jeudi 3 décembre 2015

Un trésor pour le commissaire

par le commissaire général (2S) Henri Mulotte

Le commissaire Mulotte a été le premer commissaire de la BA 116 de Luxeuil, de juillet 1972 à juillet 1976.

Outre ses fonctions habituelles, il est chargé fin 1972 par le commandant de base de superviser les travaux d'archéologie sur un trésor monétaire qui vient d'être découvert sur la base.





Découverte
Au mois de septembre 1972, quelques pièces éparses étaient remarquées lors de travaux de terrassement effectués sur la base aérienne de Luxeuil. L'exploration du sol en profondeur faisait apparaître des pièces de monnaie de plus en plus nombreuses jusqu'à la mise au jour d'un véritable trésor monétaire de pièces romaines d'époque constantinienne. Les investigations furent poursuivies jusqu'au dégagement partiel d'un ensemble composé à première vue :
d'une demi-couronne composée de plusieurs blocs de métal ferreux ;
de pièces de monnaie disposées en rouleaux, imprégnés de terre à l'intérieur de gouttières en bois faiblement apparentes ;
d'un fond plat pouvant être celui d'un coffre ;
de tessons de poteries éparpillés.
En attendant les autorisations indispensables pour entreprendre des recherches plus étendues, le colonel commandant la base aérienne (colonel Capillon, futur CEMAA) prenait toutes les mesures de protection nécessaires. Le maximum de pièces était alors retiré et l'excavation était rebouchée.

En mars 1975, le trésor monétaire et les blocs métalliques étaient remis au directeur des antiquités historiques de Franche-Comté à Besançon.
Une équipe d'amateurs était également constituée pour effectuer des fouilles approfondies. Elle comprenait des officiers et sous-officiers qui, tout au long de l'année, consacraient à cette tâche une partie de leurs rares moments de détente.

Exploration du site

Selon les directives reçues, après enlèvement des remblais de l'année précédente, une tranchée était ouverte à bonne distance du site présumé. Effectué sur 2 côtés dans un sol dur et caillouteux et sur les 2 autres dans une terre assez meuble, ce travail n'a donné aucun résultat.

La plate-forme centrale a été déblayée sur toute sa surface jusqu'aux traces de bois. La terre tamisée a permis de récupérer encore un certain nombre de pièces, quelques éléments de poterie, un clou (?), des petits morceaux de métal (résidus de coulées ?).
Malgré les précautions prises, les vestiges de bois n'ont pu être dégagés de façon homogène. Dès qu'ils étaient nettoyés et exposés à l'air, ils se desséchaient et se décomposaient en lamelles, en raison de leur très faible épaisseur. Il a été possible d'observer 3 ou 4 formes creuses, ressemblant à des gouttières posées l'une à côté de l'autre et reposant sur un fond de bois.

L'examen du socle restant était entrepris quand les travaux ont dû être arrêtés par suite des intempéries.

Quelques précisions
- Le site : 2m 50 sur lm50.
- Les blocs de métaux ferreux : pesant respectivement 11, 12. 15 et 22 kg. ils sont de forme légèrement concave et de surface plate. Leurs dimensions sont : 15 cm de largeur, 40 cm de longueur, 5 cm d'épaisseur.
- Les pièces de monnaie : la plus grande partie du trésor, prise en charge par le Cabinet des médailles de la bibliothèque nationale représentait 42 Kg, soit environ 20 000 pièces. Les recherches ultérieures ont permis d'en récupérer encore un certain nombre.
Elles sont en bronze (70 % de cuivre et 30% d'étain) et représentent les principaux types et ateliers de fabrication de l'époque constantinienne. La date de l'enfouissement de ce trésor se situerait entre 352 et 357, au moment des invasions barbares.