mercredi 20 septembre 2017

Paul de Raguenel de Montmorel, pilote et commissaire de l’air.

 Nous poursuivons la diffusion de nos articles sur les grands anciens du commissariat de l’air, grâce aux recherches du commissaire général François Aubry et à l’aide précieuse souvent apportée par les descendants, notamment dans le cas présent.

Né le 28 décembre 1897 à Vitré (Ille et Vilaine), Paul, Marie, Yves de Raguenel de Montmorel appartient à une ancienne  famille bretonne dont on retrouve la trace du temps de du Guesclin.

Appartenant à la classe 1917, bachelier es-sciences, il est incorporé dès le 7 janvier 1916 au 99ème régiment d’infanterie. Il n'est pas envoyé au front, ayant perdu son père et ses deux frères aînés au début de la guerre :  Joseph, son père, né le 15 août 1867, commandant au 261ème RI, mort à l’hôpital de Valicourt (Meuse), ses frères Jean, né le 25 mai 1895, sergent au 22ème RI, mort à Sommepy le 25 septembre 1915, et André, né le 13 août 1896, aspirant au 152ème RI, mort le 15 octobre 1916 à Silly (Somme). En outre, dès le premier mois de la guerre, son oncle, Pierre Joseph, né en 1879, est également mort pour la France à Sourd dans l’Aisne.

Rapidement pressenti pour être officier, Paul de Raguenel ne reste pas longtemps simple soldat et rejoint dès le mois de mai 1916 le centre d’instruction de Saint Maixent. Il en sort aspirant au mois d’octobre et rejoint le 99ème RI où il passera toute la guerre.


Le 16 septembre 1919, il est placé en congé illimité et se retire à Rennes, rue Palestine, avec le grade de sous-lieutenant à titre temporaire. Sa vocation militaire se confirme en 1921 lorsqu’il est rappelé dans les cadres actifs et intègre Saint Cyr le 28 octobre.

Le Pilote

Classé 6/312 à l’issue de sa scolarité, il choisit l’aviation, qui n’est pas encore une arme, et reprend pour deux ans le circuit des écoles avec, successivement, Avord, Istres, Versailles et Cazaux. L’administration de ce personnel nouveau que constituent les aéronautes, devenus aviateurs en 1923, cherche ses marques. Une double  rétroactivité permet de régulariser sa situation, d’une part pour son affectation, il est nommé, à compter de sa date d’entrée à St Cyr le 28 octobre 1921, au 32ème régiment d’aviation d’observation de Dijon et, d’autre part, pour son grade,  lieutenant d’aviation à la même date, même s’il était déjà lieutenant de réserve depuis 1920.

En 1924, il passe avec succès le brevet « d’observateur en avion » (31 janvier) et celui de « pilote d’avion » le 18 mai (brevet n° 20290).

Potez 25 TOE Rayak
Il est  alors muté successivement au 11ème régiment d’aviation de bombardement à Metz, où le caporal Mermoz est passé deux ans auparavant, puis au 39ème régiment d’aviation à Rayak (Liban), spécialisé dans l’observation. Arrivé à Beyrouth, le 5 mai 1926 - deux ans après Pierre de Broca* - il effectue aussitôt un stage de formation météo et se retrouve rapidement chef du détachement météorologique du Levant.

Autorisé à prolonger son séjour pour deux ans, il ne rentre en France qu’en 1931. Nommé chevalier de la légion d’honneur le 11 juillet, il rejoint Versailles en octobre pour encadrer les futurs officiers pilotes d’une armée de l’air pas encore indépendante (mais qui a déjà son uniforme). Marié à mademoiselle Geneviève Rochette de Lempdes, ils auront quatre enfants : Tiphaine, Alain, Anne et Ghislaine. En novembre 1934 - année où l’armée de l’air acquiert enfin son autonomie - il est nommé adjoint au directeur des études de l'EMAA.

En mars 1939, il fait mouvement avec sa famille sur Montpellier pour commander le GAO n°516 et diriger « l’air régional n°16 ». Nommé commandant le 15 juin 1939,  il étrenne ses nouveaux galons avec la responsabilité, provisoire, de commandant de la base de Montpellier.

Le 17 avril 1940, il revient boulevard Victor, au 6ème bureau de l’EMAA. A la dissolution de ce poste après le débarquement des alliés en Afrique du nord, il est orienté en décembre 1942 vers l’administration et affecté au Service de l’administration de l’air (SAA), ancêtre de la DCCA.

Le Commissaire


1940
C’est dans ce service, dirigé par un commissaire de la marine, Raymond Sourrieu, qu’il présente en 1943 une demande pour devenir commissaire ordonnateur de l’air. Un concours est prévu pour 1944 mais, compte tenu des circonstances,  ne pouvant être organisé, il est remplacé en début d’année par une sélection sur stage probatoire dans le SAA. A l’issue de ce stage qui se déroule du 1er mai au 1er décembre 1944, le commandant de Raguenel et le capitaine Roger Hourlier (en poste à l’intendance de l’air de Limoges) sont retenus pour devenir commissaires. Mais les aléas de l’époque rendent les carrières chaotiques.

Rayé du cadre navigant et placé dans le « cadre sédentaire du personnel navigant » le 1er octobre 1944, Paul de Raguenel est mis le 8 janvier 1945 et pour trois ans en position de non activité par retrait d’emploi. Cependant, dès le 15 mars, il est rappelé « provisoirement » et un mois après «définitivement » à l’activité pour intégrer la toute nouvelle DIAAA (direction de l’intendance et de l’administration de l’armée de l’air) que dirige le commissaire général Perret. Ce dernier lui confie le 4ème bureau où il ne restera que 40 jours, appelé à devenir chef de service à l’intendance des bases de l’air de Dijon à compter du 1er mai.

Par décret du 12 juin 1945, signé du général de Gaulle et de Charles Tillon, il est nommé commissaire ordonnateur de l’air de 2ème classe (lieutenant- colonel), d'abord à titre temporaire et rétroactif, puis à titre définitif. Le 16 juillet, la décision du général de Gaulle lui est notifiée par le commissaire Habert, directeur de l’intendance de l’air de la 1ère région aérienne à Dijon. Le 1er juillet, il effectue son dernier vol à Dijon, totalisant  978 heures de vol.

au SMAA
Nommé officier de la Légion d’honneur en 1947, il revient en administration centrale l’année suivante au poste de sous-directeur administratif au service du matériel (SMAA), où il est promu commissaire ordonnateur de 1ère classe (colonel) le 1er juillet 1948.

Le 8 mai 1950, il  succède au commissaire général Habert, muté en 5ème région aérienne, sur le poste de directeur à Dijon qui, entre temps, a changé de nom et s’appelle désormais « direction du commissariat de la 1ère région aérienne ». Le commissaire de Raguenel occupe ce poste pendant sept ans et sera même maintenu en service sur cet emploi, à sa demande, du 26 décembre 1955, date de la limite d’âge de son grade, au 7 février 1957, date de son départ du service actif. Il est rayé des cadres de réserve en décembre 1960.

Une lettre du 10 novembre 1961, signée au nom du ministre par le directeur central du commissariat de l’air, le commissaire général inspecteur Louis Bilbault, indique « que le ministre des armées adresse ses remerciements à monsieur de Raguenel de Montmorel pour les services qu’il a rendus à l’Armée de l’air ».

Il se retire d’abord à Dijon  puis à saint Jouan des Guérèts (Ille et Vilaine), où il décède le 8 octobre 1978.
commissaire général François Aubry

*Voir article du 6 juin 2017
Remerciements au Lcl (cr) Yves de Dieuleveult, gendre du commissaire colonel de Raguenel
Sources : dossier SHD AI 1P 31543