dimanche 18 août 2024

Deux commissariats

Deux anciens commissaires de l’air ont poursuivi leur carrière à Air France, Jean-Claude Guiriec (ECA 55)(1) et Michel Villiers (ECA 56)(2), et ont pu côtoyer le « commissariat » de notre compagnie nationale. Un même mot mais un contenu très différent, le commissariat à Air France n’ayant en charge que les questions "d’intendance" à bord des avions : nourriture, boissons et articles de confort. 

Bien que ce volet restauration soit le plus petit dénominateur commun entre les deux Commissariats, une récente interview d’un ancien responsable des PNC sur Concorde, M. Alain Debroise, nous permet d’oser une comparaison entre le service souvent assuré dans le Commissariat de l’air lors des prestations dites « spéciales » et le service assuré à bord de Concorde sur la ligne Paris-New-York. Rien à voir direz-vous ? Détrompez-vous : prestige, gastronomie, perfection et rapidité du service ont été au rendez-vous dans ces deux mondes de l’air, l’un militaire, l’autre civil.

« L’enjeu était de servir une prestation de première classe en très peu de temps et avec très peu de place dans les galleys. Cela a toujours été une gageure d’assurer une prestation en 2h30 dans un petit espace. Ce n’est pas très connu, mais le commissariat sur Concorde était de haut niveau. Ce qui caractérisait le travail des PNC sur cet avion, par comparaison, c’était le sport de haut niveau pour le sportif moyen avec des contraintes fortes : le temps, l’espace et une clientèle potentiellement exigeante. Les PNC Concorde étaient peu nombreux au sein de la compagnie. 

Ils avaient à bord de l’avion des postes déterminés : les stewarts travaillaient dans les galleys et les hôtesses en cabine. Les équipes étaient rôdées, rompues à cet exercice très contraint dans le temps et dans l’espace. Les grands étaient malheureux dans cet avion car ils se cognaient partout. A l’époque, les hommes étaient recrutés entre 1,72 m et 1,92m. 

Certaines célébrités étaient exigeantes, et j’ai le souvenir de l’une d’entre elles qui l’a été particulièrement. J’étais alors chef de cabine sur le vol. Durant tout le vol, de la première à la dernière minute, elle n’a cessé de nous demander des choses. Mais il fallait se plier aux exigences des clients. C’est ce qu’on demandait aux PNC, qui ne devaient montrer aucune impatience.


De même, pas question de prendre un tout petit peu de retard dans un service. Une illustration : il y avait une mise de table. On passait donc en cabine avec un petit chariot pour dresser les tables. Si jamais, pendant le repas, du vin était renversé sur la nappe, il fallait desservir et remettre une nappe propre. Cela nous faisait perdre du temps. Mais on n’avait pas le choix, on exigeait des PNC Concorde de la technicité, du recul et de l’anticipation. »

(1) Jean-Claude Guiriec (31 mars 2022)

(2) « Un commissaire de l'air à Air France » (mai 2018)