mardi 16 mai 2017

Echos du SCA : Le soutien à la personne en OPEX

Les unités aériennes étant par définition stationnées sur une plate-forme, le commissariat de l’air a été dans l’obligation, depuis la première OPEX en Afrique en 1978-79 puis sur d’autres continents, d’être à la pointe pour la mise en œuvre du soutien à la personne sur plate-forme permanente. Avec bien sûr les nécessaires adaptations aux contraintes de l’époque, notamment l'absence d'externalisation et des capacités de transport réduites imposant un ravitaillement local, contrairement aux possibilités d’aujourd’hui.

Quarante ans ont passé. Focus sur le soutien de l’homme (SH) sur site, assuré aujourd’hui par le SCA. Les méthodes et les matériels ont pu évoluer, mais l'esprit est demeuré le même : soutenir le mieux possible les hommes et les femmes en opérations.
(extraits de la revue du SCA « Soutenir » n°1)


 COMPOSITION D’UN MODULE DE GESTION DE SITE

1 Service général :
Application des règles de vie en communauté, du respect des règles de sécurité routière, de l’accès aux installations du personnel civil de recrutement local, de la collecte des ordures ménagères, du nettoyage des locaux et des sanitaires, de l’enlèvement des eaux usées, du suivi des marchés de dératisation et de désinsectisation ainsi que l’entretien du parc d’extincteurs.

2 Hébergement :
• Prise en charge du personnel permanent et de passage.
• Responsabilité des zones d’hébergement (répartition, volumes) et du matériel du commissariat des armées (tentes de stationnement, effets de couchage, climatiseurs...).
• Gestion des laveries.

3 Magasin d’approvisionnement courant :
Stockage et distribution des équipements courants (matériel de bureau, produits d’entretien, petit électroménager…) aux unités et détachements.

4 Groupe « EDCH » (eau destinée à la consommation humaine) :
Près de 40 000 litres sont livrés quotidiennement, essentiellement pour les douches et les sanitaires.

5 Vaguemestre


LE SOUTIEN À LA PERSONNE
Un éventail de services permet la régénération du personnel en opération. Mis en oeuvre par le commissariat des armées, ces services sont essentiels à la condition du personnel en opération (CPO) et participent au lien avec les proches :

• Internet et téléphonie : ces prestations sont accessibles soit dans des endroits ad hoc (cyber espaces, cabines téléphoniques), soit par le biais de réseaux sans fil (Wifi ou cartes SIMS) ;

• sport : l’activité physique obéit à plusieurs objectifs : maintenir le niveau de la condition physique, atténuer la fatigue nerveuse provoquée par la mission, favoriser la récupération et la cohésion du personnel. Le DET. SH acquiert et met à disposition des détachements du matériel sportif, dans des salles de sport ou grâce à des FOB Lockers (« forward operating base lockers » : conteneurs standards pour bateau) ;

• foyer-boutiques : leur but premier est de fournir des produits de première nécessité, ainsi que des activités sociales, culturelles et de loisirs pour contribuer au moral des forces déployées ;

• lavage de l’habillement et des effets de couchage.

NOURRIR DANS LE DÉSERT : UN DÉFI QUOTIDIEN

Près de 4 000 soldats doivent être nourris quotidiennement sur l’ensemble du théâtre de l’opération Barkhane. Cette mission, d’apparence banale, constitue pourtant un véritable défi logistique.

La première difficulté sur un espace désertique aussi vaste que l’Europe est constituée par les élongations. Pour approvisionner les unités, très dispersées sur le théâtre, les délais d’acheminement (de la métropole au théâtre, puis intra-théâtre) exigent une succession de plusieurs types de transports : aéromaritimes, puis aériens et enfin terrestres.

Ensuite, le poids des denrées et de l’eau potable est considérable. Il représente une moyenne de 18 kg par homme et par jour : 12 litres d’eau en bouteille, 6 kilos de nourriture, en prenant en compte les emballages et les matériaux de conservation.

Les conditions de préparation des repas sont aussi particulièrement exigeantes : la température s’élève rapidement à 60°C dans une cuisine de campagne. Il est également indispensable d’assurer la protection des installations et des denrées contre le sable qui s’infiltre partout.

Sous les températures extrêmes de la bande sahélo-saharienne, la conservation des aliments est bien évidemment cruciale pour prévenir toute intoxication alimentaire.
Aucune problématique annexe n’est à négliger : la génération de déchets en grandes quantités, l’évacuation des eaux usées, l’alimentation électrique constante des équipements, le respect des normes d’hygiène, prennent dans le désert des proportions inédites.

Les moyens utilisés pour nourrir les forces sont multiples, adaptés au contexte opérationnel : rations de combat pour les déploiements temporaires, envoi de denrées ne nécessitant pas de préparation sur les sites isolés, création de restaurants dans les emprises appelées à durer, en régie ou externalisés auprès d’un prestataire de service.

L’objectif n’est pas simplement de nourrir le combattant, mais aussi de lui apporter une alimentation offrant des quantités et une qualité nutritionnelle optimales, tout en participant à l’amélioration de son quotidien : des menus variés ou des repas à thème sont par exemple mis en oeuvre par les cuisiniers du détachement. Des viennoiseries et des pains spéciaux produits par la boulangerie de campagne tiennent une place importante dans le bien-être des combattants.

Les jours de fête sont bien entendu célébrés. Tous font l’objet d’un repas amélioré, quel que soit l’endroit où les unités sont stationnées. En plus de ces repas de fête élaborés sur place, le commissariat des armées fait acheminer de France, des rations de fête pour les troupes projetées sur des sites isolés ne disposant pas de cuisine.

Enfin, le théâtre est parfois un endroit privilégié pour évaluer de nouveaux produits développés dans le cadre des activités de recherche alimentaires menées par le centre expert du soutien du combattant et des forces du SCA (pain à longue conservation, rations collectives ou viande déshydratée…) qui constitueront peut-être demain l’ordinaire du soldat.

TÉMOIGNAGE : MAJOR DE CAMP À NIAMEY

Affecté au GSBdD de Nîmes-Orange-Laudun, le major Jean-Luc, a été major de site au Niger : un poste qui comporte des similitudes avec celui de chef du service général qu’il occupe à Garons.

Quelle est la mission d’un major de camp ?
Affecté pour cette mission au Detair de Niamey, mon travail consistait à gérer la zone « vie » sous toutes ses formes : discipline, hébergement, accueil, gestion des problèmes de la vie courante.
Je devais aussi garder un oeil sur l’ensemble du SH, l’ATCF (atelier chaud et froid), la restauration, les stocks et le courrier... afin que chacun puisse vivre son OPEX à 100 %.

Quels en ont été les temps forts ?
En fait, la mission est restée intense durant tout le mandat ! Des faits marquants ?... L’arrivée du détachement Air allemand, le départ des Mirage et le passage occasionnel de Rafale… Nous avons connu aussi des pics d’activité avec le passage de plusieurs détachements d’infanterie en transit entre la Côte d’Ivoire et le Mali. De même, lors des périodes de relève, les effectifs explosaient car pas moins de 3 000 hommes transitaient en un mois. Dans ces périodes, la promiscuité se faisait vite sentir !

(remerciements à la DCSCA et à l’équipe de rédaction de Soutenir)