Nous diffusons souvent des informations sur des livres ou des articles rédigés par d’anciens commissaires de l’air ou des commissaires des armées de milieu air, mais très rarement sur des activités artistiques (1) ou sportives (2).
Martine Giglio (ECA 86), actuellement en Nouvelle-Calédonie, nous offre cette opportunité et nous l’en remercions vivement.
« Quand je suis partie pour la vie civile après 28 ans au sein du commissariat de l’air, mes proches - dont mon conjoint - me regardaient avec une certaine inquiétude. Comment va-t-elle faire pour ne pas rapidement tourner en rond ? ; elle va s’ennuyer ; elle va déprimer....
Seulement voilà, j’avais déjà une passion, la plongée sous-marine - que je pouvais assouvir en Bretagne quasiment toute l’année grâce à la merveilleuse invention de la combinaison étanche qui vous permet de plonger en pull et chaussette de ski - et aussi une belle envie de création, de dessin.
Mais, si la plongée me fait courir la planète depuis plus de 20 ans, avec le dessin..... je partais du niveau ...zéro... mon style étant le bonhomme bâton.
Ni une ni deux, je m’inscris aux cours pour adulte de l’école des beaux-arts de Brest. Deux ans à faire des exercices deux fois par semaine dans un cours de « nu vivant », entendez par là que vous avez trente secondes, une minute ou 10 pour essayer de croquer (au sens artistique du terme, bien sûr) le modèle homme ou femme qui change de pose sans arrêt. Ce ne fut pas une réussite....
Et puis nous sommes partis pour quelques années en Nouvelle Calédonie...Là, bien sûr, la plongée allait de soi...mais le dessin...
Par hasard, je suis tombée sur une boutique de beaux-arts dont la propriétaire donnait des cours. Je me suis inscrite plus par curiosité que par réelle envie de continuer le dessin, vu que j’étais un peu dépitée de mon absence totale de progrès pendant deux ans.
Et là, je découvre le pastel...une révélation....pastel sec, bâtons ou crayons de kaolin mélangé à des pigments et pastels gras, bâtons d’huile minérale mélangée avec des pigments, et surtout le plaisir d’arriver à dessiner quelque chose que l’on aime regarder et qui donne envie de travailler dessus. Ces techniques ont ceci de particulier que le médium se travaille essentiellement au doigt. Le contact avec la matière est direct.
J’ouvre une page Facebook que j’appelle « Comme une envie de dessiner » et je poste mes dessins sur plusieurs pages de pastellistes amateurs. Les retours commencent à être assez positifs.
Poussée par mes amis et mon professeur, je tente aujourd’hui ma première exposition en tant que pastelliste amateur, ce qui se révèle être une très bonne expérience bien que très stressante.
Le retour en métropole se profile et bien que l’on soit triste de quitter la région pacifique je me réjouis de retrouver notre maison bretonne où je sais que je vais pouvoir installer un vrai atelier au grand soulagement de mon conjoint qui a l’impression désormais de vivre en permanence dans un atelier et doit slalomer entre chevalets, tableaux, toiles, cartons à dessins, boîtes de pastels, de crayons de couleurs .
Certaines de mes réalisations resteront sur le territoire chez des amis. A chaque fois, c’est avec un pincement au cœur de les donner et de les voir partir. Je n’ai pas encore franchi le pas, j’y suis encore très attachée.
Pour le moment, cette passion qui prend de la place et du temps reste une activité d’amateur. Je ne suis pas prête pour passer au stade du professionnel.
D’abord parce que j’ai encore une très grande marge de progression devant moi et surtout se dire professionnel, outre les démarches administratives kafkaïennes, c’est se mettre une pression supplémentaire avec une obligation de résultat.
Dessiner et faire du pastel, pour moi, c’est un voyage immobile. C’est aussi essayer de témoigner de ce qui faisait la diversité de notre monde et qui peu à peu disparaît.
Ce que j’ai aussi appris, c’est que tout le monde peut dessiner, quel que soit le niveau de départ, car ce n’est pas une question de don - et j’en suis un parfait exemple - c’est une question d’éducation du cerveau gauche, de l’œil, de la main et de leur coordination. Dessiner, c’est développer sa capacité d’observation.
Essayez, vous verrez c’est magique. Débarrassez-vous des barrières mentales qui vous font croire que vous ne savez pas dessiner alors que vous en avez peut-être envie. Commencez par griffonner, griffonner, griffonner n’importe quoi, n’importe où. Tenez, par exemple, griffonnez pendant les interminables réunions de travail ......quelle détente ! »
Martine Giglio
(1) Voir articles sur le commissaire général Golfier (ECA 71)
(2) Voir articles sur le CRC1 Hervé Piccrillo (ECA 90)