lundi 16 avril 2018

Le commissaire général Jacques de Finance

L’AMICAA poursuit ses recherches sur les premiers commissaires de l’air, sur la base des archives du SHD et, souvent, avec l’aide des familles. Pour le présent article, nous remercions Jacqueline de Vanssay, fille du commissaire Jacques de Finance.

Issu d’une vielle famille de Lorraine, Jacques de Finance est né le 6 février 1910 à Chalons sur Marne (aujourd’hui Chalons en Champagne). Resté très attaché à sa province d’origine, il prépare et réussit le concours de St Cyr au lycée Poincaré à Nancy. Promotion Joffre de St Cyr (30-32), il est affecté comme sous-lieutenant au 168ème RI à Thionville, puis en 1935 au 149ème RI, deux régiments dits « de forteresse » (RIF) sur la ligne Maginot, près de sa région natale où il reste quelques années dans un climat rude, avec un horizon de blockhaus un peu sévère, essuyant les plâtres de cette nouveauté de l’époque. Il passe notamment 6 mois et 22 jours au Fort de Morfontaine.


Sans doute rêve-t-il parfois de ciel bleu et de plus vastes paysages ? Promu lieutenant en 1934, il est volontaire pour « passer » dans l’armée de l’air, au moment où cette jeune armée est en train de s’organiser et de recruter des cadres dans toutes les armées. L’Ecole de l’Air de Salon - de- Provence n’existe pas encore. Détaché dans l’armée de l’air, Jacques de Finance suit un stage de juin à septembre 1936 à l’école pratique d’aviation d’Avord où il obtient la qualification d’observateur. Il rejoint en octobre Metz et la 38ème escadre d’observation  (3ème groupe/ 6ème escadrille), puis la 33ème escadre, sur Potez 540/542, et enfin le GAR 506. Il y restera pendant plus de deux ans, après avoir acquis la qualification de pilote en 1938.

Mais le 31 mai 1938, au retour d’une mission de nuit sur Potez 540, il est blessé lors d’un atterrissage brutal, entraînant un handicap pour la suite de sa carrière de pilote. Il totalise alors 1118h de vol. Le 15 février 1939, il est muté au ministère de l’Air à Paris, à l’ EMAA 1er bureau / Mobilisation, où il est promu capitaine le 1er octobre 1939.

Le 1er mars 1940, il est affecté sur la base de Clermont Ferrand, au centre d’instruction du renseignement, puis en juin au GAO 516 juste avant l’armistice. Il rejoint le 7 octobre 1940  le groupement de jeunesse « Jeunesse et montagne »(1), groupe N° 31 à Arudy (Basses Pyrénées), puis le 10 décembre 1940 le Groupe 1/38 à Istres. Il y est démobilisé le 1er décembre 1942 et se retire à Chanas.

Après un congé d’armistice du 1er mars 1943 au 7 décembre 1944,  il est rappelé à l’activité et rejoint le commandement des services du 1er Corps aérien francais, qui va accompagner la 1ère armée de de Lattre et les américains, de Besançon jusqu'à Lahr. Il y est l'adjoint du commissaire ordonnateur de 3ème classe Lamouille, ancien pilote lui aussi et commissaire depuis peu.

Mais les séquelles de son accident le condamnant à un emploi plus stable, il passe le 24 mars 1945 le concours  de l’Ecole supérieure d’Intendance à Paris. A l’issue, nommé commissaire ordonnateur de 3è classe - cdt- fin décembre 1945, il est affecté à l’intendance des bases de l’air de Rennes le 2 janvier 1946, comme chef de service.

Général Challe
Il rejoint ensuite successivement l’intendance des bases de l’air de Marrakech le 6 août 1946, comme chef de service (unité devenant CBA 763 le 1er juillet 1947 suite au changement de dénomination des services de l’intendance de l’air), affectation où il se voit remettre la Légion d’Honneur (chevalier) par le général Maurice Challe (photo), ensuite le CBA 757 de Tours le 13 mai 1950 (où il est promu à la 2è classe - Lcl - en janvier 1951) puis la DRCA d’Aix comme adjoint au directeur le 24 décembre 1955 (assurant l’intérim du directeur pendant les opérations de Suez). Il est promu commissaire colonel en janvier 1956.

Le 1er juillet 1960, il revient à Paris comme adjoint à l’inspecteur général du commissariat avant d’être affecté à Lahr le 16 juillet 1963 comme directeur du commissariat du 1er CATAC (où il est décoré par le général François Maurin, alors sous-chef Plans à l’EMAA).

Cre de Finance (à g), abbé Gousset (à dr)
Nommé commissaire général de brigade aérienne le 1er août 1964, il est nommé directeur régional en FATAC- 1ère RA à Dijon, jusqu’à son départ de l’armée de l’air le 1er avril 1966.
Il se retire à Chanas, dans la terre dauphinoise de son épouse. A la demande de son ancien aumônier militaire de la base aérienne de Marrakech, l’abbé Gousset (photo), il prend la présidence de l’Entraide Sociale Batelière à Conflans Ste Honorine.

Il décède à l’hôpital militaire Desgenettes à Lyon le 9 avril 1995 et est enterré à Chanas.
Décoration: Officier de la Légion d’honneur  26 décembre 1963

(sources : dossier SHD n° SHD DE 11 ZL 008 191; Jacqueline de Vanssay née de Finance)

(1) Jeunesse et Montagne (JM) est une organisation créée en août 1940, après la défaite, par l'Armée de l'air française, afin de donner une formation à la jeunesse (notamment aux jeunes qui auraient voulu devenir aviateurs) alors que les Forces armées françaises étaient quasiment dissoutes par les autorités allemandes. Jeunesse et Montagne est donc une organisation sœur des Chantiers de la jeunesse française. Elle est aussi l'ancêtre de l'actuelle UCPA, centre de loisirs pour la jeunesse. Les 2 groupements pyrénéens sont dissous en mars 1943 sur ordre des autorités allemandes qui les soupçonnaient — à juste titre — de favoriser des passages clandestins de la frontière espagnole et leurs effectifs sont répartis sur les groupements alpins.