samedi 20 avril 2013

Bien dans l'armée de l'air


Saluer l’armée de l’air
par le commissaire général (2S) Hervé de Laage de Meux (promotion 1973)

Nul n’est totalement prophète en son pays. En effet, si d’aucuns parmi les commissaires avaient depuis longtemps prédit la création d’un service du commissariat des armées et la disparition corrélative des commissariats d’armée, si d’autres s’étaient, depuis quelques années, rangés à l’idée qu’un corps de commissaires des armées viendrait prochainement mettre un terme à l’existence des trois corps de commissaires, terre, marine et air, aucun parmi nous ne s’était sans doute imaginé l’extrême discrétion qui entourerait cette dernière évolution, celle précisément qui toucherait à notre identité statutaire.

Au douzième coup de minuit, ce 31 décembre dernier, à l’instar de nos camarades de l’armée de terre et de la marine, nous avons été soustraits à notre armée d’appartenance sans que cela soit, de quelque manière, célébré ni même, oserait-on dire, signalé. Certains parmi nous l’ont admis, d’autres l’ont regretté, d’autres enfin en furent choqués.



Et pourtant, à tout bien considérer, n’était ce pas là le bon réglage qu’il convenait de donner à un événement qui, pourquoi le nier, sentimentalement nous affecte mais qui, en réalité, s’imposait à nous depuis qu’il avait été décidé, en 2010, de retirer à chacune des armées l’essentiel de sa fonction administrative propre. En outre, plutôt que de se complaire dans les retours sur image, n’était-il pas plus judicieux de mobiliser toutes les énergies vers la mise en ordre de marche du nouveau corps interarmées. Avec toute la modestie qu’impose l’éloignement des affaires, je pense que ce temps particulier, sinon difficile, a été bien géré.

Ce n’est cependant pas céder à la complaisance nostalgique que de s’arrêter un temps pour saluer l’armée de l’air et considérer tout ce que nous, ex-commissaires de l’air, lui devons. Contraint par la forme de ce simple billet, on ne citera que :
          +   ce système de formation initiale, à nul autre pareil, qui savait à la perfection forger notre identité « commissariale » tout en préparant notre indéfectible attachement à l’armée que nous avions choisi de servir ;
          +   le parcours qui nous était offert et qui, au contact de nos chefs et de nos camarades des autres corps, nous a tant enrichis d’une culture air qui marie si bien rigueur professionnelle et enthousiasme dans l’action ;
          +   la confiance qui généralement nous fut accordée par les gens de l’air et qui nous conduisait à toujours rechercher les manières d’être et de faire qui la justifiaient ;
          +   la façon qu’a eu ce métier de structurer notre vie en lui donnant son style, ses images, ses souvenirs et jusqu’au ressenti que nous avons de nous-mêmes ;

Bref, cet ensemble complexe sur lequel s’accordent les commissaires de toutes générations lorsqu’il s’agit de convenir qu’ils étaient bien dans l’armée de l’air.

Cette richesse s’est bâtie au cours de sept décennies de vie commune. Il n’est nulle raison qu’elle se perde ; à charge simplement aux commissaires des armées ayant reçu leur formation spécifique au sein de l’armée de l’air et, par ce fait, appelés à y servir à plusieurs reprises, de l’entretenir et de la faire prospérer.

Nul doute qu’ils réussiront dans cette entreprise. Nul doute que l’armée de l’air saura, dans le droit fil de ce qui se démontra jusqu’à ce jour, leur réserver le meilleur accueil et leur offrir toutes les raisons de la servir avec foi, détermination et bonheur.

                                                Commissaire général (2S) Hervé de Laage de Meux

(remerciements à l'AEA et à la revue Le Piège)