mardi 14 juillet 2015

Le SCA en OPEX

Base de Madama
Le caractère interarmées du SCA fait que des commissaires d'ancrage air peuvent désormais intervenir dans des environnements opérationnels air, terre ou marine, selon leur fonction dans les chaînes finances, RH, logistique ou juridique.

Coup d'oeil sur l'action du SCA à N'Djamena, dans un volet Terre rarement abordé dans nos colonnes, mais qui rappellera des temps où le commissariat de l'air avait déjà un savoir-faire reconnu en OPEX. Nos remerciements à la rédaction d'Armées d'Aujourd'hui (n° 399 juin 2015)

"Chargé du soutien de la force Barkhane, le Service du commissariat des années (SCA) a installé un commissariat à N'Djamena, au Tchad. Face à l'immensité de la zone, une réorganisation du soutien logistique et administratif s'est imposée.


Objectif premier : que les combattants ne manquent de rien.

Organisme interarmées chargé de l'administration générale et du soutien commun, le Service du commissariat des armées (SCA) participe pleinement au soutien des forces engagées dans toutes les opérations menées par les armées françaises. Expertise administrative, finance, trésorerie, droit opérationnel, gestion de camp, restauration ... Le SCA assure de nombreuses missions au plus près des forces. « Il est le fer de lance d'un dispositif de soutien de bout en bout, de la direction centrale à la direction du commissariat du théâtre, en passant par l'état- major opérationnel du SCA, les centres experts et les établissements logistiques du service. Ici, à N'Djamena, nous sommes au contact direct des soutenus, explique le commissaire en chef de 1ère classe Xavier, directeur du commissariat de l'opération Barkhane. Les compétences représentées sur le théâtre par le personnel du SCA sont très larges et chacun d'entre nous est un spécialiste de son domaine. Les métiers exercés ici sont une déclinaison, dans un environnement d'opération extérieure, de ceux exercés quotidiennement en métropole, avec un aspect opérationnel qui les enrichit. »

En raison de l'immensité du théâtre, la direction du commissariat en opération (Dircom) a dû réorganiser le soutien administratif de la force. « La spécificité de Barkhane réside dans les élongations importantes et la gestion de sites isolés ayant une véritable autonomie, au Mali, au Niger et au Tchad », analyse le commissaire en chef de 1ère classe Xavier. Chargé d'administrer une opération sur un territoire plus vaste que l'Europe et à cheval sur  cinq États, il a dû relever des défis administratifs complexes pour répondre aux besoins opérationnels, notamment lors de la création de la base avancée de Madama, dans le nord du Niger.

« La réorganisation du soutien logistique et administratif partait du constat sui- vant : alors que le découpage de la bande sahélo-saharienne (BSS) en deux fuseaux obéit à des impératifs opérationnels et logistiques, les domaines administratif et financier dépendaient au contraire d'un découpage différent, lié à l'existence de deux zones monétaires (FCFA de l'Ouest pour le Mali et le Niger et FCFA du Centre pour le Tchad). En outre, cette répartition ne prenait pas en compte la réalité des flux logistiques : le Mali et l'ouest du Niger sont principalement soutenus par Gao et Niamey Quant à l'est du Niger et au Tchad, ils sont desservis par des flux en provenance de N'Djamena, la capitale tchadienne. En pratique, le soutien des sites isolés du Niger est désormais centralisé dans cette ville, d'où provient l'essentiel des flux », précise le directeur du commissariat.


À l'écoute du terrain 

Au cœur de l'action de la Dircom, la cellule « contrôle interne », basée à N'Djamena, veille sur toutes les activités dans le périmètre du commissariat pour l'opération Barkhane. Elle s'assure de l'emploi efficient et maîtrisé des budgets alloués. « Nous sommes les yeux et les oreilles de la direction du commissariat ». affirme le capitaine Clément, responsable de la cellule. Le SCA gère aussi les matériels HCCA (habillement, couchage, campement, ameublement) déployés : tentes, douches de campagne, effets de protection balistique ... « Nous devons nous assurer que les stocks sont exacts, qu'il n'y a ni déficit, ni excédent, ajoute le capitaine. Nous vérifions en priorité que les besoins des 
combattants sont satisfaits, surtout dans des bases isolées comme Madama. Notre rôle est aussi de les conseiller et de les aider dans leurs fonctions administratives. » Tous les mois, une équipe de la Dircom - relayée par des antennes à Niamey et à Gao - se rend sur les sites isolés de la BSS.
Le déplacement est indispensable pour évaluer au mieux les besoins des combattants.

Opérateur du soutien de l'homme, le SCA est en mesure de répondre à la totalité du spectre des opérations dans lesquelles sont déployées les forces françaises sur le plan de l'alimentation, des équipements du combattant, ou encore des matériels de vie en campagne. « Tous ces éléments sont indispensables à la vie des soldats, explique le lieutenant-colonel Thomas, responsable du soutien de l'homme au sein du J4 (logistique) du poste de commandement interarmées de théâtre. Le soutien de l'homme suppose d'être en permanence à l'écoute du terrain. Nous nous adaptons à toutes les situations grâce aux membres du SCA qui sont de véritables spécialistes dans leur domaine, et qui possèdent une grande expérience des opérations extérieures. »

Ces hommes et ces femmes servent pour bon nombre au sein du SCA, dans les centres experts et les établissements logistiques, mais aussi dans les groupements de soutien de base de défense (1). « Le soutien de l'homme est intégralement interarmées, au niveau stratégique et opératif. Il nécessite une mutualisation des moyens et des compétences » souligne le lieutenant-colonel Thomas. À titre d'illustration, la base avancée de Madama poursuit sa montée en puissance et connaît un accroissement des effectifs soutenus. Celle-ci s'accompagne donc d'une augmentation et d'une amélioration rapide des moyens déployés pour l'hébergement et l'hygiène des troupes, pour lesquels le SCA est le principal contributeur.

« Nous devons nous adapter et faire face à l'imprévu », affirme le lieutenant Sandra, responsable du bureau finances, et qui gère le budget de l'opération Barkhane. Pour cet officier de l'armée de terre, seuls des militaires conscients des impératifs du terrain peuvent comprendre l'importance de certaines problématiques. « La réalité dans la BSS est différente de celle vécue en métropole. Si nous ne sommes pas au rendez-vous, les conséquences sur les opérations sont immédiates.» Expert dans tous les domaines de l'administration, le SCA fait face aux situations les plus complexes en apportant des solutions concrètes, adaptées aux réalités du théâtre."



(1) Le 1er septembre 2014, le SCA est devenu l'autorité hiérarchique des groupements de soutien de base de défense. Cet acteur majeur de la communauté du soutien au sein des armées compte près de 27000 agents, militaires et civils.