lundi 28 avril 2014

Recrutement

Campagne de recrutement d’étudiants en 1973

Par le commissaire colonel (cr) Dominique Le Floch (ECA 62)
illustrations commissaire général (2S) Pierre Poumaroux (ECA 61)
aquarelle Pierre Poumaroux

1973, année de toutes les effervescences .....du moins pour les étudiants, notamment avec le régime des sursis qui devenait alors moins favorable.
Affecté à la Direction du Commissariat d'Aix-en-Provence, il m'arrivait de gagner pédestrement la caserne Forbin qui l'abritait en ce temps, traversant ainsi une bonne partie de la cité, cours Mirabeau compris.
Là, mon uniforme suscitait quelque émoi dans la population estudiantine qui, pour une fois, privilégiait le cours Mirabeau ....aux cours de leurs facultés respectives.
Je passais mon chemin dignement, non sans répliquer à certains arguments particulièrement outranciers, souvent totalement hors de propos.

Dans le même temps, le Commissariat de l'Air mettait en oeuvre ses procédures de recrutement, bien sûr orientées vers les étudiants.

Opération de com
Chargé de cette mission au sein de la 4ème région aérienne, Montpellier ne pouvait échapper à mes devoirs. Je pris donc langue avec le doyen de la faculté de droit locale.
Rendez-vous fut pris pour la « harangue » habituelle, mais toujours dans ce climat relativement peu propice. Ne fallait-il pas que la " Parole " passe envers et contre tous ?
Mais, à Montpellier, en ce même jour, l'avocate Gisèle H.. répandait la sienne (de parole) dans cette même Fac' de Droit. Et le doyen de me laisser venir .....sans m'en informer !

Madame H.. avait su, à sa façon, enflammer les esprits, y compris sur le sursis, de telle sorte que le point d'effervescence était à son plus haut parmi les apprentis juristes et économistes !

Comment sortir de cette situation sans que l’armée de l’air et le doyen ne perdent la face ?
Avec le doyen, nous prîmes alors la sage décision de limiter mon intervention (faite en grand uniforme) à une simple permanence d'information ouverte à tous ceux qui désiraient s'informer auprès d'un digne représentant de la corporation.

La formule connut un succès certain au point que, par la suite, les instances du Commissariat responsables du recrutement la préconisèrent officiellement. Informés par la sonorisation, les "clients" affluèrent ...normalement.

Opération de choc
Mais il était dit que je ne m'en sortirais pas aussi aisément.
Effectivement, à la fin des fins, ne me fallait-il pas quitter une faculté en effervescence non avoir salué le doyen ? Comment assurer une sortie aussi digne que possible ?

aquarelle Pierre Poumaroux
Eh bien, ce fut tout sauf banal, au prix d'une véritable exfiltration entre 2 rangées de gendarmes mobiles, mobilisés pour la circonstance pour me permettre de rejoindre mon véhicule militaire,  demeuré vierge de toute atteinte !

Car, en vieux militaire, j'avais pris la sage précaution de prendre avec moi un valeureux chauffeur, appelé du contingent,  chargé de se tenir éloigné du mouvement étudiant.
Durant cet épisode, Placentin, Guillaume de Nogaret, Pedro de Luna, Pétrarque, Cambacérès, tous issus de cet illustre établissement, n'ont-ils pas risqué de se retourner dans leur tombe ?
A peine "vacciné" par cette opération de choc, je poursuivis ma mission sur Lyon : changement de décor, mais pas d'ambiance ....car cette fois, c'est la perspective d’une base dite "nucléaire", au Mont-Verdun, qui avait enflammé les jeunes imaginations !