jeudi 15 décembre 2022

Commissaire de l’air : dans la chaîne des aviateurs

Si tous les gars du monde...

Le commissaire colonel Pivel est décédé le 9 septembre 2021. Nous avons retrouvé un article d’Air Actualité publié en mai 1978, citant le commissaire Pivel (alors capitaine), un des acteurs dans une EVASAN urgente effectuée de nuit par un avion du GAEL (Groupe Aérien d'Entraînement et Liaison).

"A minuit et demi, le Centre antipoison de Paris reçoit un appel téléphonique de l'institut Gailly à Charleroi (Belgique): « un homme de cinquante-deux ans s'est fait piquer il y a un quart d'heure par un cobra, en faisant manger ses serpents. Son état s'aggrave de minute en minute ... »

Le Centre anti-poison contacte aussitôt l'institut Pasteur auquel il demande le sérum anti-cobra et appelle l'équipe S.A.M.U. de l'hôpital Necker pour organiser les secours.

A 1 h du matin, le capitaine Boisselet, officier de Permanence Opérationnelle à Villacoublay, est réveillé par l'appel de l'équipe S.A.M.U : celle-ci demande le transport par avion de deux ampoules de sérum anti-cobra sur Charleroi. Les délais sont une question de vie ou de mort.

Les équipages sont en alerte à 3 heures à domicile ... Tout doit se passer vite, très très vite. Le capitaine Boisselet déclenche immédiatement le ramassage des deux pilotes et réveille l'adjudant Pauchet pour la mise en oeuvre de la mission. Il en réfère alors à la 2ème Région aérienne, dont le permanent, le capitaine Pivel, commissaire de l'Air, assume la responsabilité de donner le feu vert – régularisation ensuite.

II est 1 h 10. Le pilote commandant de bord a le téléphone, aussi est-il prévenu et sera-t-il prêt à embarquer dès l'arrivée à son domicile de la voiture de ramassage.

A 1 h 50, l'équipage du Morane Paris de l'escadron « Rambouillet» est là, plongé dans sa documentation aéronautique. Rien n'est gagné: l'aéroport de Charleroi est fermé à cette heure; tout est tenté pour faire ouvrir le terrain ; et pour ce faire la tornade de coups de téléphone dure toujours à la Permanence Opérationnelle de Villacoublay. Il a été convenu avec les organismes de contrôle de la circulation aérienne d'Orly et. de Bruxelles que le plan de vol était déposé pour Bruxelles en destination, avec Charleroi pour déroutement.

A 2 h 28, l'avion quitte le sol de Villacoublay. Comme il y a peu de monde en l'air à cette heure, « Orly départ» déroge aux procédures habituelles et fait prendre à l'avion la route directe sur Silly, point d'entrée de la région de Bruxelles, situé près de Charleroi.

Entre-temps, le téléphone a permis de réveiller un employé de l'aéroport de Charleroi. Celui-ci n'est pas en mesure d'assurer la fonction de contrôleur d'aérodrome mais a su allumer le balisage de piste et a transmis vent au sol et visibilité par téléphone au contrôle de la circulation aérienne de Bruxelles.[…]

A 3 h 08, l'avion se pose. Les gendarmes belges prennent le relais; le blessé reçoit l'injection de sérum anti-cobra à 3 h 43. Il devra être amputé de la première phalange mais s'en portera fort bien et reprendra sa vie de forain avec ses serpents […]"

Daniel MALPHETTES (Armée de l'air/B.C.R.E.) mai 1978