jeudi 21 février 2019

5 ans du corps en 2018 : une identité commune

par le CRGHC Stéphane Piat, directeur central du commissariat des armées
29 novembre 2018

"Permettez-moi tout d’abord, madame la ministre, de vous remercier très sincèrement pour votre présence parmi nous ce matin. Elle honore l’ensemble du corps des commissaires et marque, je crois, l’intérêt particulier que vous portez aux fonctions que nous exerçons.

Je voudrais bien sûr également remercier l’ensemble de nos invités qui sont venus s’associer à cet événement important de la vie du corps des commissaires des armées, à savoir la célébration de ses cinq premières années d’existence. C’est encore bien jeune, mais comme pour tout organisme vivant, ces premières années sont celles de tous les dangers. C’est pourquoi, sans sous-estimer les difficultés à venir, il m’a semblé opportun de marquer ce moment pour mesurer le chemin parcouru et évoquer celui qu’il nous reste à couvrir. Je vous remercie donc toutes et tous, pour votre présence qui me touche, qui nous touche. Je veux y voir un acte de camaraderie, de soutien amical, de proximité et d’unité dans nos actions quotidiennes au service des hommes et des femmes de ce ministère.


Je veux tout d’abord saluer ceux sans lesquels ce corps ne serait pas – ou serait très différent. Car en dépit de l’existence d’un service du commissariat devenu interarmées en 2010, les choses n’allaient pas de soi en 2013 pour regrouper les commissaires en un seul corps. D’aucuns voyaient dans le maintien de corps distincts l’assurance de préserver les logiques d’armées et de milieux.

Il aura fallu la clairvoyance du cabinet de l’époque, notamment de son directeur adjoint, le CGA Jean-Paul Bodin, la force de conviction de mon prédécesseur, le commissaire général Coffin (auquel j’attribue volontiers le  qualificatif de De Gaulle du Commissariat), et l’engagement de son adjoint, le commissaire général Laroche de Roussane, devenu depuis inspecteur du Commissariat, pour que le corps des commissaires des armées prenne vie.

Comme vous le savez, notre famille s’est réunie en deux temps : d’abord par fusion des trois corps historiques de commissaires en 2013, regroupant environ 1000 commissaires, puis par intégration des corps techniques et administratifs des trois armées, du SSA et de la DGA en trois vagues successives de 2014 à 2016, pour réunir in fine environ 1800 commissaires dans le corps tel qu’il est aujourd’hui. Je voudrais tirer un grand coup de chapeau à tous ceux, et ils se reconnaîtront, qui ont contribué à la réussite de cette manœuvre exceptionnelle dans l’histoire récente de notre ministère, par son rythme et son ampleur.

Je voudrais également dire à ceux qui ont pris cette décision qu’ils ont eu raison : ce mouvement allait dans le sens de l’histoire pour au moins trois raisons :

• la première est qu’il donne au ministère les moyens d’engager une transformation en profondeur de son administration militaire, en disposant d’un corps unique de direction et de conception dédié à cette fonction ;

• la deuxième est qu’il met en cohérence l’organisation de l’administration militaire devenue interarmées et la ressource humaine en charge de l’animer ;

• la troisième, et non des moindres, est qu’elle offre à chaque commissaire un spectre d’emplois possibles considérablement élargi, renforçant ainsi l’intérêt de notre métier.
Je voudrais maintenant rassembler les commissaires autour d’une identité et de valeurs communes.
Selon moi, l’ADN de notre communauté se caractérise par trois mots : racine, militarité et expertise.


L’HISTOIRE DES COMMISSAIRES N’A PAS DÉBUTÉ EN 2013

Entre le commissaire des guerres de Jean le Bon en 1351 et le commissaire des armées de 2018, se sont succédé quelques épisodes qui ont forgé les fondamentaux de notre corps. Colbert et l’intendance de la Marine, Napoléon et le train des équipages, l’intendance de l’armée de Terre au début du XIXe siècle, les trois commissariats d’armée et les corps techniques et administratifs au XXe siècle.

Autant de services et de structures qui ont été servis par nos anciens : les intendants, inspecteurs aux revues, commissaires de la Marine, de l’Air, de l’armée de Terre, officiers d’administration qui pendant toute cette période ont œuvré auprès des forces, à l’intersection des mondes du commandement, du pouvoir politico-administratif et du secteur marchand pour solder, nourrir, équiper, transporter les armées françaises et les accompagner dans leurs combats qu’ils soient ou non victorieux. Nous pouvons, nous devons porter avec fierté cet héritage. Il nous enseigne la nécessité de l’engagement, du professionnalisme, de la proximité avec le combattant, de l’adaptation permanente à son environnement pour remplir une mission de soutien essentielle aux forces et à leur résilience.

Les récentes commémorations du centenaire de l’Armistice sont là pour en témoigner et, comme l’a fait récemment le CEMAT pour l’armée de Terre, je suis convaincu qu’il y a matière à étudier en quoi le soutien du Poilu peut être source d’inspiration pour le soutien de nos forces en 2018.

Nos racines, ce sont aussi les spécificités de chaque milieu. Chacun a ses références et sa propre culture. Pour y répondre, le corps a été organisé par ancrage et le restera. C’est un enjeu d’efficacité et d’attractivité, c’est ce qui donne du sens au métier de l’administration militaire en nous rapprochant de la finalité de notre action.
Ces ancrages ne s’opposent en rien à la constitution d’une identité commune qui me semble, après ces cinq années, déjà bien affirmée.

LE DEUXIÈME ÉLÉMENT DE NOTRE ADN, C’EST LA MILITARITÉ

Nous sommes avant tout un corps d’officiers, ce qui emporte l’ensemble des attributs de ce statut dont l’obéissance et le commandement. C’est bien ce que viennent chercher les jeunes femmes et jeunes hommes qui rejoignent nos rangs et qui auraient pu exercer leur talent dans un autre environnement parfois bien plus lucratif.

La finalité de notre action n’est pas ambiguë. Elle est tournée vers l’engagement opérationnel de nos forces, leur résilience et l’appui de leur préparation opérationnelle. Il faut en tirer toutes les conséquences. La subordination du Service du commissariat au CEMA s’inscrit dans cette logique.

Certains peuvent encore penser que l’administration militaire c’est un peu comme la prose de monsieur Jourdain et que tout officier dispose naturellement au fond de son sac d’une aptitude à l’exercer. Force est de reconnaître que ça n’a jamais été vraiment le cas et que le besoin d’expertise ne fait que se renforcer. Si le soutien se simplifie pour l’usager, sa conception et sa mise en oeuvre sont et seront de plus en plus complexes.

La modernisation de l’administration militaire passe donc par des commissaires disposant d’une connaissance approfondie des métiers de l’administration militaire, capables d’intégrer le formidable dynamisme de la société civile dans les secteurs duals de notre activité, et capables de porter la singularité de la mission des armées dans la dimension interministérielle.

Je pense pouvoir affirmer que les commissaires sont aujourd’hui au rendez-vous de ce besoin de compétence, tant la demande des employeurs sur ce type de « produits » est forte.

Cette compétence, c’est aussi l’engagement au quotidien des commissaires pour maintenir debout un dispositif d’administration générale et de soutien commun fortement ébranlé par les suppressions de postes subies pendant une décennie, jusqu’à l’actuelle LPM 19/25 qui ouvre enfin le temps de la consolidation.

COMMISSAIRE EN 2025

Comme tout organisme vivant, le corps des commissaires doit continuer à se transformer pour répondre à l’évolution des besoins des armées.

Nous sommes porteurs d’un héritage riche et qui nous oblige, mais nous devons le faire fructifier dans l’intérêt de notre ministère et celui des membres de notre corps. C’est mon souhait et mon ambition, je crois que c’est aussi la vôtre. J’ai souhaité que nous puissions aborder ensemble ces évolutions à l’occasion de treize Rencontres territoriales organisées au printemps dernier au cours desquelles j’ai pu échanger avec beaucoup d’entre vous. Pour moi, il ne s’agissait pas d’un simple exercice de style mais bien de discussions et de partages fertiles sur les problématiques majeures d’un corps de 1 800 officiers. Ce faisant, mon objectif était de disposer en direct de votre ressenti, de vos préoccupations et de vos idées afin d’être en mesure de rénover notre politique RH pour les années à venir sur la base d’éléments concrets.

L’exercice a été fructueux et me permet de poser aujourd’hui cette politique à horizon 2025.
Son objectif est simple : donner envie de rejoindre ce corps, de s’y épanouir, d’y progresser…et, bien sûr, répondre mieux encore au besoin des employeurs.

Baptisée « Commissaires en 2025 », cette politique sera déclinée sur quatre axes majeurs :
le renforcement de l’identité ;
• le développement des compétences ;
• la dynamisation des parcours professionnels ;
• la valorisation du capital humain. 

Le plan « Commissaire en 2025 » viendra appuyer la politique de modernisation de l’administration militaire et les chantiers ministériels de la transformation publique dans lesquels les commissaires ont un rôle important à jouer."

(Revue du SCA - Soutenir - Hors série janvier 2019- texte, photos et dessin)





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