mercredi 3 avril 2024

CR2 Sofian juriste et opérationnel

Commissaire d’ancrage Air (OSC 2020) et affecté en tant qu’officier traitant au Bureau des Affaires Juridiques de l’état-major de l’Armée de l’air et de l’espace, le CR2* Sofian a eu l’occasion d’être déployé à deux reprises entre la fin de l’année 2023 (exercice CITADEL BONUS 2023) et le début de l’année 2024 (exercice COPE NORTH 2024).

CITADEL BONUS 2023

Principale opportunité d'entraînement collectif pour le Corps de réaction rapide - France (CRR-FR) dans sa transition vers un Warfighting Corp (WFC), l'exercice CITADEL BONUS 2023 (CIBO 23) s’est déroulé au Joint Force Training Centre (JFTC) à Bydgoszcz (Pologne) du 22 novembre au 9 décembre 2023.

CIBO 23 a été conçu comme un Battle Staff Training (BST), donnant au CRR-FR l'occasion de s'entraîner et de mettre en œuvre des Standards Operating Procedures (SOP) ainsi que des Statements Of Interest (SOI) nouvellement développés en s’exerçant à un engagement majeur, en coalition et contre un adversaire en capacité de contester la supériorité aérienne.

La simulation comprenait à ce titre un déploiement terrestre de niveau division simulé par ordinateur, sous le commandement du WFC, ainsi que des troupes commandées par le Multi Corps Land Component Command Concept (MC-LCC) de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).


CIBO 23 était aussi l’occasion pour le CRR-FR de déployer pour la première fois un Joint Air Ground Integration Center (JAGIC), armé par du personnel de l’armée de terre ainsi que des aviateurs, et destiné à organiser l’espace aérien qui lui était attribué, traiter des dossiers de ciblage planifiés et des cibles en opportunité.

Je fus initialement envoyé en phase de planification auprès du CRR-FR afin de déterminer le rôle du LEGAD AIR dans la chaîne de décision qui allait impliquer des moyens aériens puis, en phase de conduite, directement en tant que renfort AIR, sous le commandement d’un LEGAD senior.

J’ai eu en outre l’opportunité de servir aussi en tant que Gender Advisor *(GENAD), une fonction qui m’était initialement inconnue, que j’ai été autorisé à modeler pour lui permettre de coller le plus possible aux besoins de la Force et qui m’a surtout offert l’opportunité de briefer chaque matin le général commandant le CRR-FR.

Ce premier exercice en tant que LEGAD m’a permis de confirmer mes connaissances en droit opérationnel et droit du milieu, d’approfondir ma maîtrise des processus de l’OTAN et m’acculturer auprès de mes camarades de l’armée de Terre dont je garderai un souvenir affectueux, malgré le froid et l’overdose de choux bouilli.

COPE NORTH 2024

L’exercice COPE NORTH 2024 s’est déroulé tout au long du mois de février 2024 sur l’île américaine de Guam, au nord de la fosse des Mariannes. Cet exercice, initialement trilatéral entre les Etats-Unis, l’Australie et le Japon, a vu pour la seconde fois la participation de la France aux côté d’autres nations cordialement invitées par la nation hôte.

Mon rôle, en tant que commissaire d’exercice (CREEX), fut d’abord de planifier le déploiement du détachement français. Mon travail a ainsi débuté plusieurs mois en amont de l’exercice en lui-même (LIVEX).

Sous la direction de l’Officier Projet Exercice (OPR), en lien étroit avec le Correspondant logistique (CORLOG), la Direction des Affaires Juridiques opérationnelles (DAJO) du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA) et avec l’appui et l’expertise essentiels de l’Adjoint Finance de l’Exercice, j’étais responsable du soutien commun - c’est-à-dire le Real Life Support (RLS) - englobant principalement le logement, la nourriture, la blanchisserie et le transport du détachement français.

Pour ce faire, j’étais chargé de l’établissement du budget prévisionnel, de la négociation auprès des prestataires de service sur place ainsi que de l’étude et de la négociation du cadre juridique auprès des partenaires étatiques.

En complément du travail de bureau à Paris, j’ai ainsi assisté à trois réunions préparatoires à Tokyo et à Guam et fut envoyé en précurseur une semaine avant l’arrivée du reste du détachement.

En vol, l'auteur et son adjointe
Un déploiement dans ce cadre à Guam, île paradisiaque s’il en est, est et reste un défi logistique pour l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE). L’éloignement de l’île du territoire français (près de 4500 km de Nouméa et 8000 km de Papeete), la variété des cultures militaire et juridique des acteurs impliqués dans l’exercice ainsi que le dispositif d’une envergure inédite déployé par la France appelaient à la plus grande rigueur dans la planification de l’exercice afin de circonscrire le plus possible les éventuelles problématiques rencontrées au cours de la conduite de l’exercice au champ du « unknown unknowns ».

La phase de planification achevée, près de 70 aviateurs et un renfort du Service de l’Energie Opérationnelle (SEO) ainsi qu’un A400M et un CASA des Forces Armées de Polynésie française (FAPF) ont été déployés sur la base d’Andersen avec comme objectif principal l’aguerrissement aux opérations de type Agile Combat Employment (ACE) en s’adossant sur un scénario planifié.

Le LIVEX s’est déroulé sans encombre. En collaboration avec l’Adjoint Finance et l’OPR, nous avons pu nous adapter aux aléas et contre-ordres inhérents aux activités opérationnelles tout en maintenant une relation de confiance avec les prestataires ainsi qu’une gestion judicieuse du budget.

Je ramène de cet exercice, le deuxième auquel il m’a été permis de participer en tant que CREEX, de nouveaux camarades, un vol de près de deux heures en C130J américain au-dessus d’un océan bigarré et une expérience unique dans un endroit chamarré et hors du temps, sans cesse survolé par des B-52 fumants.


* Commissaire de 2è classe (lieutenant)

** Les opérations militaires peuvent avoir un impact plus important sur certains types de populations qui étaient déjà en situation de vulnérabilité avant le début du conflit ou  que le conflit en lui-même aurait rendues vulnérables. Des populations précarisées peuvent en outre impliquer des risques accrus pour la Force, soit parce qu’elles lui seraient devenues hostiles, soit parce que les moyens humains et matériels nécessaires à leur soutien viendraient peser trop durement sur les opérations à l’avant. 

Sur le terrain, le Gender Advisor propose donc au commandement des orientations destinées à prévenir le plus possible ces éventualités, en lien avec les conseillers culture et politique de l’OTAN ainsi que le G9 (Civil-Military Cooperation, CIMIC), en application de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des nations unies et de la doctrine de l’OTAN.

Photos AAE,CRR-Fr Amaury, DR