mardi 12 février 2019

Les relations internationales à la Cour des comptes

Sébastien Lepers, directeur adjoint des relations internationales, de l’audit externe et de la Francophonie (DRIAEF) à la Cour des comptes 

© Outremers 360°
Directeur adjoint des relations internationales de la Cour des comptes depuis mai 2018, Sébastien Lepers, conseiller référendaire (ECA04), a rejoint la Cour en avril 2016 (1). Il décrit son parcours marqué par les déplacements professionnels (2) et détaille ses projets dans le champ des relations internationales.

Bio Express
Sébastien Lepers est « un enfant de l’international », né en Nouvelle-Calédonie, d’une mère indonésienne et d’un père français. Il a grandi dans un environnement multiculturel au sein d’un hôtel tenu par ses parents situé sur l'île des pins, ce qui a « très tôt développé chez [lui] un contact privilégié avec l'international au travers notamment de [ses] échanges avec les clientèles japonaise, australienne, néo-zélandaise, européenne et océanienne ».

Il rejoint l’armée de l’air comme appelé du contingent (aspirant) en 1999 et y servira pendant 17 ans, successivement en tant qu’officier du corps des bases de l’air, commissaire de l’air puis commissaire des armées d’ancrage air. Projeté en missions extérieures dans de nombreux pays (Espagne, Portugal, Inde, Liban, Afghanistan, Tadjikistan, Kirghizstan), il évolue dans des structures otaniennes et onusiennes.




Il met aujourd’hui cette ouverture internationale au service des juridictions financières afin de partager le modèle français avec les institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ISC) étrangères. Il croit en ce modèle juridictionnel « qui a démontré toutes ses qualités et peut être reproduit au bénéfice du citoyen international ». Sébastien Lepers note aussi que « se comparer, se positionner, observer les actions qui ont montré des résultats » permet de s’enrichir des bonnes pratiques des autres. Un parangonnage salutaire que ce nouveau directeur adjoint des relations internationales de la Cour entend aussi renforcer.

Il pilote en particulier depuis sa prise de fonction, en 2018, deux « projets passionnants » de partenariat avec les ISC tunisienne et vietnamienne, deux dossiers importants de son portefeuille d’activité. Il traitera aussi de l’environnement multilatéral en lien avec l’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (en anglais : International Organisation of Supreme Audit Institutions, INTOSAI) et ses confrères européens. « Établir de bons contacts, montrer une bonne image, répondre aux attentes des ISC européennes, se positionner sur des sujets à l’ordre du jour », c’est la crédibilité de la Cour française qui est en jeu.

Interview express

Pourquoi cet intérêt pour les problématiques internationales qui vous a fait rejoindre la direction des relations internationales de la Cour des comptes ?

J’ai été habitué dès le plus jeune âge à voyager et à découvrir différentes cultures, cela a été enrichissant pour moi. J’ai notamment eu l’opportunité de séjourner plusieurs fois en Australie et en Nouvelle-Zélande. J’ai par ailleurs des attaches familiales disséminées un peu partout en Asie et dans le Pacifique où je séjourne de temps en temps quand ma disponibilité le permet. Toutes ces raisons font que je suis ravi de pouvoir à nouveau donner une coloration internationale à mon parcours professionnel !

Les activités internationales de la Cour des comptes concernent les actions de coopération bilatérale avec d’autres ISC, des contributions aux travaux de normalisation internationale des pratiques de contrôle et d’audit de même que des travaux dans le cadre de mandats d’audit externe d’organisations internationales (le Premier président de la Cour des comptes est le commissaire aux comptes de plusieurs organisations internationales et fait procéder à l’examen de la gestion de ces organisations à travers des audits de performance et de régularité).

Après avoir bénéficié d’une expérience de contrôle juridictionnel, d’examen de la gestion et de certification des comptes à la 7ème puis à la 2ème chambre de la Cour des comptes, j’apprécie beaucoup l’idée de contribuer ainsi activement au renforcement des capacités de jeunes ISC par une coopération bilatérale et multilatérale répondant à des demandes de bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale ou la Commission européenne. La coopération bilatérale peut prendre la forme de jumelages (c’est le cas avec la Tunisie, l’Algérie ou le Maroc) sous l’égide de l’Union européenne ou à travers des accords de coopération (Brésil, Niger, Chine, Chili, Sénégal, ...).

Par ailleurs, je prends plaisir à m’impliquer dans les travaux de plusieurs instances internationales, dont :
Intosai (organisation internationale des ISC des finances publiques) ;
Eurosai (organisation européenne des ISC des finances publiques) ;
Eurorai (organisation européenne des institutions régionales de contrôle des finances publiques) ;
Ipsas Board (normalisateur international pour la comptabilité publique).

Au sein de ces instances, les juridictions financières françaises travaillent sur les enjeux de professionnalisation et de normalisation des pratiques et méthodes, et promeuvent leur modèle juridictionnel de contrôle des finances publiques, indépendant des pouvoirs exécutif et législatif.
Enfin, la Cour des comptes assure le secrétariat général de l’AISCCUF (Association des institutions supérieures de contrôle ayant en commun l’usage du français), soutenue par l’organisation internationale de la Francophonie, et qui compte plus de 40 membres.

Quels projets avez-vous eu l’occasion de conduire dans ce cadre ?

J’ai eu l’occasion, au cours de mes premiers mois à la direction des relations internationales, de m’initier à champ varié de missions: coordination de notre projet de coopération avec la Tunisie, participation à des actions de coopération bilatérale (comité de pilotage du projet à Tunis, comité de coordination de projet à Hanoï, séminaire de formation à Rabat) et multilatérale (séminaire « Top Congrès » de l’AISCCUF à Abidjan, atelier de normalisation de l’INTOSAI sur la maîtrise des risques à Varsovie, séminaire de l’EUROSAI au National audit office à Londres, congrès international de l’INTOSAI à Koweït city), au suivi de nos relations avec la Cour des comptes européenne  (réunion des officiers de liaison du comité de contact au bureau de l’Auditeur général de Malte) et nos homologues, ou encore à l’animation des interactions internes de la DRIAEF avec les autres services de la Cour.

(1) voir nos articles du 15 mai 2016 (conférence), du 29 avril 2017 (« Audit et contrôle internes : la prévention et la détection des fraudes »), du 29 octobre 2018 (visite de la Cour par des membres franciliens)
(2) depuis 2004 :  direction centrale du commissariat de l’air jusqu’en 2007, puis service d’audit de l’administration et des finances (SAAF), centre d’audit administratif financier interarmées (CAAFi) et centre d’audit des armées (C2A) ; de 2014 à 2016, direction des affaires financières du ministère de la défense (ministère des armées en 2017)