Pour la rentrée en deuxième année, les élèves, désormais sous-lieutenant, connaissaient les règles du jeu, les lieux (sauf de 1953 à 1972, où la seconde année se déroulait à Aix-en-Provence), les cadres, bref le mode de (sur)vie.
Ils allaient aussi retrouver leurs camarades PN, mécaniciens et basiers de la promotion EA (enfin, surtout ceux de leur brigade) avec lesquels ils allaient vivre la remise du poignard aux commissaires aspi de première année, le parcours évasion, le second séjour de ski à Ancelle et le grand voyage de fin d’année.
La rentrée en première année, c’était une toute autre affaire. Comme le disait si bien Baden-Powell, sans jamais avoir été à Salon-de-Provence: « Une difficulté n'en est plus une, à partir du moment où vous en souriez, où vous l'affrontez ». Si l’on en juge par les nombreux écrits portant sur cette première (r)entrée à l’ECA, les nouveaux élèves ont peut-être peu souri mais ont su affronter les difficultés.
Déjà en 1953, un élève de la première promo de recrutement direct - futur général, mais il ne le savait pas encore - écrivait : « Quelques heures après notre arrivée, nous pûmes constater que c'était effectivement dur. Encore revêtus de la tenue bourgeoise, nous parcourions la place d'armes en ordre serré et en cadence. La marche était une allure prohibée. L’école avait une activité en apparence incohérente. »En 1956, un autre élève - futur général, mais… etc. - écrivait : « Heureux d’arriver à l’Ecole de l’air, mais nous étions cependant inquiets. Pour nous, Salon, c’était l’inconnu… Les mieux informés savaient que c’était une école militaire prestigieuse. »
Car le premier contact ne se faisait pas avec du bleu mais avec du vert, comme l’écrit un élève en 1965- lui aussi futur général… : « Je découvris des jeunes gens en treillis vert, bien loin de ce que je m’étais imaginé des officiers de l’Armée de l’Air. Ils allaient devenir mes compagnons de route durant …trois mois. »
Leur aurait-on caché quelque chose ? Un vague pressentiment, ressenti par cet élève – futur…etc. : « Lorsque le 11 septembre 1963, les neuf élèves commissaires formant la 11° promotion de l'Ecole du commissariat de l'air sont arrivés, qui à la gare de Salon, qui au poste de police de la base, les étudiants qu'ils étaient encore la veille se sont demandé dans quel univers ils s'étaient fourvoyés ... ».En 1982, une élève (oui, depuis 1977, l’école accueille des élèves féminins) écrit, avec des mots choisis : « Le lundi 6 septembre 1982, chaque lauréat, encore tout heureux de sa réussite, arrive à la base aérienne 701 et découvre avec stupéfaction, dès ses premiers pas, un monde différent, à la logique particulière. »
Après la période verte, s’ouvre (enfin) la période bleue avec les cours à l’ECA, son directeur, ses cadres et sa merveilleuse secrétaire.
1964, 1978, 1992 |
Terminons sur une note positive du commissaire général (2S) Jean-Louis Barbaroux (ECA 56) : « Oh, bien sûr, nous en avons bavé pendant cette période, mais on peut reconnaitre a posteriori qu’elle a transformé rapidement une bande disparate d’individus en une équipe soudée et endurcie dont la cohésion nous a permis de survivre. A noter que la masse de la brigade a diminué d’une bonne trentaine de kilos pendant cette période… »