samedi 15 juin 2024

Le commissaire colonel Jean-Baptiste Cornillet

Né à Nantes le 21 juin 1916, Jean Baptiste Henri Cornillet est appelé sous les drapeaux et rejoint la base aérienne 121 de Meaux-Esbly le 15 octobre 1934, soit un an après la création de l'Armée de l'air. Ses études d'ingénieur et sa motivation lui permettent d'envisager de devenir officier de réserve, sélection qu'il franchit avec succès. Nommé EOR en avril 1935, il rejoint l'école des EOR à Avord le 30 avril.

L’observateur

Insigne d'observateur
Sur cette même base aérienne, il intègre ensuite l'école pratique d'aviation où il obtient son brevet d'observateur en avion (n° 2964) le 20 septembre 1935. A peine formé, son service militaire s'achève, avec le grade d'ingénieur militaire des travaux de l'air de 3ème classe (sous-lieutenant) et il est affecté comme observateur de réserve à la 35ème escadre aérienne d’observation de Lyon-Bron. 

Lyon-Bron
Dans le journal officiel du 15 octobre 1935 - qui consacre cette promotion et cette affectation - est également publiée une circulaire définissant les conditions d'obtention des bourses civiles de pilotage attribuées par le Ministère de l'air. C'est la grande période de l'aviation populaire et Jean-Baptiste Cornillet obtient son brevet de pilote privé le 13 octobre 1938.  Il restera un passionné du vol toute sa vie, effectuant 526 heures de vol militaire au total.

L'Armée de l'air le rappelle lors de la mobilisation de 1939. Ce ne sont plus ses qualités d'observateur qui sont mises à contribution mais ses qualités d'ingénieur et il est nommé au Service des fabrications de l'Aéronautique comme adjoint au chef de la Division du contrôle. Cette deuxième expérience militaire comme réserviste est encore plus brève que la première, étant démobilisé en août 1940 - au grade de capitaine - et se retirant à Bourges. 

En mars 1943, il prend une décision majeure, celle de rejoindre l'Afrique du nord où les alliés ont débarqué le 8 novembre 1942. Mais - passant par l'Espagne - il y est retenu prisonnier durant cinq mois. Arrivé enfin en Algérie, à nouveau sous statut de réserviste rappelé, il est affecté à la Direction technique industrielle, à nouveau à la Direction du contrôle. C'est à ce moment qu'il prend connaissance de l'existence de l'Intendance de l'air, créée deux ans plus tôt et en phase d'expansion. 

L’intendant de l’air

Une période de transition de deux ans va lui permettre de changer de métier en devenant Intendant de l'air. Dans un premier temps, il se familiarise avec l'institution. Sa formation lui permet de participer à la création de ce qui deviendra rapidement le "Service technique" de la Direction et dont le rôle consiste, principalement pour les effets d'habillement et pour les conserves, à définir les clauses techniques des marchés et à rédiger les instructions de stockage et d'entretien de ces articles. Mais deux caps doivent être franchis pour devenir Intendant de l'air. D'une part effectuer un stage sur le terrain, en l'occurrence pour lui ce sera sept mois d'instruction passés à la Direction de l'Intendance de l'air à Beyrouth. D'autre part, intégrer l'Ecole supérieure d'Intendance (ESI) qui, pour la deuxième année consécutive, organise une session spécifique pour l'Armée de l'air. C'est à l'issue de ce parcours que, le 15 avril 1946, il est activé en tant que commissaire ordonnateur adjoint (équivalent capitaine). 


Au sortir de l'ESI, il occupe encore un poste 'en double' à la Direction de l'Intendance de l'air de Bordeaux avant de rejoindre l'Indochine le 6 décembre 1946  pour son premier poste en responsabilité. Le pays est en guerre, surtout dans la zone Nord du Tonkin où il se voit confier la direction de Hanoï et le CBA 770. Sa réussite est complète et il est même prolongé de six mois par deux fois. 

Dans l'intervalle, il est promu commissaire commandant en avril 1948, ce qui donne lieu à un incident administratif. Sa promotion est publiée avec le prénom 'Jean Auguste' alors qu'il est 'Jean Baptiste' à l'état-civil. Un rectificatif sera publié au JO et l'histoire ne dit pas si sa 'Marianne' officielle (1) a été affectée, ce qui aurait pu mettre un doute sur la validité des actes certifiés par ses soins... Rapatrié par avion, ce qui n'est pas fréquent à cette époque où les trajets se font encore par bateau, il bénéfice d'un congé de fin de séjour de quatre mois dont il ne pourra pas profiter complètement.

En effet, un autre CBA l'attend avec impatience, celui de Nancy,  où il va passer à peine un an avant d'être muté en Afrique occidentale au CBA 766 de Bamako. Malheureusement, sa santé a souffert en Indochine et, au bout de deux mois, il est rapatrié sanitaire à la fin de l'année 1950. S'ensuit une longue interruption avec des périodes d'hospitalisation au plateau d'Assy.

Sa carrière reprend un cours normal avec une affectation au CBA 766 de Luxeuil où il arrive le 1er août 1953. Curieusement, ce CBA porte le même numéro  que celui de Bamako qui a été dissous peu après son départ précipité. A Luxeuil, il aura en charge la transformation du CBA en "CBA tactique", ne dépendant plus de la Direction de Dijon, très proche, mais du commandement du 1er CATAC situé en Allemagne à Lahr (2).

Un cinquième et dernier CBA lui est confié le 1er octobre 1956, celui d'Orange - qui porte le numéro 775 - et dont il assure la fermeture quatre ans plus tard lorsque ce CBA est fusionné, sous le même numéro, avec celui de Salon.

En 1960, il rejoint son dernier poste, comme directeur de l'ECCA de Chamalières (3), premier établissement de réalisation et de stockage des matériels du commissariat de l’air. Lorsque la guerre d'Algérie s'achève, le directeur central lui demande de confectionner deux cent conteneurs destinés à permettre le repli d'une partie du matériel de l'Armée de l'air et des familles. Chamalières va confectionner 300 conteneurs en bois de 10m3 dans un temps record. L'expertise et les machines acquises à cette occasion seront rentabilisées en assurant ensuite l'entretien du matériel de bureau de l'Armée de l'air, avant l'apparition du mobilier métallique une décennie plus tard. Les autres établissements du commissariat prendront exemple sur la 'doctrine Cornillet' pour l’entretien du mobilier. 

Après 35 ans de service (dont 17 ans de service actif dans le Commissariat de l'air), mais encore assez jeune - il a une cinquantaine d'années - il demande à faire valoir ses droits à la retraite à compter du 1er novembre 1963, se retirant à Montélimar où il rejoint une nouvelle fois la réserve. Promu commissaire colonel de réserve en 1969, il décède dans cette ville en 1971.

Commissaire général (2S) François Aubry

1/ La Marianne est le cachet personnel dont disposent les agents de l'Etat habilités à certifier des documents.

2/ Voir nos articles : « Une carrière de commissaire de l'air » par le commissaire général (2S) René Rame (janvier 2020) ;  « Commissaire de l'air en CBA -3è épisode » par le commissaire général (2S) René Rame (février 2020) ; « Battements d'Ailes Une famille française à Lahr  dans les années 50» par Chantal Rame-Durand (mai 2022) ; « La direction du commissariat de l’air du 1er CATAC, de la 1ère région aérienne et de la FATAC-1ère RA » ( juin 2023)

3/ Etablissement central du commissariat de l'air n° 797. Voir nos articles : « Du SFCA au SELOCA -Les origines » par le commissaire Lamy (janvier 2015) ; « L’établissement du commissariat de l'air de Chamalières » (juin 2019) ; « 1973 - Fermeture de la base-établissement de Chamalières » (septembre 2018) ; « Commissaire de l'air spécialiste des matériels » par le commissaire général (2S) René Rame (avril 2020) ;