vendredi 10 mai 2013

Jacques Ammann


Décès du commissaire général Jacques Ammann en janvier 2013

Le commissaire Ammann, né le 4 juillet 1913 à Paris, avait débuté sa carrière militaire le 12 octobre 1934 comme sous-officier, avant d'intégrer l'école militaire de l'air en 1938.
Poursuivant sa carrière d'officier administratif jusqu'au grade de capitaine, il est intégré fin 1953 dans le corps du commissariat de l'air, d'abord comme  commissaire "stagiaire" puis comme commissaire commandant, exerçant successivement les fonctions de chef du service du commissariat des bases de l'air (CBA) de Reims début 1954, de St Dizier de 1954 à 1958, puis de Tours, de 1958 à 1960.
Il est affecté en septembre 1960 au cabinet militaire du ministre, chargé des questions administratives. En 1963, il rejoint  la direction du commissariat de la 3è RA, comme adjoint au directeur. Commissaire colonel en 1964, il est nommé directeur en janvier 1968. Commissaire général de brigade aérienne à compter de février 1968, il quitte le service le 31 janvier 1969.

L'Amicale salue la mémoire de ce grand ancien.


Le commissaire général Ammann avait écrit un libre-propos dans le bulletin d'information du commissariat de l'air (BICA) de septembre 1974, dans lequel le lecteur s'aperçoit que les préoccupations de 1974 étaient bien proches de celles de 2013 !

Est-il encore possible de s'arrêter, simplement pour regarder ?
S'arrêter, au lieu d'aller d'un point à un autre, pressé, bousculé, emporté ?
En aveugle pour tout ce qui n'est pas le but, le nécessaire, l'immédiat, en refusant toute concession au complément, au facultatif, à l'agréable?
Joindre "l'agréable à l'utile", est-ce encore permis ? Un temps dévoré par la distance à parcourir, vite, chaque jour pour accomplir son état ; une succession de tâches desquelles rien ne peut être retranché
mais auxquelles il ne faut rien ajouter ; une attention soutenue à des gestes habituels, qu'une distraction peut rendre mortels.
La nécessité de balayer de son passage les véhicules lents, les esprits moins doués.
Une frénésie de plus en plus accélérée, pour posséder à vingt ans ce qui ne vous atteignait qu'à quarante.
Un regard à peine éclos, mais déjà désabusé malgré sa jeunesse, pour des joies simples dont le parfum pouvait cependant durer jusqu'au soir de la vie.
Mais un regard vers une eau pure pour conjurer le mauvais sort que sèment autour de l'homme ceux qui livrent une vie intime préfabriquée, bien confortable et sans problèmes : il y a, entassés sur le terrain vague, promis à la construction et déjà hérissé de grues, les pans de mur de la salle d'eau, le recoin du séjour intime et les courbes d'escaliers, cela amoncelé en dix et dix exemplaires, autant que d'étages annoncés par l'élévateur mécanique!

Alors, dans cet univers sans imagination, on doute. On doute qu'en ce morose concert puissent encore s'épanouir de douces mélodies et s'ouvrir la pensée vers un azur de liberté, et s'étonner comme font les poètes, s'étonner chaque jour aussi fort, aussi naïvement du tremblement des feuillages profonds, de la transparence des eaux, calmes consciences ouvertes sur l'espace ; et noter la claire idée du dépouillement
hivernal, après les fauves envolées de l'automne.

Et n'être jamais las de jouer au jeu de la naissance des couleurs de la terre.

Jamais las de discerner en ces splendeurs l'oasis de paix où l'homme puisse enfin songer à se redécouvrir.

Commissaire général Jacques Ammann