mercredi 4 mars 2015

Du SETAMCA au SELOCA (4)

1998, de l’Approvisionnement à la Logistique
(Synthèse d’articles parus dans Liaison en 1998-1999  

Le nouveau format de l'armée de l'air décidé par le ministre de la défense en 1998 (passage à deux régions aériennes en 2000, fermeture programmée de deux ETCA/ELCA avant 2002), et l'importance que doit prendre le concept de projection, entraînent des modifications progressives au sein du service du commissariat de l’air et notamment de sa chaîne encore dénommée « d’approvisionnement », avant de devenir « logistique ».

La réorganisation de la chaîne d’approvisionnement s’inscrit dans une évolution générale du service du commissariat de l’air. Les organismes de soutien spécialisés se voient confier de nouvelles missions (pour le SELOCA, tutelle des ELCA et soutien des OPEX) ou bénéficient de compétences désormais centralisées : solde pour le SERPECA, assistance informatique pour le SICA, personnel administré pour le SACA.



La création du SELOCA

S'agissant de la chaîne d'approvisionnement, suite à une réflexion sur le partage de l'information et sur les compétences de chaque acteur en vue d’aboutir à une plus grande réactivité, le SETAMCA devient, par arrêté du 13 août 1999, le SELOCA 70.510 (service logistique du commissariat de l'air) et voit sa structure complétée d’une division supplémentaire et sa compétence étendue au soutien des opérations extérieures et à la tutelle des ELCA.

1- La division marchés est renforcée afin d’avoir les moyens de prendre en charge des marchés dans des domaines autres que les fournitures courantes : matériels de restauration, ingénierie et prestations intellectuelles, marchés de vivres, contrats de sous-traitance. Parallèlement, elle doit développer une activité de conseil, de coordination, de prestations de services en matière d'achats publics pour les autres éléments du service ou de l'armée de l'air concernés.

2- La division technique, en sus de  ses composantes techniques traditionnelles (habillement et matériels de campagne), acquiert des compétences dans d'autres domaines, tels ceux des vivres, des prestations de service, des équipements et de l'ingénierie, appelés à faire l'objet de marchés centralisés :

- la section « ingénierie », est l’héritière du savoir-faire de l'ancien bureau « Études matériels installations » de la DCCA. Sa fonction consiste à concevoir et à mettre en place au sein des mess des processus adaptés de transformation de denrées alimentaires ;

- la section « vivres» est une composante nouvelle, n’ayant pas d'antécédent dans l'armée de l'air. Elle est composée d'un commissaire, d’ingénieurs d'études et de fabrication de spécialité agro-alimentaire et de sous-officiers restauration, Parmi ses missions figurent notamment la rédaction des spécifications techniques des produits alimentaires utilisés dans l'armée de l'air et l'assistance aux bases aériennes dans tous les domaines techniques relatifs aux denrées alimentaires, à l'hygiène, etc.

3- Une division logistique (DIVLOG) est créée afin d'assurer la gestion des stocks centraux et la tutelle des établissements de stockage, venant ainsi compléter le champ d’action classique de l'ancien SETAMCA.
Cette montée en puissance du SELOCA se fait par étapes : d’abord le transfert des attributions qu'exerçait la DCA en région aérienne Nord-Est pour la gestion des matériels centralisés, stockés sur ses 18 bases aériennes de rattachement.

Ensuite, au deuxième semestre 1999, suivent le support des sites outre-mer, des opérations extérieures, ainsi que la gestion des matériels centralisés des bases des autres régions aériennes.


Enfin, cette nouvelle division exerce, pour les opérations extérieures, les attributions auparavant dévolues à la direction du commissariat de l'air en région aérienne Méditerranée, soit dans leur intégralité soit en venant appuyer, lorsqu'elles existent, les directions des commissariats de théâtre.

L’impact sur les Directions et les Etablissements Logistiques du Commissariat de l'Air (ELCA) 

Les ELCA -ex ETCA- sont donc placés directement sous la tutelle du SELOCA. Comme programmé en 1998, leur nombre est ramené de quatre à deux. Leur mission consiste à assurer la réception, le stockage et la distribution des matériels de gestion centralisée (principalement de campagne) et à apporter une assistance renforcée aux bases aériennes en matière de formation des utilisateurs, de réparation, et d'entretien de ces mêmes matériels.
Les ateliers de confection sont supprimés, les travaux indispensables étant confiés aux bases ou externalisés.
Ces établissements sont désormais déconnectés des structures territoriales, offrant ainsi une plus grande souplesse pour faire face à d'éventuelles ruptures de stocks en un endroit donné.

Si le SELOCA a des charges supplémentaires dans le domaine de la gestion des stocks,  en revanche les ETCA/ELCA, peuvent visualiser directement sur SICAGEM (1), dès novembre 1998, les stocks, les consommations ainsi que les seuils des bases aériennes pour lesquelles ils assurent la distribution dite « COVOL ». A partir de 2000, en cohérence avec la nouvelle organisation territoriale (2 régions), cette distribution COVOl est assurée pour toutes les bases par les ELCA d'Evreux et de Portes les Valence.

De leur côté, déchargées des attributions de gestion, les DCA/Directions locales peuvent ainsi soutenir plus efficacement l'échelon local, notamment par le biais des missions d'audit. Cette nouvelle donne renforce ainsi le rôle essentiel joué par l'échelon régional en matière d'appréciation de l'aptitude des bases aériennes à remplir leur mission.
(1) Système informatique du commissariat de l'air pour la gestion des matériels.


2006 LA FIN DU SELOCA 
Par Vincent Spagnolo*

Dans le cadre du plan "Air 2010", la poursuite de la simplification et de la rationalisation des structures et moyens de l’armée de l’air conduit le commissariat de l’air à faire évoluer son organisation et à se transformer en profondeur, dès le début de l’année 2006.

Les effets de cette restructuration d’envergure sont d’une part, sans précédent pour la  Direction centrale du commissariat de l’air (DCCA) qui devient, pour la partie Finances-Audit, le Service d’Administration Générale et des Finances (SAGF) et, d’autre part, déterminants pour le devenir du SELOCA.

Du SELOCA au CSFA

Le SELOCA doit désormais se séparer de ses missions de logistique et de définition du besoin, qui sont intégrées à l’été 2006 au Commandement du soutien des forces aériennes (CSFA), stationné sur la base aérienne 106 de Mérignac.

La fonction « achat » est, quant à elle, maintenue dans une structure d’achat et de mandatement spécialisée (SSAM 33.502), qui reste stationnée sur la BA 217 de Brétigny, poursuivant les approvisionnements sur appels d’offres, en articles d’habillement et matériels de projection.

Dès lors, aux côtés d’entités issues de la DCCA, sont ainsi créés sur le site aquitain, le Bureau équipement et le Bureau restauration, lesquels constituent le «pilier», puis le «pôle» soutien de l’homme du CSFA, selon le même concept que les 4 autres pôles composant ce grand commandement novateur (1) : pôle Technique (MCO flottes aéronefs), pôle Logistique, pôle SIC et pôle Infra. Un centre technique, comprenant notamment le laboratoire d’analyse textile/matériaux et un bureau d’études, subsistera néanmoins sur la base aérienne de Brétigny.

Dès l’année suivante, en septembre 2007, ce grand commandement de pilotage du soutien technico-logistique qu’est devenu le CSFA s’articule en 5 « brigades », et dans cette logique, l’instauration de la Brigade soutien de l’homme est actée à l’automne 2007. Elle devient la « Brigade aérienne soutien de l’homme (BASH) » en 2008, commandée par le commissaire général Lanfrey.

Néanmoins, à cette même période, est lancée par l’état-major des armées (EMA), une démarche de rationalisation des soutiens au sein des trois armées. En découlent des études menées par le Bureau de modernisation de l’administration des armées (BMAA) pour rechercher, de façon générale, toutes les voies de mutualisation dans les commissariats d’armées et en particulier, une optimisation de la fonction habillement/soutien du combattant.

Durant l’année 2009 sont ainsi audités successivement, par des contrôleurs généraux des armées (CGA), le SCERCAT, la SSAM, la BASH et le Service technique du commissariat de la marine (STCM), alors même qu’un groupe de travail interarmées entame les travaux relatifs à la « problématique habillement ».

La BASH, alors dirigée par le commissaire général Dutac, est un acteur majeur du projet de service de soutien interarmées et à cet égard élabore les premières propositions en matière de simplification et d’harmonisation des effets d’habillement et des matériels de projection. Est ainsi élaboré, en collaboration avec la cellule de conduite du changement de l’ex DCCAT (CCC-TERRE), un catalogue interarmées des articles, préfigurant déjà le mode de fonctionnement du futur centre expert qui hérite des missions des services d’étude et de réalisations des commissariats d’armées.
Les premières grandes décisions dans ce domaine sont rapidement prises, qui vont jeter les bases d’un nouveau monde du soutien…

Du CSFA au CESCOF interarmées

En septembre 2009, un échelon précurseur du futur centre expert (dirigé par le commissaire colonel Septours) s’implante à Rambouillet. Puis, une majeure partie de la BASH prend le nom d’antenne CESCOF, dont le commandement revient au commissaire colonel Maysonnave.

Cette étape sonne le glas du soutien de l’homme au sein du CSFA : à ce stade, seul un tiers du personnel affecté à la BASH est maintenu. Ne resteront in fine que quelques personnes pour gérer les dotations et définir les droits individuels en matière d’habillement. D’autres rejoindront le « centre d’expertise du soutien du combattant et des forces » (CESCOF) créé par décret le 1er août 2010, qui accueille également du personnel issu de la SSAM de Brétigny.

Subordonné à la Direction centrale du Service du commissariat des armées (DC SCA) elle-même créée dès le 1er janvier 2010, le CESCOF, à peine formé, est impacté par les réformes.

De fait, outre le défi de passation des marchés d’équipement du personnel de l’armée de terre, de l’air, de la marine et des services interarmées, il doit assurer la préparation de l’appel d’offres visant à l’externalisation de l’habillement.

Mais, à l’issue du dialogue compétitif, le ministre de la Défense prend la décision en 2013 de ne pas donner suite à l’externalisation (2).

Le CESCOF, dirigé par le commissaire général Villerbu,  entre alors en mode de Régie Rationalisée Optimisée (RRO)(2), fonctionnement qui a cours jusqu’à aujourd’hui.


(1) La vocation du CSFA est avant tout d’apporter le soutien nécessaire aux unités opérationnelles, qu’elles soient en France ou en opération extérieure, dans les domaines des systèmes d’information et de commandement, de la maintenance aéronautique, et plus généralement, de la technique, de l’infrastructure, de la logistique et du soutien de l’homme. Pour sa mission, le CSFA dispose de plus de 25 000 personnes, spécialisées dans plus de 40 métiers.

Les unités placées sous l'autorité d'emploi du chef de la brigade aérienne soutien de l'homme sont:
- Les ELCA : les établissements logistiques du commissariat de l'air ont pour mission de stocker, entretenir les matériels dans le domaine du soutien de l'homme et gérer les flux logistiques associés ; - CPAA : le centre de production alimentaire de l'armée de l'air est un établissement chargé de la préparation et de la distribution aux destinataires abonnés ;
- DRL : les divisions restauration logement sur les bases aériennes mettent en oeuvre la politique de l'armée de l'air dans les domaines de la restauration, du logement et des loisirs, métropole et le centre récréatif et culturel 99721 ;
- SMC : les sections matériels commissariat.

(2) cf. notre article de juin 2013



* Ancien du SELOCA, aujourd’hui IEF au CESCOF/DIVISION TECHNIQUE