mardi 3 juin 2025

Décès du commissaire colonel de réserve Alain Vienney

Nous apprenons le décès du commissaire colonel de réserve (H) Alain Vienney, le 30 mai 2025, à l'âge de 82 ans. Membre assidu de l’amicale, il a assuré les fonctions de contrôleur des comptes.

Les obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familiale.

2023 Avec les cres Geoffroy (à g.), Uzan et Maëder (à d.)

Ayant été longtemps très actif dans les associations « Air » (ANORAA, ANCA), le commissaire colonel de réserve Alain Vienney avait rejoint la nouvelle AMICAA comme membre associé, conservant ainsi un ancrage Air au sein du Commissariat des armées. Il nous a présenté son parcours assez singulier et atypique comme réserviste, montrant ainsi aux plus jeunes que tout est possible au sein de la Réserve, en parallèle à une activité professionnelle civile.

Il était également contrôleur des comptes pour l'Association du Mémorial des Aviateurs.

Messages

Alain Vienney et moi étions doublement camarades, en tant que réservistes et en tant que commissaires.

Il va beaucoup nous manquer par ses qualités personnelles, une intelligence vive associée à une capacité d’innover avec beaucoup de diplomatie et aussi par son esprit de franche amitié.

J’adresse mes sincères condoléances à sa famille.

Commissaire Lieutenant-Colonel (H) Pierre Uzan

Je tiens ici à rendre un vibrant hommage à Alain Vienney. Outre une belle carrière menée à la Banque de France, il était animé d’une véritable passion pour l’aviation et l’Armée de l’air. Il s’est dévoué corps et âme en tant que réserviste « Air », franchissant toutes les étapes jusqu’au grade de commissaire colonel.

Personnellement, je l’ai connu comme réserviste affecté à la BA 117 de Balard, lorsque j’étais commissaire de cette base dans les années 1987-1991. Pendant toutes ses périodes sur la base, il m’a magnifiquement secondé dans toutes mes tâches, notamment en matière de finances et de restauration. Ce qui ne l’empêchait pas, par ailleurs, de venir signer chaque semaine les chèques de l’ANORAA, en tant que trésorier, avant d’être élu à la présidence de l’association en 1997.

Il était d’ailleurs tellement brillant intellectuellement qu’il devint très vite officier de réserve adjoint auprès du CEMAA (1994-2007), se consacrant alors, notamment, à l’amélioration et à l’unification des statuts des associations. Dans les années plus récentes, il fut aussi contrôleur aux comptes du Tomato.

En conclusion, cet ami particulièrement fidèle représente, malgré des activités professionnelles très prenantes, l’exemple même du parfait réserviste, très disponible, dévoué, agréable et compétent, dont nous avons tant besoin de nos jours.

Commissaire général (2S) Jean-Pierre Lépinard (ECA 71)
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Le parcours original d’un réserviste dans l’Armée de l’air

« De la classe 1962, frais émoulu de Sciences Po et nanti d'une préparation militaire air météo, j'intègre l'Armée de l'air à la BA 117 le 1er juillet 1965 pour y faire d'abord mes classes puis pour y exercer diverses fonctions auprès de l'officier-conseil. 

Préparant alors le diplôme d'études supérieures de droit public et celui de l'institut d'administration des entreprises, je m'abstiens de rejoindre la préparation des EOR et me contente de suivre un peloton de sous-officiers me permettant de rester parisien.

Ayant été reçu en 1964 au concours d'entrée des cadres de la Banque de France avant l'accomplissement du service militaire, j'y entame une carrière une fois libéré de mes obligations*. Je quitte alors l'institution militaire, satisfait de ce que j'y avais fait mais ne nourrissant aucun projet particulier à son égard, personne n'ayant attiré mon attention sur les potentialités de la Réserve.

Découverte de la Réserve

Dix ans passent et certains amis que j'avais conservés de ma période militaire m'invitent alors à devenir officier de réserve par équivalence de diplôme. Et c'est ainsi que, ayant renoncé parallèlement à « l'affectation professionnelle collective de défense » (1), je me retrouve sous-lieutenant puis lieutenant de réserve en 1979. Le numéro deux de la BA 117, le lieutenant-colonel Grasset Morel, vient alors  me « chercher » pour entrer dans le corps des commissaires de l'air de réserve. Je m'engage en même temps dans les travaux du CAPIR (2) de Paris et suis vite repéré par des membres de l'ANORAA(3) que je rejoins dès 1977.

Après un séjour professionnel aux Etats-Unis en 1979/80, je peux alors poursuivre une carrière de réserviste et prendre des responsabilités à l'ANORAA. Officier de réserve adjoint au commissaire de base, d'abord à Chartres puis à Paris, je deviens trésorier national de l'ANORAA dont le président, lui-même banquier, avait cru bon de recruter un homme de finances. 

Choisir entre la profession et les activités de réserviste

C'est alors que se produit un épisode qui restera douloureux pour moi. En effet, en 1986, l'armée de l'air me propose de présenter ma candidature à l'IHEDN mais ma grande joie fut de courte durée. Sur le point de prendre mon premier poste de directeur à la Banque de France, le directeur général des ressources humaines de l'époque m'oblige alors, manifestant une « ouverture d'esprit » courtelinesque dont j'ose espérer qu'elle n'a plus cours, à choisir entre la promotion au poste de directeur ou l'IHEDN. A mon grand dam, je me vois donc contraint de renoncer à cette session.

Mais les choses ensuite s'accélèrent; je poursuis ma carrière de réserviste tout en prenant du galon à l'association dont je deviens vice-président puis premier vice-président.

Il se trouve que bénéficiant ensuite de circonstances favorables, je suis appelé en 1994 au poste d'ORA (4) CEMAA (en l'occurrence le général Lanata, père) en tant que lieutenant-colonel de réserve. Je conserverai ce poste jusqu'à la limite d'âge de mon grade en 2007 avec le général Abrial, poste qui fut supprimé par la suite.

Des responsabilités associatives

Peu de temps après, je prends les rênes de l'ANORAA de 1997 à 2004, année où je suis fier de lancer l'opération « pilote un jour » en direction des jeunes et sous la bannière de l'UNAIR (5), dont fit d'ailleurs partie l'ANCA, où nous avions rassemblé de manière informelle une quinzaine d'associations proches de l'armée de l'air. C'était un peu l'esquisse de « l'air force association » dont le CEMAA du moment, le général Lavigne, a caressé l'espoir.

Même entouré d'excellents collaborateurs à l'association, ce fut alors une période marathon pour en conduire à la fois la modernisation et assumer à la Banque de France des responsabilités de plus en plus lourdes d'autant que les crises monétaires se succédèrent avant la création de l'euro. Le pic en fut l'année 2001 avec la préparation de la distribution de l'euro sous sa forme fiduciaire, période harassante mais Ô combien exaltante.

Après la fin de mon mandat de président de l'ANORAA, je m'attachai à entretenir l'action à son profit comme à celui de l'Armée de l'air et créai un conseil consultatif national de l'ANORAA. En phase avec l'actualité défense et en particulier avec celle  de l'Armée de l'air, il analyse et produit des études sur les problématiques Réserve.

Avec ce conseil comme au travers de ma participation à d'autres associations dans la mouvance de l'Armée de l'air, je continue à faire vivre cette belle devise que nous avions décidé ensemble de partager avec l'ANSORAA (6) « s'unir pour servir ». »

Alain Vienney

* Détaché, à partir de 1976, à la direction générale des services étrangers, il a ensuite notamment occupé les postes de directeur de la balance des paiements et des études monétaires internationales, de directeur général adjoint puis directeur général du crédit et enfin de directeur général des études. Il devient, en 2000, caissier général de la Banque de France. Il est nommé le 1er novembre 2003 directeur général de l'Institut d'émission des départements d'outre-mer (Iedom - Banque de France). 

(1) Permet à un organisme ou à une entreprise dont le fonctionnement est indispensable pour assurer les besoins du pays – en l’espèce la Banque de France - de conserver ou d’obtenir le personnel destiné à satisfaire les besoins non militaires de la défense

(2) Centres Air de perfectionnement et d’instruction des réserves, remplacés en 2003 par les Centres d'Instruction et d'Information des Réserves de l'Armée de l'Air (CIIRAA)

(3) Association nationale des officiers de réserve de l’Armée de l’ait

(4) Officier de réserve adjoint

(5) Union nationale des associations Air

(6) Association nationale des sous-officiers de réserve

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Le mot du président de l’ANORAAE

Chers camarades,

C’est avec une profonde émotion et une grande tristesse que nous vous faisons part du décès d’Alain Vienney, président du Conseil consultatif national (CCN) de l’ANORAAE.

Ancien président national de l’ANORAA de 1997 à 2004, Alain Vienney fut l’un des grands artisans du développement et du rayonnement de notre association. Officier de réserve, commissaire honoraire de l’armée de l’air, il a également exercé pendant onze années les fonctions de conseiller Réserves auprès des chefs d’état-major de l’armée de l’air, mettant son expérience et son sens des responsabilités au service des plus hautes autorités.

En 2008, il transforma le Conseil des anciens en Conseil consultatif national, qu’il présida avec conviction jusqu’à ses derniers jours. Sous son impulsion, cette instance devint un espace reconnu de réflexion stratégique sur les grands enjeux de la réserve, en particulier au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Il joua aussi un rôle essentiel dans le rapprochement avec l’ANSORAAE, dans la cartographie des actions jeunesse sur les bases aériennes, ainsi que dans l’évolution de notre association.

Toujours fidèle à l’ANORAAE, il siégeait au Bureau national, assurait la fonction de commissaire aux comptes et contribuait activement à la mémoire aéronautique en tant que membre du conseil d’administration de l’Association du Mémorial des Aviateurs et du comité Guynemer.

Ses nombreux engagements lui valurent plusieurs distinctions. Il fut fait chevalier de l’Ordre national du Mérite, chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la médaille des services militaires volontaires (or), témoignages de la reconnaissance de ses pairs et des institutions.

L’ANORAAE perd une figure majeure, dont la rigueur, la fidélité et l’engagement ont durablement marqué notre communauté.

Conformément aux souhaits de la famille, les obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familiale.

Bien cordialement, Fabrice Maronneaud, ANORAAE - Président national

Celles et ceux qui le souhaitent peuvent adresser un message de souvenir ou de sympathie, qui sera transmis à sa famille.(sur le site de l’ANORAAE)