lundi 2 décembre 2024

Stages de formation post-ECA

L'auteure
Début  1988, la DCCA juge qu’il pourrait être intéressant de compléter le stage pratique de formation post-ECA sur base aérienne par une période de découverte des services de soutien sur une base aérienne étrangère, dans le cadre d’un échange avec de jeunes officiers des pays d’accueil qui seraient reçus par le Commissariat de l’air à Paris et en région. La décision est prise de tester la formule avec des élèves de la promotion 1986, en stage sur base en septembre 1988. Deux d’entre eux vont ainsi rejoindre pour deux mois, l’un la base de l’US Air Force de Ramstein en RFA (commissaire lieutenant Jean-Marie Maysonnave) et l’autre la base aérienne de Toronto au Canada (commissaire lieutenant Martine Giglio).

En retour, un officier canadien, le capitaine John Gillam,  et un officier américain, le sous-lieutenant George Pope, vont bénéficier d’un stage au sein de la 2ème et de la 3ème région aérienne.

Cette formule n’eut pas de suite, sans doute en raison des contraintes d’organisation liées à ces échanges.

RCAF
Sur la base aérienne de Toronto en 1988

« C’est ainsi que le 1er octobre 1988, je me suis envolée pour le Canada, et plus précisément Toronto, capitale économique et administrative de la province anglophone de l’Ontario. Armée d’un dictionnaire bilingue, de pulls, de manteaux, prête à affronter le grand froid nordique, je fus accueillie dans une chaleur quasi estivale par le capitaine John Gillam, officier choisi pour effectuer à son tour un séjour de deux mois en France dans le cadre de cet échange.[…]


La base des forces canadiennes à Toronto, qui relève du commandement aérien, se situe plus exactement à Downsview, banlieue en développement. En fait, sur cette base, il n’y a qu’un escadron d’instruction sur hélicoptères, la piste étant louée à la firme Boeing, qui possède là une unité de fabrication. La base est le support d’unités de la réserve, de la force mobile, de différentes écoles et d’un grand dépôt régional du matériel.

Le stage a été articulé autour de plusieurs thèmes : l’administration, les finances, l’opérationnel.

Il n'y a pas d'équivalent du commissariat de l’air au sein des forces canadiennes. En effet, il faut savoir que les trois forces, Air, terre, Mer ont fusionné en 1968 (1). Il n’y a qu’un seul quartier général des forces canadiennes, et six grands commandements (dont le commandement aérien), une seule appellation, les Forces canadiennes, un uniforme commun, un recrutement et une formation uniques. Il est donc logique, dans cette perspective, d’avoir un système d’administration, de finances et d’approvisionnement unique. Logique et tentant lorsque l’on sait que l’ensemble des trois forces regroupe 85.000 hommes, dont 22.000 pour l’armée de l’air. A cela, il faut ajouter le problème des distances, de l’isolement des unités au sein desquelles sont regroupées les trois forces, et le souci de réduire le budget des forces, les Canadiens s’en remettant pour une bonne part au système de défense américain.

Est-ce que les forces canadiennes ont réalisé des économies substantielles avec ce système ? Hélas, pour l’instant, aucune réponse n’a pu mettre fournie mais à l’évidence, l’unification a été assez mal ressentie par le personnel. Aussi, aujourd’hui, les trois forces retrouvent, peu à peu, leur individualité avec de nouveau des uniformes distincts. Le principe même de l’intégration est remis en cause car s’il est simple en lui-même, son application entraîne une organisation fonctionnelle complexe, lourde, dans laquelle les personnels ont parfois du mal à évoluer et où les problèmes de détermination de chaque domaine de compétence sont, 20 ans après, nombreux. 

Le soutien est donc organisé de façon fonctionnelle, reposant sur un personnel nombreux et une informatisation lourde.

Ainsi, la fonction approvisionnement concerne l’ensemble du matériel « technique » et « commissariat » des trois forces. Malgré l’informatisation et le grand nombre de personnels employés, les délais de satisfaction sont très longs.

Le même suivi centralisé est appliqué dans le domaine des finances. Tous les jours, les engagements sont transmis à Ottawa qui règle les factures. Le commandant de base n’a aucune latitude dans la fixation et la conduite du budget.

Le commandant de base est entouré des officiers responsables des finances, publiques et privées, de l’administration des personnels et de l’approvisionnement. Il n’y a pas de service de restauration à proprement parler. Les bâtiments relèvent de l’infrastructure, l’entretien d’un bureau spécialisé et le personnel d’un autre bureau. L’approvisionnement en matériels et en denrées provient du service de la logistique. À noter que les gérants des mess n’ont aucune responsabilité en matière de gestion.

Voilà donc un système qui apparaît déjà comme complexe, même pour ceux qui le vivent tous les jours. Alors pour un stagiaire étranger !

Deux mois, c’est vraiment très court pour découvrir une organisation profondément différente. Ce stage fut particulièrement enrichissant et l’accueil au sein des forces canadiennes, très chaleureux. Il nous reste à accueillir l’officier canadien anglophone qui, à son tour, va connaître les affres du bain linguistique, heureusement Harraps veille ! »

Martine Giglio (ECA 86) BLCA 30 Novembre 1989

(1) En 2014, retour en arrière sur de nombreux changements introduits avec l'unification

NB : Après le retrait du personnel militaire d’une grande partie de la base, tous les logements associés à la vie sur la base ont été démolis. Il reste plusieurs édifices à valeur patrimoniale associés aux anciennes activités de la base de l’Aviation royale canadienne de Toronto, dont la plupart sont regroupés le long de Carl Hall Road.

Au SACA, le capitaine John Gillam et le Slt Audibert

A suivre : le stage sur la base de Ramstein en Allemagne