vendredi 31 juillet 2015

Directives à un jeune commissaire

Et maintenant, bon courage et bonne chance !

Ces directives sous forme de conseils avaient été rédigées début 1956 par le chef d’un CBA à l’intention d'un jeune commissaire de la 1ère promotion du concours direct (1953), affecté dans son service*.
On rappellera que, à cette époque, les commissaires colonels chefs de CBA étaient d'anciens officiers administratifs qui connaissaient parfaitement le détail technique des domaines commissariat.
Le jeune commissaire, dont le nom n'est pas arrivé jusqu'à nous, et qui a certainement strictement appliqué ces conseils, est sans aucun doute, aujourd’hui, commissaire général (2S).


"A l'intention du commissaire lieutenant X

Référence: Directive centrale n° 966/DN/A/DCCA/SD3/0RG du 10.6.1955.

Dans le cadre des dispositions prises dans la note 4101/COM/CAB du 25 septembre 1955, organisant le stage d'instruction complémentaire pratique à vous donner, je viens de vous désigner (1) pour assurer la coordination et la surveillance de trois bureaux importants du CBA à savoir :
- Administration générale,
- Vérification des comptes (deniers et des organismes nourriciers) ,
- Fonds,
- Contentieux.


Il m'apparaît utile d'orienter votre action par les quelques conseils suivants :

- Connaissez bien l'esprit des textes et ne vous laissez pas ligoter par la lettre.

- Faites en sorte de supprimer les échanges inutiles (ils sont légion) et que votre souci constant soit de toujours réduire le volume des papiers. Un coup de téléphone, un contact direct, une estimation convenable sont généralement plus rentables qu'un échange de correspondance.

- N'admettez qu'un style simple et clair dans vos lettres. La phrase courte est encore, je pense, le meilleur moyen de s'exprimer avec efficacité et avant de déplorer l'indigence intellectuelle de vos correspondants, demandez-vous si votre prose était suffisamment explicite.

- Que le souci d'organisation et de rentabilité soit toujours à votre esprit. Là où un seul individu peut être nécessaire, n'en mettez pas deux. Ils prendront l'habitude de travailler moins et moins bien.

- Faites confiance à ceux qui travaillent avec vous, mais vérifiez de temps à autre la qualité de ce qu'ils font. N'essayez pas de tout vérifier, c'est impossible, mais opérez par sondage et sachez tomber justement sur ce qui est critiquable.

- Faites les remarques qui s'imposent calmement, mais souvenez-vous en, pour le cas où le fautif, lui, ne s'en souviendrait pas. Sachez punir et sachez récompenser. Il y a mille et une manières de faire l'un comme l'autre; la meilleure récompense étant encore, à mon avis, d'accorder sa confiance, voire même son amitié.

- Lorsque vous appréciez une comptabilité, ne vous en tenez pas aux chiffres. Au-delà de ceux-ci, il convient de voir le déroulement des opérations dans leur mécanisme concret, de suivre les actes des administrateurs et des comptables, de juger la correction des dits actes, de subodorer les causes des situations mauvaises ..... De la vérification comptable, vous passez ainsi à la surveillance administrative, qui est spécialement du rôle du commissaire.

- L'opération matérielle de l'ordonnancement est une procédure à caractère mécanique qui nécessite quelques précautions formelles. Mais la vérification la plus importante est de savoir ce qu'on paie, pourquoi on le paie et si les règlements sont bien prévus par les décisions du Ministre. Cela encore c'est de la surveillance administrative.

Et maintenant, bon courage et bonne chance!! "

Le Commissaire lieutenant-colonel "Y"
chef du Service du Commissariat des Bases de l'air

(1) Note n° 246/COM/CAB du 11 janvier 1956. 

* Les élèves de la promotion 1953 ont fait leur stage dans le service du commissariat en 1955. La formule "officier des détails" n'a débuté qu'en 1956, complétée en 1957 par la mise en place d'un tuilage avec l'arrivée d'un second commissaire stagiaire.