samedi 21 mars 2015

Adjoint au chef des SGS sur la BA 188

Une expérience professionnelle et humaine sur le sol africain
Par le CR2 Bertrand Seguin (ECA 11)

"Ma journée est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront..." Arthur Rimbaud, "Une saison en enfer".

Lorsque je quitte Salon de Provence à l'été 2013 pour rejoindre la corne de l'Afrique, ce sont ces récits d'aventuriers, de Rimbaud à Kessel, d'Henry de Monfreid à Jean François Deniau, que j'emporte avec moi, bien décidé à vivre, à ma façon, une expérience hors du commun.


Djibouti constitue un pays à part au sein du continent africain, au même titre que la base aérienne 188 "Colonel Massart" constitue une base à part au sein de l'Armée de l'air. Sur cette terre de rencontres où l'Afrique côtoie le Moyen-Orient, où les populations d'horizons divers vivent en parfaite harmonie, chose unique en son genre, la BA 188 abrite l'ensemble des composantes de l'Armée de l'air.
Ainsi, les Mirage 2000-5 et 2000 D de l'escadron de chasse 3/11 "Corse" cohabitent avec le Transall et les Puma de l'escadron de transport 88 "Larzac", la base accueillant même un détachement du CPA 10, unité de l'Armée de l'air appartenant aux forces spéciales.

Des fonctions identiques à la métropole…

Si mes fonctions du commissaire au sein des services gestion synthèse (SGS) sont, pour l'essentiel, identiques à celles occupées par mes camarades en métropole, à savoir le suivi et la gestion des divers budgets alloués à la BA 188, la mise en œuvre des dispositifs de contrôle interne, ou encore le développement d'outils d'aide à la décision au profit du commandement (contrôle de gestion), il n'en demeure pas moins quelques spécificités.

…mais avec des spécificités

L'une de ces spécificités réside dans la fonction même occupée par le commissaire au sein des SGS, puisque ce dernier est adjoint au chef des SGS, là où la plupart des commissaires en métropole sont à la tête de la cellule pilotage de la performance et contrôle interne. Il en découle un aspect managérial non négligeable, notamment en cas de suppléance du commandant d'unité.

Une autre spécificité a pour origine l'emplacement stratégique particulier de Djibouti dans la corne de l'Afrique, au carrefour entre l'Afrique et l'Asie. Cette position privilégiée contribue au renforcement des différentes coopérations militaires qu'entretient la base aérienne avec les nations étrangères présentes à Djibouti. En effet, Djibouti abrite, outre les forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj), un camp militaire américain, une base japonaise, un camp italien, ainsi que des détachements européens (essentiellement allemands et espagnols) agissant dans le cadre de l'opération menée par l'union européenne dans la lutte contre la piraterie (opération Atalante) et dont les avions stationnent sur le parking de la base aérienne.

Aussi, le commissaire, de par sa proximité avec le cabinet du commandant de base, fait-il office d'officier de liaison avec les autres nations alliées et entretient-il des relations privilégiées avec ces dernières à l'occasion des diverses manifestations organisées entre la  base aérienne et celles-ci.

Néanmoins, ces nombreuses interactions ne doivent pas occulter la mission première de la BA 188, à savoir la protection de l'espace aérien djiboutien. Dans la continuité de cette relation particulière qu’elle entretient avec le pays hôte, la France participe à la formation des militaires djiboutiens. C'est dans ce cadre que j'ai été amené à intervenir auprès de jeunes officiers des forces armées djiboutiennes dans le but de leur dispenser un cours de droit des conflits armés (DCA), une expérience inoubliable et extrêmement enrichissante. En effet, Djibouti participe depuis 2011 à la mission de maintien de paix de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) avec un contingent de mille hommes basé à Beledweyne, au centre de la Somalie.

Avec désormais 1900 hommes déployés en Somalie, sous la bannière de l'AMISOM, Djibouti est le premier contingent de cette force africaine proportionnellement à la population du pays d'origine.

Et si c’était à refaire ? 

Je le sais aujourd’hui : s’il m’était donné la chance de faire un retour en arrière au moment où le choix des affectations s’opère dans cette ambiance si particulière d’amphithéâtre, je n’échangerais pour rien au monde cette expérience professionnelle et humaine que m’a apportée cette affectation sur ce sol africain que j’affectionne tant.