« Ce 17 novembre 1983 restera dans les mémoires du Commissariat de l’Air. Affecté à Salon quelques mois auparavant, je partageais, avec Hervé de Laage de Meux, l’encadrement des promotions présentes à l’ECA - la promotion 1982 et la nouvelle issue du concours 1983, dont la particularité était d’avoir une élève féminin, ancienne du service administratif du commissariat de l’air (SACA 875 Paris), qui avait brillamment réussi le concours interne réservé aux sous-officiers.
M Coltin, JL Boué |
Au-delà des tâches habituelles de début d’année, la promotion 83 s’était déjà investie dans la préparation du 30ème anniversaire de l’ECA, prévu initialement fin novembre 1983 et qui fut reporté après le tragique accident du 17 novembre.
Jean-Louis Boué |
Michel Chaussebourg |
Mireille Coltin |
La cérémonie de la remise des poignards fut, comme toujours, un grand moment, fiers qu’ils étaient de retrouver leur famille dans un uniforme flambant neuf.
De g à d: M Chaussebourg, JL Boué, M Coltin |
Les élèves furent répartis dans les avions par ordre alphabétique, c’est ainsi que Jean-Louis Boué, Michel Chaussebourg et Mireille Coltin se retrouvèrent dans le même avion pour une virée découverte.
Le cahier d'ordres |
Le Jodel décolla de Salon, en début d’après-midi pour Romans, au nord de Valence, où nos jeunes et leur moniteur firent une escale. Pour le retour, le moniteur fit un détour vers le massif du Vercors. En remontant les vallées l’avion fut pris dans un rabattant au col de Menée, et ne put passer l’obstacle.
L’alerte fut donnée par un marcheur situé sur la montagne voisine. La gendarmerie déclencha le plan de recherche et l’Ecole de l’Air envoya dans la soirée une équipe, qui resta sur place plusieurs jours.
En ce début de soirée, alors que je venais de quitter la base, Bernard Thiriot, directeur de l’école, me demanda de revenir, sans plus de précisons, mais sa voix était empreinte de gravité.
Mon doute sur la gravité de l’évènement commença en arrivant à proximité de l’école, quand j’aperçus sur le parking les seules voitures de nos élèves.
Au cours de la nuit, les informations reçues des sauveteurs envoyés sur place ne laissaient plus d’espoirs.
Les jours qui suivirent - et l’année toute entière - m’ont profondément marqué, au point que j’avais même envisagé de demander ma mutation de l’école.
La raison dictait autre chose, de se tourner vers les familles pour les accompagner dans cette terrible épreuve, les parents de Jean-Louis et Michel, l’époux et les filles de Mireille. C’est ce que firent tous les cadres présents à Salon en 1983, Bernard Thiriot, Michel Barbaux, Hervé de Laage de Meux et moi-même.
Par la suite, une stèle à la mémoire de nos jeunes fut édifiée au col de Menée où, depuis, des cérémonies ont eu lieu, notamment en 2003 puis en 2013 en présence du commissaire général (2S) de Laage de Meux, ancien directeur central, ainsi que des commissaires François et Pitiot, anciens ECA83, et des élèves des promotions 2012** et 2013 de l'école.
Pour ma part, cette tragédie m’aura marqué, car j’avais eu du mal à accepter la disparition de ces jeunes pleins d’enthousiasme et d’avenir.
Au fil des années, j’ai gardé le contact avec les familles, en souvenir de nos jeunes commissaires de la promotion 83. »
Bernard SPROTTI – ECA 74
*Maire de Breuillet (Essonne) depuis 2008, 1er Vice-président de « Coeur d'Essonne Agglomération »
**Dernière promotion de l'école du commissariat de l'air
Voir également nos articles des 4, 17 et 28 novembre 2013 (commémoration), 9 novembre 2017 (Michel Chaussebourg)
Il est rappelé que les noms de nos 3 jeunes camarades sont intégrés au futur Mémorial des aviateurs, en cours de réalisation par l’association du mémorial des aviateurs et devant être ouvert en 2019 au sein du musée de l’air et de l’espace au Bourget.