dimanche 4 août 2019

Le commissaire colonel de réserve Louis Germain

Du Bomber Command au commissariat de l’air

L’anniversaire des 75 ans du débarquement nous donne l’occasion de revenir sur certains hommes ou évènements de cette époque, qui ont pu impliquer des commissaires de l’air. Après l’article sur le général Noirot (1), voici l’histoire d’un pilote devenu commissaire de réserve.

La vie de Louis Germain s’est déroulée sous le signe de l’inattendu, en commençant par sa naissance à Pékin le 31 décembre 1918. La Drôle de guerre le voit s’engager à Saint Cyr le 1er octobre 1939 mais, trois jours plus tard, il opte pour l’Ecole militaire et d’application de l’Armée de l’air à Versailles où il fait un passage éclair de cinq mois avant d’intégrer l’école de pilotage 102 d’Orly.

Navigateur sur bombardier

Muni d’un brevet d’observateur en avion et nommé sous-lieutenant en mars 1940, il se replie trois mois plus tard en Algérie, avec son unité, à la veille de l’Armistice. Une longue période d’attente commence alors, d’abord sur la base de Blida au Groupe de Bombardement 2/61 puis à Bamako (Mali), au GB 2/62 à partir de l’été 1942. Les débarquements alliés au Maroc et en Algérie permettant la reconstitution de l’Armée de l’air en Afrique début 1943, son Groupe fait mouvement de Bamako à Ouakam (Sénégal) puis à Marrakech (Maroc).

au centre
L’Angleterre, à cette époque, a besoin d’équipages pour armer le Bomber Command dont la mission consiste à détruire le potentiel industriel allemand.  La France Libre – disposant désormais des pilotes et mécaniciens situés en Afrique du nord - met deux unités  à disposition de la RAF: le 2/23 Guyenne  (squadron 346) et le 1/25 Tunisie (squadron 347). Louis Germain fait partie du groupe Tunisie qui rejoint Liverpool le 10 décembre 1943. Mais les Anglais exigent une formation complète aux normes de la RAF. Elle dure six mois. Enfin, le 16 août 1944, le lieutenant Germain, navigateur, peut embarquer comme commandant de bord sur Halifax. Il effectuera 188 heures de vol en 35 missions de guerre, le tour d’opération maximum étant fixé à 36 missions. (Le taux de perte des équipages français aura été de 50%)



En septembre 1945, le retour dans un Paris libéré depuis plus d’un an est éprouvant. La France n’a pas besoin de lui. Commence alors une période de demi-solde entre stage d’études des problèmes du Pacifique, détachements à la Présidence du Conseil ou aide de camp d’un ministre. Le jour de ses 29 ans, il est placé, sur sa demande, en position de non-activité et passe capitaine peu de temps après. Il profite de cette période pour se lancer dans des études de droit et pour écrire « Mémoires d’un incendiaire » où il consigne ce que personne n’a voulu écouter, comme le fera Jules Roy.

Rappelé en activité dans l’Armée de l’air

En octobre 1951, il est rappelé à l’activité, l’Armée de l’air ayant besoin de personnels pour développer la défense aérienne. En deux ans, il passe du CICOCA de Dijon (centre d’instruction des contrôleurs d’opérations aériennes) au poste de Commandant de station radar à Servance (Haute-Saône).
Mais sa maîtrise de l’anglais le dirige vers un nouvel emploi, officier de liaison auprès de l’US Air Force. Il consacrera six ans à cette activité, à Laon, Toul et Dreux avec une coupure d’un an en Indochine où il retrouve le GB 1/19 Gascogne, en 1954, puis le 1/64 Béarn avant d’être placé auprès de la « commission internationale de contrôle », chargée de vérifier, depuis Saïgon, la bonne application des accords de Genève. Pendant cette période, il passe officier supérieur.

Ses diplômes de droit lui valent une nouvelle orientation de carrière fin 1958 avec une affectation au bureau Législation de l’EMAA avant d’être affecté, trois ans plus tard, au service d’information et des études Air à l’EMA. Une nouvelle période d’instabilité s’ouvre alors, par suite de l’évolution des structures de l’Armée de l’air. Cadre au CESA en 1962, son poste au CEP (cycle d’études psychologiques) est fermé au bout de six mois. C’est à la revue Forces Aériennes Françaises qu’il termine sa carrière active, au poste de rédacteur en chef. Admis en congé du PN en 1965 il passe lieutenant-colonel en 1970 et mis en position de retraite un an plus tard.

Enseignant et commissaire de l’air de réserve

Il peut alors se consacrer à sa vocation de juriste et enseigne en tant que professeur agrégé dans les universités de Caen dans les années 70 et de Paris VIII (directeur de l'UFR Droit -1978-1980 ). Désirant prolonger au maximum sa situation d’officier de réserve, il intègre en 1979 le commissariat de l’air. Durant les cinq années passées dans cette position, il effectue plusieurs périodes en deuxième région aérienne, à la plus grande satisfaction de son nouvel employeur.
Nommé commissaire colonel de réserve en 1981, il quitte définitivement l’Armée de l’air le 1er janvier 1984. Louis Germain décède le 28 août 1991.

Officier de la Légion d’honneur et titulaire de la Distinguished Flying Cross à titre exceptionnel

Commissaire général (2S) François Aubry

(1) Mémoires d’un aviateur dans un French squadron du Bomber command-juillet 2019