Par le commissaire général (2S) Pierre Ducassé
« La mise en place du SERPECA ne s’est pas faite sans douleur. L’idée en revenait incontestablement au directeur central de l’époque, le commissaire général Jourdren, mais tout le monde n’était pas d’accord au sein du commissariat de l’air. Je dirai même que nous étions minoritaires à ses côtés !
Si le commissaire général Jourdren a eu le bonheur bien mérité de poser la première pierre du nouvel organisme, j’ai, pour ma part, été privé de la satisfaction de procéder à son inauguration comme directeur central car j’étais cloué sur un lit du Val-de-Grâce par une méchante crise de coliques néphrétiques. Ceci a permis à certains farouches adversaires du projet de s’afficher ce jour-là avec le CEMAA !
Quel était le débat ?
D’un côté, nous avions les tenants du statu quo retranchés derrière l’éternelle rengaine de la nécessaire proximité entre l’administration et l’administré (comme si, à l’approche du troisième millénaire, le sergent de Mont-de-Marsan était plus proche du décompteur de Bordeaux que de celui de Tours …).
De l’autre, nous tenions pour l’économie des moyens, pour le rapprochement des procédures et, surtout, pour l’uniformisation de l’interprétation des textes touchant à la solde. Il faut savoir que d’importantes distorsions n’étaient pas rares entre les CATA en raison de la complexité des textes et … de l’abandon de ces interprétations entre les mains des informaticiens. Je n’ai rien contre ces derniers, bien au contraire, mais à chacun son métier.
Peut-être que les « mésaventures » de Louvois tiennent aussi, en partie au moins, à cette déviation.
Comme directeur du commissariat de la région aérienne Atlantique, j’ai vécu en première ligne les opérations de lancement du projet (travaux à Tours, premiers transferts de compétence entre les CATA de Bordeaux et de Tours …) et je me souviens des réticences qu’il nous a fallu affronter. Au point, d’ailleurs, d’être obligés d’accepter que les anciens CATA survivent provisoirement à la mise en service du SERPECA pour assumer quelques tâches subsidiaires (tenue de la comptabilité des organismes nourriciers, gestion du personnel en position spéciale …).
J’ai regretté, après coup, d’avoir cédé sur ce point car cela remettait en cause une partie des économies de moyens réalisées dans le regroupement.
Si la vie du SERPECA a été relativement courte (une vingtaine d’années), je reste persuadé que cela fut une avancée majeure qui a mis le commissariat de l’air en bonne position dans une autre bataille qui allait alors s’engager : le regroupement des services de la solde des trois commissariats. Mais ceci est une autre histoire. »