPTÉE AUX PARTICULARITÉS DU MILIEU AÉRIEN
Lors de leur scolarité à l’école des commissaires des armées, l’ECA à Salon-de-Provence, les commissaires d’ancrage « air » bénéficient, en lien avec l’École de l’Air, d’une formation militaire et aéronautique initiale leur permettant d’appréhender les particularités du milieu aérien. Des enseignements académiques et pratiques spécifiques, notamment en droit aérien et spatial, leur sont également dispensés. Enfin des stages longs sur bases aériennes ainsi qu’au sein des commandements et directions de l’armée de l’Air les préparent à leurs premiers emplois d’ancrage.
UN PARCOURS DE CARRIÈRE VISANT À « ANCRER » LE COMMISSAIRE
Le parcours mis en place par le SCA et l’armée de l’Air permet « d’ancrer » le commissaire, en l’inscrivant dans un cursus comprenant une première affectation au sein du BISMA d’une base aérienne, puis par la suite un poste de chef de pôle commissariat et plus tard de chef d’un groupement de soutien d’une base de défense comprenant une base aérienne.
Sur désignation de l’EMO-SCA, après accord de l’employeur, les commissaires de l’ancrage « air » peuvent participer à des exercices interalliés avec les détachements air et être projetés en opérations extérieures en soutien aux bases aériennes projetables (BAP) ou intégrés aux commandements de forces.
Le DCSCA et le CEMAA (UED 2018) |
Enfin, des postes de haut niveau en administration centrale (état-major de l’armée de l’Air, direction des ressources humaines de l’armée de l’Air) ou au sein des grands commandements de l’armée de l’Air (commandement des forces aériennes, CDAOA) permettent de valoriser le parcours d’ancrage en deuxième partie de carrière.
Ainsi, porteurs d’une culture à la fois administrative et aéronautique, les commissaires d’ancrage air apportent toute leur expertise, tant dans les domaines relatifs à l'administration générale et au soutien commun que dans ceux de l’aide à la décision liée à la conduite des opérations, de la maîtrise des activités ou de la préparation de l’avenir.
UNE GESTION DES AVIATEURS EMPLOYÉS PAR LE SCA VISANT À RENFORCER LA PERFORMANCE DU SOUTIEN
Si le SCA concourt directement à la réalisation des missions de l’armée de l’Air et au soutien du commandement local, il est naturel que de nombreux aviateurs servent au sein de ses unités. C’est en particulier le cas dans les GSBdD qui sont en soutien des bases aériennes. Cette proximité dans l’action est de nature à renforcer les synergies et la performance du soutien.
L’intégration de ces aviateurs se fait à tous les niveaux, même si la plupart d’entre eux sont bien sûr des sous-officiers spécialistes de l’administration.
Remerciements à la DCSCA – revue Soutenir n°12 octobre-décembre 2019 ; photographies EMA, AA- SIRPA AIR, SCA (UED 2018), BA123, Thierry Bougot (BA123), Timothée Baudry (Villacoublay juin 2018)