En 1978, un hebdomadaire s’intéresse à l’ouverture aux femmes de certaines fonctions jusque-là réservées aux hommes, dans l’Armée de l’air. L’article, très complet, fait un focus particulier sur la première femme commissaire de l’air, Nicole Menguy (ECA 77), et insiste sur le fait que « L'aviation est une arme jeune où l'on pense jeune ». Dont acte.
Mais quel est cet hebdomadaire ? L’Express, le Point, Le Nouvel Observateur, Valeurs actuelles ? Réponse à la fin de l’article.
« La carrière d’officier ouverte aux femmes dans l’Armée de l’air
Pour la première fois en France, un commissaire de l'Armée de l'air est mademoiselle dans le civil.
En tailleur marine et gants blancs, l'aspirant Menguy a mis genou à terre le 7 juillet dernier, au baptême de la promotion 1977 des élèves officiers de l'Armée de l'air, à Salon-de-Provence. Elle est, désormais, officier commissaire, et toutes les chances lui sont données de se retrouver un jour lieutenant- colonel. Et général, pourquoi pas? Une femme général, Valérie André, ouvre de façon exemplaire la carrière militaire aux autres femmes. Dans l'Armée de l'Air, justement.
Elles sont sept dans la promotion qui sort de Salon-de- Provence cette année. Outre Mlle Menguy, six autres aspirants en tailleur marine vont parcourir la carrière d'officier comme mécaniciennes ou télémécaniciennes. Elles rempliront les mêmes tâches que leurs camarades masculins. Même solde. Même avancement. Ainsi en a décidé l'Armée de l'air. L'aviation est une arme jeune où l'on pense jeune.
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| promotion 77 |
C'est pourquoi, sans doute, on y fait le pari audacieux de féminiser les effectifs de façon égalitaire, c'est-à-dire en assurant aux femmes les mêmes droits qu'aux hommes, à compétence égale.
L'idée s'appuie sur un constat positif: l'excellent travail du personnel féminin recruté depuis sept ans dans les diverses promotions de spécialistes à vocation de techniciens. En 1970, on compte déjà 1500 femmes sur un effectif global de 45 000 sous-officiers. Mais on les voit surtout dans les « réserves » féminines traditionnelles : secrétariat et gestion.
En 1974, changement : on leur permet d'entrer dans le secteur « contrôle et surveillance des activités aériennes ». On les voit alors au coude à coude avec les hommes, dans les tours de contrôle et les centres de défense et de circulation aérienne - à Taverny, en particulier. Au début de cette année [1978], l'effectif féminin des sous-officiers s'élève à 3 250. Le projet de féminisation le fixe à 4600 pour 1984.
Depuis l'an dernier, pour la première fois, les femmes sont autorisées à concourir pour l'Ecole de Salon qui prépare les officiers de l'Armée de l'air. Le quota féminin est fixé à 15 p. 100 du recrutement annuel masculin. Deux candidates seulement sont admissibles. En 1977, le score s'améliore. Mais sept femmes, ce n'est pas beaucoup.
Peu importe, car ce n'est pas le nombre qui compte mais le fait... Le fait que, dans une carrière traditionnellement masculine, des femmes seront désormais les égales des hommes.
C'est l'Armée de l'air qui donne l'exemple aux entreprises : voilà qui est peu banal.
Elles sont très satisfaites. Elles le disent sans réserves. Pas même de réserve sur la difficulté du concours aggravée par la restriction numérique du recrutement féminin. Il faut être plus calée, plus bûcheuse qu'un garçon pour réussir. Mais le niveau même - bac pour les sous- officiers, licence pour les officiers - est accessible à beaucoup de filles aujourd'hui.
Parlerons-nous de vocation particulière? Plutôt d'un certain esprit. Mlle Menguy, par exemple, nous dit que « toute sa famille est dans l'Armée de l'Air » ... Il faut, bien sûr, ne pas être allergique à la discipline, être sportive, aimer le travail d'équipe et mordre aux techniques qui, jusqu'ici - mais c'est en train de changer de façon spectaculaire -, attiraient surtout les garçons : la mécanique, l'électronique, ce qui touche aux radars, au matériel hertzien, aux calculateurs, etc. Beau programme pour les filles qui veulent sortir des sentiers battus. {…]
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| ECA : visite restauration |
En tout cas, le temps est déjà loin où les Armées recrutaient les femmes pour les tâches auxiliaires des secrétariats où elles occupaient les strapontins de la hiérarchie. Désormais, elles vont monter en grade, comme les hommes.
« A genoux les femmes. Debout les officiers ». Déci- dément, on avance ...
CLAUDE Ullin
(L’Écho de la Mode, numéro 35 d’août 1978)
