samedi 9 novembre 2013

Tribulations d'un Commissaire en violet

Par le commissaire colonel (H) Dominique Le Floch (ECA 62)

Le "Camp de Pruniers", là même où les jeunes "yankees" se rassemblaient en 1917 avant de monter en ligne sur l'ARGONNE, est devenu, au fil du temps,  l'appellation locale du site de la Base aérienne 273 de ROMORANTIN-LANTHENAY.

Dans cette pittoresque région solognote, cet épisode de la Grande Guerre a durablement marqué les esprits, au point que les appellations d'antan perdurent par delà les années et les siècles !

A mon époque, si je puis dire, il s'agissait d'une emprise de l'Armée de l'Air dédiée au ravitaillement en pièces détachées ....et au vol à voile. Bref, une sorte de "Mecque" pour les vélivoles du monde entier, doublée d'une "Académie" du ravitaillement en matériels dits "techniques". Plus prosaïquement, une base aérienne, avec ses attributs habituels, assurait le " support ".


Le premier commissaire

En janvier 1976, je fus le premier Commissaire, à la fois de la base aérienne 273 et de l'établissement ministériel à vocation technique EA 602, en remplacement de 2 lieutenants-colonels du corps des Bases de l'Air.

A l'époque, la réorganisation des services de restauration et d’hôtellerie de l'Armée de l'Air (futurs SRH*) se profilait sous les conseils avisés des experts d’un groupe bien connu (la "G. de R."), sous le ciel solognot comme ailleurs, excepté toutefois pour la cantine civile qui, dans un premier temps, devait échapper à cette profonde réforme. En fait, cette base-établissement comportait une majorité de personnels de statut civil, du moins si l'on faisait abstraction des appelés du contingent.

A mon arrivée sur le site, un troisième lieutenant-colonel "basier" occupait le siège des "Moyens Généraux" (MGx). ll venait de quitter METZ et ses fonctions de chef de cabinet du général commandant la Force aérienne tactique et la 1ére Région aérienne.

Deux autres officiers évoluaient au sein de cette unité "territoriale": un capitaine, tenant les fonctions "d'officier de bouche ", appelé également à seconder son chef dans ses différents secteurs de compétence, et un aspirant du contingent.

Et ce qui devait arriver ....arriva !

En janvier 1977, devant la perspective de perdre son "officier de bouche", ce lieutenant-colonel implora le Colonel-Directeur de le maintenir à ses côtés. Car, désormais, sur qui allait-il pouvoir s'appuyer pour diriger les Moyens généraux de la base ?

De mon côté, je réclamais à gorge déployée la mise en place de cet officier à mes côtés, dans la perspective de la future réforme.

Le Colonel-Directeur du moment ne trancha pas le débat. Le général commandant la région et son Directeur régional du Commissariat, plongés dans l'embarras, ne prenaient pas franchement position ....m'autorisant toutefois à refaire - en sens inverse - le procès-verbal de remise du service restauration, que j'avais à mon arrivée imprudemment pris à mon compte !

Ainsi, dans la galaxie bleue-aviation de la Restauration, le S.R.H. de la BA 273 de ROMORANTIN-LANTHENAY faisait tache, sous le regard apitoyé des vélivoles du monde entier .....qui n'en pouvaient mais !

Situation insupportable .....surtout pour le nouveau directeur de l'établissement, arrivé en septembre 1978, et paré des responsabilités de commandant de base, qui ordonna le transfert du "Service", officier de bouche compris, et ceci avec la bénédiction pleine et entière des autorités régionales.

Ainsi, dans le microcosme du Commissariat de l'Air, j'avais quelque peu défrayé la chronique .....tout en sauvegardant, pour l'avenir, l'intérêt de mon service comme celui de mes successeurs dans le poste.

Cre Col (H) LE FLOC'H, D.J.

* Service restauration-hôtellerie