mercredi 12 août 2015

1953 : un tournant historique

Les débuts d’une nouvelle génération de commissaires de l’air 
Par le commissaire général (2S) Jean Bajard (ECA 54)

La publication, le 31 juillet dernier sur ce blog, d’une directive de 1955 émanant d’un commissaire chef d’un CBA (1) à un jeune commissaire sortant de la nouvelle école du commissariat de l’air, créée au sein de l’école de l’air en 1953, me pousse à apporter quelques précisions sur la réelle révolution du service du commissariat de l’air initiée cette année-là.

Je me résous à évoquer quelques souvenirs personnels non seulement pour apporter un témoignage sur ce que fut l’histoire du commissariat de l’air, mais aussi en pensant aux élèves commissaires des armées à ancrage air de la promotion "Première Ligne" que j’ai vu quitter l’école des commissaires des armées le 16 juillet dernier et qui, fin août 2015, rejoindront leur première affectation dans l’armée de l’air. Ils vont, eux aussi, "essuyer les plâtres" (2). Mais qu’ils se rassurent,  je sais qu’ils y sont bien préparés, ce qui n’était pas tout à fait le cas en 1956.

Je commencerai par évoquer succinctement le commissariat de l’air d’avant 1953 car cette histoire pesait beaucoup dans les relations entre le commandement de l’armée de l’air et le service. Je rappellerai ensuite dans les grandes lignes l’esprit des décisions prises en 1953, décisions qui initièrent l’avènement d’une nouvelle génération de commissaires. Enfin, je dirai quel sort très différent fut réservé à leur sortie d’école d’abord aux élèves de la première promotion (1953), puis à ceux de la deuxième promotion (1954). Ce survol de l’histoire du commissariat de l’air évoquera l’influence du commissariat de la marine sur le commissariat de l’air en 1953. Je le conclurai en évoquant une étape particulière au début de laquelle j’ai assisté trente ans plus tard. Il s’agit de la transformation du service de l’intendance en commissariat de l’armée de terre.

1- Avant 1953

Lors de sa création, en 1934, l’armée de l’air ne disposait pas de service comparable à ce qu’étaient le service de l’intendance pour l’armée de terre ou le commissariat de la marine pour la marine nationale. C’est essentiellement l’intendance qui assurait son soutien logistique et son soutien administratif.


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Une première évolution importante est survenue en 1942, lorsque le gouvernement de Vichy créa le commissariat de l’air. Ce n’est qu’après la fin de la guerre que cette décision put réellement aboutir à la naissance du service. Ce premier acte d’une volonté d’indépendance de l’armée de l’air ne pouvait pas cependant complètement séparer l’armée de l’air de l’intendance. Le nouveau service disposa d’un corps de commissaires ordonnateurs de l’air recruté majoritairement parmi les intendants de l’armée de terre et donc porteurs des traditions de ce service.


Plusieurs parmi eux avaient été officiers dans les unités de l’armée de terre, avant d’être reçus au concours d’entrée à l’école supérieure de l’intendance (ESI) et certains étaient d’anciens Saint-Cyriens. Parmi ces derniers, la plupart avaient déjà servi dans des unités d’aviation avant la création de l’armée de l’air. L’influence des traditions de l’intendance était appelée à se perpétuer puisque, pour les officiers de l’armée de l’air qui voulaient devenir commissaires ordonnateurs de l’air, il fallait passer le concours donnant accès à l’ESI où ils étaient formés avec leurs camarades de l’armée de terre. Quelques officiers de l’armée de l’air reçus à ce concours venaient du personnel navigant ou des mécaniciens, ou du corps des bases mais la majorité venait des officiers d’administration de l’armée de l’air qui, plusieurs années plus tard, devaient être intégrés dans le corps des officiers des bases.

Ce bref retour historique s’impose pour comprendre les difficiles relations que le commandement de l’armée de l’air entretenait avec le service du commissariat de l’air. Le domaine le plus délicat de leurs relations ne concernait pas l’aspect "soutien logistique" de la mission du commissariat mais celui, très particulier, de la surveillance administrative et de la vérification des comptes, dans lequel la loi du 16 mars 1882 donnait aux intendants une grande autonomie et un pouvoir critique à l’égard du commandement.

Les commissaires agissant par délégation du ministre, leurs rapports de surveillance administrative étaient adressés directement aux commandants de région, qui demandaient des explications et éventuellement sanctionnaient leurs subordonnés…Ces procédures avaient créé un climat d’incompréhension et de méfiance frisant parfois l’hostilité entre le commandement et le commissariat. Il n’est sans doute jamais très agréable d’être surveillé et critiqué par des services qui ne participent pas activement à l’action, mais il faut aussi rappeler la situation de l’armée de l’air en 1945. La guerre était terminée et, compte tenu des conditions de re-création de l’armée de l’air avec un encadrement plus soucieux d’efficacité opérationnelle que de rigueur comptable et de respect des règlements, une véritable reprise en main s’était imposée, ce qui ne se fit pas sans mal.

Dans ces conditions, on comprend que le commandement de l’armée de l’air ait regardé avec envie du côté du commissariat de la marine, dont les traditions n’avaient rien de commun avec celles de l’intendance de l’armée de terre. Le recrutement des commissaires de la marine était bien différent de celui des intendants (donc des commissaires ordonnateurs de l’air, calqué sur celui des intendants). En effet, même si, à l’époque, l’école du commissariat de la marine (à Toulon) était loin de l’école navale (à Lanvéoc-Poulmic dans la rade de Brest), les commissaires de marine - qui participaient à la croisière du navire école Jeanne d’Arc avec les élèves de l’école navale - étaient, très tôt, totalement intégrés à la marine nationale dans laquelle ils allaient, tout au long de leur carrière, exercer diverses fonctions dans des équipes composées d’officiers de marine et de commissaires, à commencer par les conseils d’administration de certains navires.

2 – 1953 

Pour se rapprocher d’un tel modèle il fallait naturellement changer complètement le recrutement des commissaires de l’air. Tel fut l’objet de la réforme apportée par un décret du 28 avril 1953 (3) qui créa l’école du commissariat de l’air au sein de l’école de l’air. Un recrutement par la voie de l’ESI se poursuivit néanmoins pendant quelques années, parallèlement avec le nouveau recrutement, car les commissaires de l'air (et non plus ordonnateurs) issus du nouveau recrutement, calqué sur celui des commissaires de marine, sortaient d’école officiers subalternes alors que l’ESI formait des officiers supérieurs.

D’autre part, la transformation du corps alla de pair avec l’accentuation de sa militarisation. Cela se marqua formellement par les grades. Les commissaires de 1ère classe etc… disparurent au profit de commissaires sous-lieutenant etc… ainsi que toutes les références aux "fonctionnaires de l’intendance"

Tel était bien l’esprit et la volonté affichés de la réforme mais, compte- tenu de l’immédiateté de son application, il fallut aussi recourir à la vieille pratique selon laquelle "l’exécution précise et confirme l’ordre". Ce fut notamment le cas pour la place et le statut de l’Ecole du commissariat de l’air au sein de l’Ecole de l’air. La direction de l’école fut confiée à un commissaire qui troqua son uniforme de commissaire principal de la marine pour celui de commissaire commandant de l’armée de l’air. Ancien élève de l’école de Toulon, le commissaire commandant Graffard eut la redoutable mission d’ouvrir une voie dans un domaine où il ne pouvait se référer qu’à des traditions d’écoles "marine" et "terre",  radicalement différentes.

L’école ayant été officiellement créée en avril 1953, la première promotion y entra à l’automne 1953. Si la mission du directeur de l’école était redoutable, l’expérience de la première promotion, elle, fut certainement très rude. Je ne suis que de la deuxième promotion (1954) et j’espère que mes anciens ne me contrediront pas si je dis qu’il en alla à peu près de même pour nous, d’autant que nos anciens de la première promotion n’étaient plus à Salon quand nous sommes arrivés à l’école de l’air, comme nous le verrons un peu plus loin. Comme toutes les promotions de l’école du commissariat de l’air, ma promotion porte le nom de la promotion 1954 de l’école de l’air qui comprend tous les élèves (personnel navigant, mécaniciens, officiers des bases) entrés en même temps qu’eux - pour moi la promotion commandant Héliot, à laquelle je suis fier d’appartenir -. C’était un des symboles de la totale intégration des commissaires de l’air à l’armée de l’air.

Rien ne nous avait préparé ni renseigné sur ce qui nous attendait. Comme plusieurs de mes camarades,  j’avais préparé le concours du commissariat de la marine, qui était donc le seul concours ouvert au recrutement direct. Je suivais, pendant l’année scolaire 1953-1954, une préparation au concours "Marine" dispensée à l’institut d’études politique de Paris, rue Saint Guillaume, tout en suivant aussi des cours pour un diplôme d’études supérieures de droit privé à la faculté de droit de la place du Panthéon. C’est là que je fus informé d’une conférence faite par un représentant du commissariat de l’air qui cherchait à recruter des candidats pour le concours du commissariat de l’air. Il s’agissait du commissaire commandant Daume.

N’ayant pas personnellement d’attaches particulières avec la marine, je fis acte de candidature, comme je l’avais fait pour le commissariat de la marine. Les conditions pour pouvoir concourir étaient les mêmes et les deux concours avaient quasiment le même programme. Le programme pour l’air était rigoureusement copié sur celui de la marine, seul ce qui concernait le droit maritime était remplacé par un peu de droit aérien. Le concours du commissariat de l’air précédait celui de la marine et les résultats définitifs du concours « Air » étaient connus avant le commencement des épreuves écrites du concours « Marine », (ce qui ne dura pas très longtemps). Reçu au concours « Air », je ne me suis pas présenté à celui de la marine.

Fin septembre, j’ai rejoint l’école de l’air. La première année d’école se passait à l’école de l’air à Salon. Nous avons reçu fin en janvier un galon d’aspirant, galon réservé pour les pilotes, mécaniciens ou officiers des bases aux élèves en deuxième année. En fin de première année, nous sommes devenus officiers-élèves avec le grade de commissaires sous-lieutenants et surtout nous avons poursuivi notre formation à Aix-en-Provence, comme l’avaient fait les élèves de la première promotion, ce qui explique un certain manque de contacts entre les deux promotions. Nous avons poursuivi notre formation professionnelle en partie à la caserne Forbin, en partie à l’école des Arts et Métiers, et en partie à la faculté de droit comme l’avaient fait les élèves de la première promotion qui, eux, avaient quitté Aix pour rejoindre leur première affectation.



3 – 1955 et 1956

Telle était la situation lors de la rédaction par un chef de CBA d’une directive pour le jeune commissaire sortant d’école qui lui était affecté pour un «stage d'instruction complémentaire pratique » (cf. article publié le 31 juillet 2015). Il ne peut s’agir que d’un commissaire de la promotion 1953, d’une part en raison des dates, les élèves de la deuxième promotion étant encore à Aix en deuxième année d’école début 1956, et d’autre part, parce que seuls les élèves de la première promotion ont suivi un tel "stage d'instruction complémentaire pratique" dont il est très vraisemblablement question dans la directive centrale n° 966/DN/A/DCCA/SD3/0RG du 10 juin 1955. Il sera d’ailleurs intéressant de retrouver cette directive qui comblait un vide puisque l’emploi des commissaires officiers subalternes nouvellement créés n’était pas prévu et qu’il n’y avait pas d’antécédent. L’ordre était donné, il fallait donc le préciser en l’exécutant.

Je n’ai pas eu la curiosité de chercher les études qui conduisirent à la définition des postes qui seraient proposés aux élèves de la deuxième promotion, à laquelle j’appartiens. Ce qui est certain, c’est que personne n’en parlait et que ce n’est que quelques jours avant « l’amphi-garnison » de juin 1956 que nous avons su ce qui nous attendait. Nous pensions avoir un sort qui ressemblerait à celui de nos anciens de la 53 et notre surprise fut totale. Manifestement, la décision prise répondait à un désir d’adapter à l’armée de l’air les solutions de la marine en affectant les jeunes commissaires dans des unités de l’armée de l’air où ils auraient à assumer des responsabilités administratives réelles. Mon propos n’est pas ici de reprendre les discussions interminables sur le lien entre cette décision et les dispositions de la loi du 16 mars 1882 sur l’administration de l’armée. Je n’évoque cette question que pour illustrer d’une part la nouveauté de la solution adoptée et d’autre part un certain manque de préparation pratique pour nous former aux responsabilités qui allaient nous incomber.

Mystère II 10ème EC
Il fut donc décidé que nous serions affectés dans des unités dotées d’aéronefs pour en assurer l’administration. Pour comprendre les dispositions prises, il faut évoquer l’organisation des forces aériennes en 1956. Les unités dotées d’aéronefs avaient alors leur autonomie administrative et étaient désignées sous l’appellation d’U.A.D. (unités à administration distincte). Il s’agissait des escadres de chasse et des groupes de transport. Les services administratifs de ces unités (effectifs, finances, matériels commissariat…) étaient placés sous les ordres d’un "officier des détails" relevant directement du commandant d’escadre ou du commandant du groupe de transport. A l’amphi garnison, je choisis, parmi les postes proposés encore disponibles, la 10ème escadre de chasse. Jusque-là, l’officier en charge de la section administrative de l’UAD était un officier des services administratifs. Celui de la 10ème escadre, muté dans un service du commissariat de l’air était très attendu dans son nouveau poste, aussi je dus rejoindre mon poste aux environs du 22 août et le surlendemain de mon arrivée, je me suis retrouvé seul aux commandes.

Les U.A.D., escadres de chasse ou groupes de transport où nous étions affectés, étaient placées sous la surveillance administrative d’un commissaire des bases de l’air (CBA) - dont les services vérifiaient les comptes de l’unité - et qui exerçait sa surveillance par des visites inopinées plusieurs fois par an. Les rapports du commissaire des bases étaient envoyés au commandant d’unité qui les transmettait avec des demandes d’explication ou de justification à l’officier des détails ; il nous incombait de lui soumettre un projet de réponse. Il est évident que l’affectation d’un commissaire à la tête de l’administration des unités, qui ne changeait rien aux règles en vigueur, allait en revanche faire évoluer très sensiblement, dans la pratique, le climat des relations entre les services du commissariat et le commandement, ce qui était bien le but poursuivi. Cela demanda néanmoins beaucoup de temps.

Cre Barbaroux GB 2/91
Tout changement exige une période de rodage. Mais, comme je l’ai écrit en préambule, que les commissaires des armées à ancrage air qui vont rejoindre leur première affectation dans l’armée de l’air se rassurent, je suis certain qu’ils seront très bien accueillis dans leurs unités et qu’ils n’auront pas à vivre une situation analogue à celle que connurent leurs anciens.

Lorsque je me suis présenté à mon commandant d’escadre en août 1956 celui-ci me demanda : « C’est vous le commissaire qu’on m’a annoncé par message ? », « ... », « Ce doit être une erreur, je n’ai pas de commissaire à mon tableau d’effectif ! ». Trois jours plus tard quand je lui ai présenté le courrier à la signature, il me dit : « Un commissaire affecté à l’escadre ! C’est l’œil de Moscou dans la maison…». Cela illustre bien l’ambiance des relations entre le service et le commandement à cette époque. Il fallut près d’un mois pour qu’au sein de l’escadre nos relations se normalisent et que j’obtienne la totale confiance de mon chef. Les mois qui suivirent furent une période particulièrement difficile et éprouvante pour l’escadre, pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec l’administration mais qui imposèrent à celle-ci d’être particulièrement réactive. Ce fut pour moi l’occasion de faire une expérience formidable de relations humaines en servant sous les ordres d’un brillant commandant d’escadre. Il est mort, général de corps aérien en deuxième section il y a maintenant 23 ans, mais je ne saurais évoquer son souvenir sans émotion et sans exprimer mon profond respect à son égard.

Après une première année, je reçus un commissaire de la 3ème promotion (1955) comme adjoint. Il était appelé à prendre la responsabilité du service à la fin de ma deuxième année en unité puis à avoir lui-même un adjoint appelé à lui succéder, et ainsi de suite… La formule devait durer aussi longtemps que l’organisation du commandement le permettait…c’est-à-dire pas très longtemps (fin 1964 avec la disparition des escadrons UAD ; la promotion 1961 ne fit donc qu'un an en unité).

EPILOGUE - 1983 – 2015

Gal Capillon
En 1983, j’étais en charge de la direction centrale du commissariat de l’air (DCCA) quand le chef d’état-major de l’armée de l’air me demanda de participer à un déjeuner de travail avec le chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) qui venait passer une journée en visite d’information dans l’armée de l’air. Son programme était très chargé si bien qu’il était difficile d’y faire entrer le "briefing" sur le commissariat souhaité par le CEMAT qui envisageait de transformer le service de l’intendance en commissariat de l’armée de terre. La solution trouvée fut que ce "briefing" serait remplacé par un déjeuner de travail au cours duquel je pourrais répondre aux questions sur le commissariat de l’air.

Le CEMAA était un ami, nous nous étions connus quand nous étions capitaines. Je répondis aux questions qui me furent posées et, sans surprise, je constatai que le CEMAT souhaitait disposer d’un service sur le modèle du commissariat de l’air. Ce fut pour moi la preuve de la pleine réussite de la transformation voulue par nos anciens en 1953…

Il avait fallu 28 ans, et avec des conditions de rapidité d’avancement tout à fait exceptionnelles dues à l’absence d’anciens devant les premières promotions, pour qu’un officier du recrutement instauré en 1953 prenne les rênes du service…

Lorsque j’ai quitté le service, la transformation de l’intendance en commissariat de l’armée de terre était bien engagée, et les positions des trois services de Commissariat par rapport au commandement de leur armée en voie d’être harmonisées. La question de la fusion des trois services m’avait bien entendu été souvent posée. Les expériences de transformation que j’avais vécues ont toujours dicté ma réponse : Un service ne s’organise pas suivant son bon plaisir, il s’organise en fonction de l’organisation du commandement qu’il sert. Le jour où les responsabilités administratives déléguées par le ministre aux chefs d’état-major de chacune des trois armées seraient déléguées à un chef d’état-major unique pour les trois armées il n’y aurait pas de raison pour qu’il y ait trois services…

On connaît la suite.


(1) Commissariat des bases de l’air
(2) l’affectation en sortie d’école n’est pas nouvelle mais concerne pour la première fois des commissaires recrutés ab initio comme commissaires des armées
(3) Un second décret, de la même date, portait sur les dispositions statutaires du corps, supprimant notamment le mot « ordonnateur » dans l’appellation du corps et modifiant la dénomination des grades. (voir l’article du commissaire Meyer sur l’annulation du décret statutaire en 1959 et la prise d’un nouveau décret en 1960)