mercredi 3 janvier 2018

Vol à voile à Salon en 1956

Par le commissaire général (2S) Jean-Louis Barbaroux (ECA 56)

Le commissaire Hugues N… de la promo 2016 « Voie Sacrée » nous a présenté les activités vélivoles  de sa promo (article du 14 décembre 2017). Il ignore très certainement que certains de ses prédécesseurs à Salon, soixante ans  auparavant, avaient goûté les mêmes émotions aéronautiques sur la piste en herbe de la BA 701*.


Soucieuse de la formation aéronautique de la promo 56, réduite pratiquement à zéro pendant « l’expédition de Suez », l’Ecole de l’Air avait autorisé les élèves, y compris bien sûr la 10ème brigade, celle des commissaires, à pratiquer le vol à voile …  le samedi après-midi et parfois le dimanche. Il y eut pas mal d’intrépides volontaires, car les distractions étaient rares, les moyens financiers quasiment inexistants, pas de véhicules personnels, et même  pas de cars vers la gare (restrictions d’essence !).

Le vol à voile, c’était sur place, et gratuit.


Le matériel aéronautique n’était pas trop performant : il se réduisait à deux ou trois antiques planeurs, je pense qu’il s’agissait de C800. Et le remorqueur ? Vous galéjez ? Nous disposions d’un treuil mû par un moteur de camion monté sur un chariot, capable de tirer le planeur jusqu’à 200 mètres, 250 avec un vent favorable. Ne riez pas, 60 ans auparavant, Clément Ader n’était monté qu’à … cinquante centimètres. Et pourtant son vol est devenu historique.

Cette situation élevée avait le mérite de nous fournir enfin une vue aérienne de la base, mais le vol ne durait guère plus de trois minutes. Comme nous étions nombreux, il ne fallait pas espérer plus de 2 ou 3 tours dans la journée : nous nous consolions en accompagnant les « plumes » au décollage ou en déplaçant le treuil.

Quant à notre équipement, seul le parachute avait une allure aéronautique, notre tenue étant le battle-dress de tous les jours. Laissez-moi rêver avec les tenues de vol actuelles, et je ne parle même pas du « patch », fantaisie impensable en ces temps austères !

*Voir aussi l’article du commissaire Nathalie Vachet-Valaz (« Un commissaire pilote » 7 juin 2014)