Le commissaire général de brigade aérienne (2S) Lionel Becquereau (EMA 47, ECA 61) est décédé à Paris le 17 avril 2015 à l’âge de 90 ans. Nous revenons sur le passé de résistant et la carrière militaire de ce grand ancien.
Né le 22 janvier 1925 à Saint-Rémy-sur-Avre (28), fils de gendarme, Lionel Becquereau est sergent et titulaire de la Croix de guerre à la Libération, du fait de son action au sein de la Résistance (voir articles ci-après).
Il réussit en octobre 1947 le concours d’entrée à l'Ecole militaire de l'air à Salon-de-Provence. Il est nommé sous-lieutenant en octobre 1948 dans le corps des officiers administratifs puis lieutenant en octobre 1950.
Il alterne ensuite des affectations entre la métropole et l’Afrique : chef de bureau à la direction du commissariat en Afrique Equatoriale Française à Brazzaville (de 1950 à 1953), puis officier rédacteur à la DCCA (1953-1959). Promu capitaine en juillet 1959, il suit des formations complémentaires en droit qui lui permettent d’intégrer le CESA (brevet technique) et de suivre le Cours supérieur de l’Intendance, de 1959 à 1961.
Intégré dans le corps des commissaires de l’air en 1961, il est affecté au poste d’adjoint puis de chef du CBA 774 à Reims, avant de rejoindre, comme commissaire commandant, la 5ème région aérienne à Mers El Kébir en tant que chef du bureau administration-budget de l’état-major interarmées, de juillet 1962 à juillet 1963.
De retour en métropole, il est affecté à Taverny, comme adjoint puis commissaire conseiller auprès du commandement air des forces de défense aérienne de 1963 à 1965, puis, à Versailles, comme commissaire conseiller auprès du commandement des transmissions de l'armée de l'air, de 1965 à 1968.
Il continue d’approfondir ses connaissances en mathématiques appliquées, gestion et économie, notamment au Conservatoire National des Arts et Métiers, et oriente progressivement sa carrière vers ce qui sera dénommé plus tard les technologies de l'information. Au centre interarmées de recherche opérationnelle en 1968-1969, il suit le stage Info 2 et s’impose peu à peu comme l'un des promoteurs de l'informatique innovante au ministère de la défense, d’abord au Centre de prospective et d'évaluation, de septembre 1969 à juin 1974 – où il est nommé commissaire colonel en septembre 1971 - puis au Secrétariat général pour l'administration de juillet 1974 à avril 1979, comme chef de la section centrale d'organisation et méthodes et d'informatique.
En service détaché au ministère de l'industrie, de mai 1979 à février 1981, il est placé auprès du directeur de l'administration générale pour l’assister dans le développement informatique de ce ministère. A ce poste, il est promu commissaire général (mars 1979).
Il quitte le service actif en mars 1981. Sa compétence reconnue en informatique lui permet de poursuivre ses activités comme expert auprès de grands groupes, puis d’un tribunal de commerce.
Marié et père de quatre enfants, Chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'Ordre National du Mérite, Croix de guerre avec étoile de bronze, il décède le 17 avril 2015.
Un passé de résistant
Témoignage d’un proche
1er à gauche |
Avant même d'être convenablement dotés d'armes et d'une formation suffisante, ils suivent les ordres du Général de Gaulle et commencent à saboter au maximum les lignes téléphoniques afin d’empêcher toutes communications.
A l'approche du débarquement, enfin mieux doté en armes et instruit par un officier parachutiste, le groupe de maquisards "Anatole" dont il fait partie et tous ceux de l'Orne attaquent une région assez vaste pour laisser croire qu’ils sont nettement plus nombreux que la réalité.
maquis de l'Orne |
Le service rempli avec tant d'efficacité, d'honneur et d’abnégation par son groupe de maquisards leur permet, sur ordre du Général de Gaulle, de rentrer dans Paris en août 1944 aux côtés du Maréchal Leclerc et de la 2ème DB. Il est nommé sergent le 27 septembre 1944. »
Le commissaire général Lionel Becquereau, alias « RALPH »
Par le commissaire général (2S) michel Barbaux
C'est par le plus grand des hasards que j’ai fait la connaissance du commissaire général Lionel Becquereau, un jour de l’année 2006, à Nice, dans un établissement de l’IGESA où il se rendait deux fois par an, situé sur la Promenade des Anglais.
Très vite nous avons sympathisé, ainsi qu’avec son épouse, Lucienne, et nous nous sommes ensuite revus régulièrement.
Homme de belle allure, courtois et raffiné, d’une remarquable modestie et très cultivé, l’une de ses plus grandes fiertés était de s’être vu décerner la Croix de guerre avec étoile de bronze pour ses actions au sein des FFI. Enfant de troupe devenu brigadier-chef, il n’a que 19 ans.
Plusieurs fois, il m’a dit : « Dans le commissariat, peu de gens le savent ».
Engagé volontaire le 10 mai 1944 dans le maquis de La Ferté-Vidame (Eure-et-Loir), il est au sein du groupe Hélène le chef du sous-groupe Anatole, désigné « corps franc », ayant en charge les secteurs de Boissy-les-Perche, Rohaire et Armentières-sur-Avre. Seul le chef du maquis, le sous-lieutenant Roussel, connaît la véritable identité de Lionel Becquereau qui exerce le commandement sur 12 hommes FFI et dont le surnom est RALPH.
1er à gauche |
Lorsqu’il quitte le maquis, il est nommé, le 27 septembre 1944, au grade de sergent qu’il gardera lorsqu’il s’engagera dans l’armée de l’air quelques mois plus tard.
Dans une lettre jointe au document qu’il m’a fort aimablement offert, le 23 avril 2013, relatant l’histoire de l’unité combattante « Maquis de la Ferté-Vidame », le commissaire général Becquereau m’écrit ceci : « Il fallait être jeune pour s’embarquer ainsi dans l’aventure. J’ai fait le décompte : j’ai failli y laisser la peau dans cinq circonstances. L’avant-dernière est relativement particulière : le 25 août 1944, je trinquais, coupe de champagne à la main, à la libération de Paris avec des diplomates sud-américains - ces derniers heureux de voir un FFI - lorsqu’une balle perdue m’est passée à un demi-mètre au-dessus de la tête, laissant une belle étoile dans la vitrine du Fouquet’s. Elle y est restée longtemps car les vitrines ne se changeaient pas facilement alors, en raison des restrictions ».
Au revoir RALPH !