vendredi 8 novembre 2019

Moult me tarde*

Par le commissaire général (2S) Hervé de Laage de Meux

Devant le palais des ducs de Bourgogne
Nul n'osera dire que le projet n'était pas prémédité tant nous en avions précédemment parlé, mais, chacun le sait, l'harmonisation des agendas de ceux qu'il est sévèrement convenu de qualifier d'inactifs est loin d'être aisée. Pourtant, ce coup-là fut le bon et, à partir d'une conversation engagée en marge de la visite du Tribunal de Paris, moins d'une demi-journée suffit à se mettre d'accord.

Ça y est, tous les feux étant au vert, le 23 octobre 2019, Michel Barbaux (ECA 72), Marc Folscheid, Jean-Louis Pons et l'auteur du présent billet (tous ECA 73, promo impaire) convergeront donc à Dijon pour y retrouver Jean-Louis Pivel.

Celui-ci, visiblement enchanté par la perspective, déclara qu'il prenait tout en main. Ce fut le cas et on n'eut pas à le regretter.

Fils (ECA73) et père (ECA72)
La matutinale heure des retrouvailles en gare de Dijon contribua indubitablement à l'immédiate adhésion des quatre visiteurs à la mise en œuvre de la première étape du « Plan Pivel » (non sans quelque malice, Michel Barbaux laissait entendre qu'une note de service avait été élaborée), le petit déjeuner des retrouvailles. Celui-ci, conformément à sa finalité, nous permit de reprendre des conversations dont nous eûmes tous, d'ailleurs, le sentiment qu'elles n'avaient jamais été interrompues mais aussi d'échanger quelques nouvelles sur le nombre de nos petits-enfants, nos activités de retraité et les quelques misères que nous réserve parfois la santé.

Il n'en manque qu'un
Deuxième paragraphe de la note de service (c'est toujours Michel Barbaux qui parle), visite de Dijon sous la houlette de notre Jean-Louis. Expert intarissable de sa ville, notre ami résident ne nous laisse rien ignorer de la Cathédrale Sainte Bénigne, du Théâtre des Feuillants, du Palais de Justice et du magnifique Palais des Ducs et des États de Bourgogne. A cela, il convient d'ajouter tout ce dont nous ne saurions totalement nous souvenir mais que Jean- Louis sut, avec un plaisir non dissimulé, nous signaler en terme de ruelles, de maisons de maître et de cours intérieures.
Les témoignages personnels ne furent pas écartés et je ne considérerai plus la Place de la Libération sans me remémorer que c'est ici que Jean-Louis et ses parents étaient venus apercevoir Khrouchtchev au début des années soixante. Un temps plus intime nous fut offert au moment de toucher de la main la petite chouette de la rue du même nom et de garder pour nous le vœu qu'à cet instant nous formulions.

Troisième temps, Soutien de l'Homme exige, notre toujours aussi performant commissaire Pivel nous avait réservé une table dans un charmant restaurant du quartier historique. Spécialités locales, kir et vin de Bourgogne produisirent alors un effet dépassant toute attente et, tout à coup, le temps choisit de faire un bond en arrière de plusieurs décennies. Mystérieusement, nous fumes transportés dans la FATac du début des années quatre-vingt où chacun se revit tentant de gérer, dans le stress, telle ou telle situation, aujourd'hui totalement improbable, ou bien recevant les reproches ou les encouragements de tel ou tel chef de l'époque pour qui nous ne concevons plus aujourd'hui qu'un affectueux souvenir.

In vino et moutarda veritas
Cet étrange glissement spatio-temporel n'avait pas vraiment fini de produire ses effets que Jean-Louis, également gardien des horloges, nous invitait à rejoindre le splendide Musée des Beaux-Arts dont Dijon peut s'enorgueillir. Si les impressionnistes et quelques autres peintres de la fin du 19ème siècle surent réveiller, chez la plupart, un sens artistique que la pause méridienne avait quelque peu émoussé, en revanche l'exposition Yan Pei-Ming ne parvint pas vraiment, quant à elle, à extraire certains d'entre nous de leurs meilleurs souvenirs avec l'un ou l'autre de ces personnages marquants ou originaux de ces temps salonnais, lorrains ou boulevardvictoriens que les moins de vingt ans.....

Mais, voilà, tout a une fin et les moments qui la précèdent en sont d'autant précieux. L'heure du train retour vers Paris approchant, il fut cependant décidé de ne pas la laisser s'imposer en organisant un dernier moment partagé. Mais, c'est vrai, le jus de fruit, le Perrier et le café n'avaient déjà plus tout à fait le même goût. Et puis, il fallut dire au-revoir à Jean-Louis, le remercier pour ces si bons moments et ainsi se séparer, heureux de cette belle journée d'amitié et convaincus qu'en dépit des ans rajoutés, nous étions bien toujours les mêmes.

 *Devise de Dijon