dimanche 29 avril 2018

ECA promotion 68

par Michel Braud (ECA 68)

L’amicale va présenter en ce mois de mai 2018 des articles sur les « évènements » de mai 68, tels que vécus par le service du commissariat de l’air, et sur la façon dont les commissaires de l’air - qui n’étaient pas encore en poste sur les bases aériennes - ont fait face à des difficultés de tous ordres et permis aux bases aériennes et aux aviateurs d’être aussi peu pénalisés que possible dans leurs activités opérationnelles comme dans leur vie quotidienne.

Premier article : les conséquences des évènements sur l’organisation des concours des commissariats Air et Marine en 1968 et sur la scolarité à Salon.


Le concours 1968
Les évènements de mai ont empêché le déroulement, dans presque toutes les universités, des examens de la session de juin. Il en est résulté que les étudiants qui préparaient, durant la dernière année de leur licence (1), les concours des commissariats - alors air et marine (2) - ou celui des affaires maritimes ne pouvaient donc concourir en 1968 si les administrations concernées maintenaient en juillet les dates des écrits, comme les années précédentes.

Si la marine (commissariat et affaires maritimes) reporta les écrits de ses concours en octobre 68, de façon à permettre aux étudiants de 4ème année de concourir à l’issue de leurs examens de fin d'année qui se déroulèrent cette année- là en septembre, l'armée de l'air maintint les dates des écrits en juillet, ce qui limita le nombre des candidats, puisque seuls purent concourir les licenciés de 1967 ou des années antérieures.

Le souffle de l’esprit de mai 68 sur la scolarité
Est-ce que cet « esprit » de mai 68 eut une influence sur notre promo elle-même ? Pas vraiment. Mais, pour l'anecdote, un évènement montre néanmoins l'esprit frondeur (très relatif) que les évènements de mai ont fait souffler sur notre promotion.

Lors de la deuxième période militaire de juin 69, alors que nous étions passés aspirants à la Toussaint en application de notre statut, nous allions devoir suivre toute l'instruction et les exercices avec les « poussins » de la promo EA 68 (mais eux, pas encore promus aspirants). Nous devions prendre nos repas avec eux, puis retourner le soir au bâtiment Testard, équipé en box individuels, où nous logions avec tous les aspirants EA 67. Il en avait été ainsi pour nos anciens de la promotion ECA 67.

Mais, un peu avant l’échéance, l'encadrement des poussins nous fit part d’un changement et de notre retour complet, pour cette période militaire, au bâtiment Brocard (où logeaient les poussins…. en chambrées).
Or, nous n'avions nullement l'envie de renoncer au confort de nos box individuels avec la liberté d'extinction des feux et de retrouver la vie en dortoirs avec des horaires contraints d'extinction des feux et de réveil.

La lecture attentive du règlement intérieur de l'école de l'air (dont personne ne semblait vraiment se soucier, à part les juristes - épris de confort-  que nous étions) vint en soutien de nos prétentions. Comme notre promotion savait, par expériences précédentes, que la hiérarchie de l'école du commissariat estimait qu'elle n'avait pas à intervenir sur tout ce qui relevait de l'école de l'air (et notamment les deux périodes militaires de première année), les cinq élèves commissaires de la promotion 68 allèrent eux-mêmes en délégation voir l'encadrement poussins pour lui faire part d’un point de droit que sa position nouvelle méconnaissait, à savoir l’existence d’un régime particulier pour le logement et la restauration des aspirants.

Dans un esprit de conciliation, nous fîmes part à nos interlocuteurs de ce que nous ne voyions pas d'inconvénients à prendre nos repas avec les poussins comme cela s'était fait les années précédentes, mais que nous tenions à rester au Testard pour le coucher (4). L'accueil fut plutôt frais.

Le temps passa, notre espoir d'être pris en considération vacillant au fur et à mesure que le temps passait et que l'attente se prolongeait. Et puis un jour, nous apprîmes que notre requête était remontée "à des échelons supérieurs". Enfin, peu avant le début de cette deuxième période d'instruction militaire, il nous fut indiqué assez sèchement que nous ne participerions qu'à l'instruction avec les poussins et que nous garderions nos prérogatives d'aspirants pour le logement et l'alimentation (5).[…]

Est-ce une autre conséquence de mai 68, mais vers juin ou septembre 1969 est intervenue une réforme dans le régime de sortie des aspirants : alors que, jusque-là, la sortie de l'école de l'air lors d'une permission ne pouvait intervenir, justement, qu'en tenue de sortie, à la suite de cette réforme, il fut désormais possible pour les aspirants de quitter le bâtiment Testard …en civil, en suivant un parcours bien délimité jusqu'à la sortie du "Piège" (6)!

1/ A l'époque en quatre ans, la maîtrise n'existant pas encore
2/ Les intendants étaient alors recrutés au niveau de capitaine
3/ les ECA n’étaient pas externes en 1ère année; l’externat des commissaires n’ayant débuté qu’en 1974
4/ Il est rappelé que les commissaires avaient souvent 2 ou 3 ans de plus que les élèves officiers et étaient parfois mariés.
5/ Sauf bien sûr pour la période sous tente à Ancelle
6/ l'école de l'air

Michel Braud