vendredi 26 janvier 2024

Hommage au Commissaire général Guy Burdin

La marque d'un grand directeur

Par le commissaire Lcl (er) Jean-Louis Pons (ECA 73)

J'ai éprouvé beaucoup de tristesse à l'annonce du décès du commissaire général Guy Burdin. Dans un excellent article, le  commissaire colonel (er) Hervé Languenan l'a qualifié très justement de "chef respecté et apprécié".

Je souhaite à mon tour lui rendre hommage et j'ajoute qu'il fut un « grand directeur » tant à la direction du commissariat de l’air de la 2ème région aérienne qu'à la direction centrale du commissariat de l'air.

J'appuie cette affirmation sur des événements où il est intervenu directement et qui m'ont touché de près.

1 A la suite de l'incendie qui a ravagé, en 1984, deux bâtiments d'hébergement « cadres » sur la base aérienne 921 de Taverny, où j’étais commissaire de base, il a apporté un soutien particulièrement apprécié à cette base aérienne en sa qualité de Directeur régional du commissariat de l’air de la 2ème région aérienne. 

Cet incendie a causé la mort de  l'adjudant Pérufaut, intoxiqué 5 autres sous-officiers et détruit tout le contenu de 240 chambres.

Pour tout ce qui relevait du cadre professionnel, la solidarité de la région aérienne a été totale aux plans matériel, financier et administratif. Concernant les affaires, objets et matériels personnels, le général Burdin a fait prendre la décision de se substituer aux assurances auxquelles quasiment personne n'avait souscrit. C'est donc l'Armée de l'air qui a indemnisé les victimes.

2. Un autre aspect de son pragmatisme, sur un sujet restauration : je l'avais sollicité afin qu'une partie des entrées proposées au mess des sous-officiers de la base aérienne 921 (salades en présentation individuelle, notamment) échappent aux modes opératoires, trop chronophages en raison de la pesée des denrées. Sa réponse fut positive.

3 Nouvel exemple, en matière de couchage. En décembre 1985, par un froid rigoureux, le général Burdin était en visite au cabinet du ministre de la défense, avant de prendre son poste de directeur central.  Le sujet "chaud" du moment était l'accueil des SDF et la nécessité pour le cabinet du ministre de faire parvenir plus de 200 matelas dans des locaux désaffectés d'une gare parisienne. J'ai reçu un appel du général Burdin pour savoir si les matelas qu'il avait réformés avant son départ de Villacoublay étaient encore dans l'ouvrage. Le soir même, un camion de la base aérienne de Taverny livrait les matelas en gare!

4 Il savait valoriser et remercier ses collaborateurs. Aux réunions semestrielles des commissaires de base de la région aérienne, évoquées par Hervé Languenan, j'ajouterai une visite des ateliers Le Nôtre, suivie d’un diner d'exception dans leur restaurant des Champs Elysées.

5 A la DCCA, étant alors adjoint au sous-directeur Finances, j'ai pu apprécier la réactivité du général Burdin en fin de gestion 1987.

En effet, le surcoût du financement de la solde des aviateurs de l'opération Epervier, au Tchad, n'avait pas été budgété malgré  nos demandes pressantes. Tous nos calculs montraient que le paiement de la solde des militaires de l'Armée de l'air pour le mois de décembre 1987 était compromis. Nous avons alors mobilisé les divisions Finances des régions en métropole et outre-mer ainsi que le Service administratif du commissariat de l'air,  pour caler au mieux les besoins de chacun. Je me plais à souligner, 37 ans après, le sens de la solidarité de tous.

Néanmoins, les chiffres étaient inquiétants. Aussi, l'idée est venue de mobiliser les fonds de la restauration (SICORESTHO) pour franchir l'obstacle. Avec mon sous-directeur, nous avons été reçus par le général Burdin pour lui exposer la situation et lui proposer notre solution palliative. 

Sa réponse immédiate fut: je vous donne mon accord pour utiliser les crédits restauration.

En définitive, "c'est passé tout juste" sans recours à SICORESTHO...au grand soulagement de nos amis de la sous-direction « Affaires générales-Restauration ».

Voilà la marque d'un grand Directeur !

6 Dans le cadre de la démarche Qualité du service du commissariat de l’air,  le général Burdin avait souhaité recueillir l'accord de l'état-major de l'Armée de l'air pour officialiser et valoriser une démarche qui aurait des ramifications là où officiaient des commissaires de l’air. Une réunion de présentation eut lieu au 1er bureau de l'EMAA où nous avons montré, notamment, le lien de parenté  de cette démarche avec celle de la sécurité des vols (analyser et corriger les dysfonctionnements). Je pense que l'état-major a été sensible à l'action novatrice du Commissariat de l’air et à la réactivité des agents du service.

Ensuite, le général Burdin a lancé l'Audit en 1987-88 pour transformer la surveillance administrative qui lui semblait "être  d'une lourdeur excessive et consommer bien trop de personnels, alors que sa prétention à l'exhaustivité ne cible pas les vrais risques". A ce sujet, je vous invite à lire ou relire les pages 157 et 158 de l'ouvrage sur l'histoire du Commissariat de l'Air édité par l’AMICAA* et, bien sûr, le témoignage de notre Présidente d'honneur, le commissaire général (2S) Patricia Costa.

Merci mon Général pour votre soutien sans faille et pour cet impératif de modernité et d'efficience que vous avez insufflé dans l'Armée de l'air et son commissariat.

Reposez en paix au paradis des aviateurs. 

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