jeudi 19 mai 2016

Le commissariat de l’air dans l’histoire de l’aviation militaire française

Le commissaire colonel Georges Bilbault (ECA56)* nous a transmis un extrait du livre « Histoire de l’aviation militaire de 1938 à 1981 » (Lavauzelle, 1981), rédigé par les généraux Charles Christienne** et Pierre Lissarague***, extrait relatif à l’histoire du commissariat de l’air. Il est intéressant de lire cette synthèse sous la plume (et, donc, avec la vision) d’officiers PN qui ont connu les deux recrutements de commissaires et suivi l’évolution des structures dans les années 70.

« Histoire du commissariat de l’Air

Dès la naissance de l'Armée de l’air, le besoin se manifestait de disposer d’un organisme responsable de la surveillance administrative prévue par la loi de 1882. Le projet de loi de 1934 définissant le statut organique de l’Armée de l’air avait prévu la création du corps spécialisé des commissaires de l’air. Cette création fut, pour des raisons d’économie, refusée par le Parlement.


Il fallut en conséquence, avoir recours à l’intendance qui plaça auprès de chaque commandant de région aérienne puis à l’état-major général un intendant, conseiller technique.

Cette solution n’était pas satisfaisante, aussi le 28 décembre 1940, 12 emplois d’intendants de l’air étaient créés par la loi de finances.

L’acte dit loi du 17 février 1942 créait le corps des commissaires ordonnateurs de l’air.
Les commissaires ordonnateurs de l’air se voyaient dotés d’un statut et d’attributions analogues à celles des intendants. Ils étaient recrutés par concours ouvert aux capitaines des autres spécialités de l’Armée de l’air. Les admis suivaient deux ans d’études à l’Ecole supérieure de l’Intendance.

L’organisation de l’Intendance de l’Air avait déjà pris corps autour de la structure territoriale définie par la loi de 1934. En 1941, les services furent organisés selon les mêmes principes en France et en Afrique du Nord. Après 1942, les directions situées en France connurent bien des vicissitudes, surtout celle située en zone Nord et c’est tout naturellement la fraction « nord-africaine » qui réorganisa le service à Paris, après la Libération.

Le service central portait alors le nom de « Direction de l’Intendance et de l’Administration de l’Armée de l’Air » et ce n’est qu’en juin 1947 que l’appellation officielle devenait « Direction du Commissariat de l’Armée de l’Air ». A la même date était créée l’Inspection technique du Commissariat de l’air.

Le Commissariat de l'Air comprenait en outre des magasins centraux ainsi que des directions régionales.
Les directeurs régionaux avaient sous leurs ordres directs, d'une part les Intendances des bases de l'air qui allaient devenir les Commissariats des bases de l'air (CBA), d'autre part les magasins régionaux d'habillement.

Il n'est pas question de détailler l'ensemble du service de l'époque qui rayonnait de l'Allemagne à l'Indochine en passant par les territoires d'outre-mer.

La relance générale de l'Armée de l'air opérée après 1950 posa brutalement un problème de recrutement au corps des commissaires ordonnateurs. Les effectifs du corps devaient être augmentés or, en dehors des officiers administratifs, peu de capitaines acceptaient de passer le concours de l'Ecole supérieure de l'Intendance.

L'idée qui prévalut fut de conserver aux commissaires les attributions des intendants tout en les dotant d'un statut analogue à celui des commissaires de la marine. Ceci fut fait par un décret du 28 avril 1953 et la première promotion d'élèves commissaires de l'air entra à Salon en octobre de la même année.
La nouvelle appellation était mieux choisie, le mot ordonnateur disparaissant.

Notons, pour la petite histoire, que dès sa sortie, le décret fut attaqué devant le Conseil d'Etat par le lieutenant-colonel Roynette du corps des officiers administratifs de l'air et annulé pour excès de pouvoir le 16 octobre 1959.

La loi du 30 juillet 1960 remit les choses en place et son caractère rétroactif la faisant partir d'avril 1953, le travail effectué et la situation des personnels ne souffrirent pas de l'arrêt de la Haute Assemblée.
De même que le corps évoluait, ses attributions étaient modifiées au gré des réorganisations de l'Armée de l'air.
Les Centres administratifs territoriaux de l'air (C.A.T.A.) avaient été créés à partir de 1951, sous l'autorité des commissaires des bases, dans le but de soulager les corps de troupes de leurs tâches administratives.
Des mutations plus profondes intervenaient avec la mise sur pied des grands commandements fonctionnels qui instituaient une structure verticale, non prévue par la loi de 1934.

Les décisions prises en 1964 limitèrent le poids administratif de cette création. Les grands commandements ne disposant pas de service, le commissaire de l'air qui leur était affecté reçut des attributions de conseiller technique. Les commandants de région, responsables de la logistique commune, continuèrent bien sûr, comme par le passé, à avoir auprès d'eux un directeur du Commissariat de l'air.

La modification importante apportée au service commissariat le fut en 1972, date à laquelle la direction de l’administration des bases aériennes fut confiée aux commissaires de l’air, adjoints, à ce titre, des commandants de base. Le prétexte saisi fut celui de la mise en route des budgets de fonctionnement, mais au-delà on recherchait d’une part l’amélioration du service administratif et le rapprochement des P.N. et des commissaires. A ce titre, la réforme était dans la même ligne que l’adoption du recrutement direct ou que les stages faits, à partir de  1956, par les jeunes commissaires dans les unités navigantes.

Parallèlement à la désignation des commissaires à la tête de l’administration des bases, les C.B.A, furent progressivement supprimés.

Aujourd’hui (1981), le Commissariat de l’air a atteint sa pleine maturité.
Les attributions sont définies par un décret du 15 février 1980. Aux termes de ce décret, il est chargé dans l’Armée de l’air :
de pourvoir aux besoins du personnel;
de faire assurer l’application du régime du budget de fonctionnement ;
d’élaborer la réglementation administrative;
d’assurer la surveillance administrative;
de conseiller le commandement dans les domaines de sa compétence;
de participer à divers actes administratifs.

Pour l’exercice de ces attributions, le directeur central, responsable devant le ministre, de l’administration et de la gestion de l’ensemble du service et placé sous l’autorité du chef d’état-major de l’Armée de l’air, dispose :
de l’inspecteur du commissariat de l’air;
du réseau de commissaires :
*directeurs du commissariat des régions aériennes;
*conseillers techniques des grands commandement;
*chef des moyens d’administration des  bases aériennes;
d’un établissement central, le service d’études techniques et d’approvisionnement des matériels du commissariat de l’air (S.E. T.A.M.C.A.) à Brétigny;
d’organismes extérieurs relevant de la direction centrale :
*un service administratif du commissariat de l’air (S.A.C.A.) à Paris;
*quatre établissements régionaux du commissariat de l’air (E.R.C.A.) (plus une annexe);
des organismes dépendant des directeurs régionaux ;
*quatre centres administratifs du commissariat  de l’air (C.A.T.A.). »


*fils du commissaire général Louis Bilbault (DCCA de 1956 à 1965, record de durée), 
**ancien directeur du SHAA
*** ancien directeur du musée de l’air et de l’espace